Hasard malencontreux du calendrier ou coïncidence fâcheuse, la primaire du parti socialiste a lieu en période de soldes... Certes, il y a bien longtemps que le PS a soldé la gauche.
Quant à sa gôche, voyons voir...
H & M, donc Hamon et Montebourg développent parfois des idées qui ressemblent à un copier-coller du programme l'Avenir en commun ou qui semblent proches de celles de Mélenchon.
Comme d'habitude, le diable est dans les détails.
Par exemple, l'UE et le revenu minimum.
L'Union européenne de Montebourg :
Montebourg annonce qu'il renégociera les traités européens. Il veut même réviser le traité de Rome que Pierre Mendès-France avait critiqué avec lucidité. N'étant pas un frondeur, fût-ce au détriment de sa carrière, PMF avait voté au Parlement contre ce traité.
En 2012, Mélenchon et le Front de gauche étaient sur la même ligne politique que Montebourg en 2017, estimant que le poids de la France et la voix de la raison permettraient de convaincre les autres chefs des gouvernements des pays membres pour changer la ligne politique de l'UE.
Sauf que depuis 2012, après l'humiliation subie et acceptée par Tsipras et surtout la terrible poursuite des politiques austéritaires imposées au peuple grec, il y a lieu de sérieusement douter que l'UE change de l'intérieur. L'UE m'apparait comme une sorte d'URSS, une fédération de pays, toute aussi bureaucratique et rigide avec ses apparatchiks et sa nomenklatura ultra-privilégiés et ses peuples qui souffrent et qui sont méprisés.
Mais passons.
Si jamais les 26 autres pays de l'UE entendent poursuivre les politiques néolibérales et austéritaires, que fait-on CONCRÈTEMENT ?
On reste dans le carcan de l'UE ou on sort de l'UE pour mener une politique de gauche et pour construire une autre Europe ?
Mélenchon et une bonne partie de la gauche radicale européenne ont tiré la leçon de l'expérience Tsipras.
D'où le plan B qui figure dans L'avenir en commun.
L'existence du plan B ne signifie pas qu'il sera de facto mis en œuvre, mais sa présence constitue déjà un argument qui peut lourdement peser dans les négociations, surtout quand on représente un pays fondateur de l'UE et la deuxième puissance économique du continent européen.
Le plan B signifie aussi que l'éventuelle sortie de l'UE a été mûrement réfléchie et préparée en amont pour éviter toute hésitation et toute improvisation.
Le fait que Montebourg se prive de cette arme de négociation et de cette voie de sortie en cas d'échec des négociations prouve qu'il ne pourra pas mettre en œuvre une politique résolument sociale et écologique.
D'ailleurs, le souhaite-il vraiment ? Il y a de quoi douter puisqu'il n'a pas l'intention de supprimer l'ANI, le CICE, ou les lois Macron et El Khomri ! Il est même favorable au travail dominical...
Le revenu minimum de Hamon :
A l'origine, c'est une idée de gauche, imaginée par les tenants de la décroissance. Depuis, elle a été développée par Bernard Friot qui lui préfère employer l'expression de salaire à vie.
Depuis quelques temps, les néolibéraux se sont appropriés le revenu minimum pour détruire ce qu'il reste du modèle social.
Le revenu minimum des néolibéraux serait versé à tous quels que soient les revenus. Il serait d'un montant unique. En contrepartie, il se substituerait à l'ensemble des aides sociales et à la sécurité sociale (qui disparaitrait sous sa forme actuelle). Chacun toucherait une somme pour se soigner, se loger, inscrire ses enfants à l'école, etc.
Quant au revenu minimum de Hamon, il se substituerait aussi aux aides sociales, APL comprises... Son montant serait également unique : 600 euros !
Aussi, ce revenu minimum à la sauce Hamon représenterait une formidable régression sociale pour les classes populaires. A l'instar des néolibéraux, Hamon a totalement dévoyé cette idée émancipatrice quand on connait l'importance des APL pour les classes populaires.
Après de savants calculs, Hamon a décidé qu'il s’élèverait à 600 euros. Cette somme peut impressionner sauf qu'il déduire les APL et d'autres aides... Alors, il reste combien pour vivre ?
Aussi, il ne faut pas s'étonner du silence de la droite classique et du FN sur cette proposition de Hamon d'un revenu minimum qui inclut la protection sociale et dont le niveau se situe en-dessous du seuil de pauvreté et de tous les minimas sociaux !
CONCLUSION : H & M ont eux aussi soldé la gauche !