J'appelle mes frères, de Jonas Hassen Khemiri, au Poche, à Genève

Publié le 09 janvier 2017 par Francisrichard @francisrichard

Ce soir a lieu la première de J'appelle mes frères, au Poche, à Genève. C'est une pièce en onze tableaux, écrite par Jonas Hassen Khemiri, tunisien par son père, suédois par sa mère. Hormis une intro et un épilogue, elle comprend cinq scènes et quatre interludes.

Le présent est le temps d'après l'explosion d'une voiture, en plein centre de la ville. Amor (Julien Jacquérioz) était en boîte quand son ami Shavi (François Revaclier) a tenté de le joindre par téléphone pour le lui apprendre, en vain. Ce qui n'a pas laissé de l'inquiéter.

Amor appelle ses frères pour leur dire que cela va commencer, qu'il faut qu'ils se préparent à ce qui va s'ensuivre. Et la pièce, au fil des onze tableaux, est le récit de sa vie telle qu'elle était avant l'explosion, telle qu'elle est présentement et telle qu'elle sera dorénavant.

Amor et Shavi sont des amis. Ils sont comme des frères, ou presque. Amor était le bon élève, Shavi était celui qui prenait la vie avec légèreté. C'est pourquoi Amor, qui donnait à ses amis des surnoms d'après les éléments, l'avait surnommé Hélium...

Amor reçoit aussi un appel de sa cousine Ahlem (Rébecca Balestra), qui le prévient que le temps de l'épreuve approche. Elle appelle depuis leur autre patrie. Ensemble ils se remémorent le temps d'avant, quand elle était la terreur du quartier...

Amor se promène dans la rue. Il est suivi par un filateur (Charlotte Dumartherey) qui rapporte tous ses faits et gestes. Le seul fait d'être celui qu'il est le rend déjà suspect. Quoi qu'il fasse. Même si son comportement est tout ce qu'il y a de plus normal.

Amor appelle au téléphone Valéria (Céline Niddeger). Il en est toujours amoureux, alors qu'elle n'a que de l'amitié pour lui. Il est capable de tout pour elle et le lui prouve en accomplissant pour elle un acte insensé, ne croyant toujours pas qu'il ne se passera jamais rien entre eux...

Les scènes suivantes permettent de mieux connaître encore Amor et les tourments que lui valent ses deux patries, scandinave et arabe. Les interludes, où les autres comédiens font figure de choeur antique, ponctuent l'évolution de ses états d'âme.

D'abord il envisage de faire profil bas, puis d'être simplement anonyme (mais pas trop), puis, au contraire, de ne pas se cacher et de défendre le droit des idiots à être des idiots, enfin d'aller jusqu'à revendiquer la voiture, les explosions...

En dépit de la gravité du sujet, J'appelle mes frères est une pièce pleine d'humour, où le public rit de bon coeur, à de nombreuses occasions. C'est ce qui permet subtilement de faire mieux comprendre les souffrances de l'autre, stigmatisé pour ce qu'il est et non pour ce qu'il fait...

J'appelle mes frères fait partie du même Sloop 3 que Les Morb(y)des. Cette fois cinq des six comédiens du collectif y jouent un ou plusieurs rôles. La mise en scène est signée par Michèle Pralong. Les quatre pièces maintenant ont été montées à bord de l'embarcation...

Et une intégrale, véritable prouesse artistique, sera jouée le dimanche 29 janvier prochain, dès 15 heures, avec la dernière de J'appelle mes frères...

Francis Richard

Prochaines représentations:

  • ma 10.01 _20h00
  • me 11.01 _19h00
  • je 12.01 _19h00
  • sa 14.01 _19h00
  • di 15.01 _17h00
  • lu 16.01 _19h00
  • ma 17.01 _20h00
  • me 18.01 _19h00
  • je 19.01 _19h00
  • sa 21.01 _19h00
  • lu 23.01 _19h00
  • ma 24.01 _20h00
  • me 25.01 _19h00
  • je 26.01 _19h00
  • sa 28.01 _19h00
  • di 29.01 _15h00

Lieu:

POCHE/GVE

Rue du Cheval-Blanc 7, 1204 Genève

Tél.: 022 310 37 59

http://poche---gve.ch/info-billetterie_/