Voici donc le nouvel de Peter Doherty. Pour une fois que le musicien anglais ne défraye pas la chronique pour ses frasques diverses, cela vaut le coup que l’on s’attarde un peu sur l’essentiel : sa musique.
Après un premier LP solo publié en 2009 (Grace / Wasteland) qui était très réussi, les Babyshambles ont sorti en 2013 une digne suite à leur second album. Suite à cela, Peter Doherty a de nouveau fait parler de lui, en reformant avec son acolyte historique Carl Barat les Libertines, une décennie après leur rupture. Un retour gagnant.
Alors que vaut ce deuxième effort solo de la part du poète d’Albion ?
Force est en tout cas de constater que le talent de Peter Doherty est toujours intact. Cet album, qui aurait dû, selon les dires de son auteur, sortir il y a 3 ans comme des démos acoustiques, est une réussite. L’album regroupe en effet des titres écrits pour certains il y a déjà quelques années. Quoi qu’il en soit, le charme du songwritting du fondateur des Libertines opère toujours. Son chant n’a pas tellement changé et sa voix est toujours traînante, parfois approximative, mais toujours singulièrement séduisante. L’album ressemble par moments à un « joyeux bordel » où tous les morceaux n’ont pas nécessairement leur place : on s’interrogera notamment sur la pertinence d’y faire figurer deux versions de « I Don’t Love Anyone ».
La chanson « Hell To Pay At The Gates Of Heaven » qui a été écrite suite aux attentats du 13 novembre 2015 a valu à son auteur quelques regrets, trouvant finalement l’arrangement trop country : sans doute l’aurait-il préférée plus énervée, à la manière d’une protest song des Clash. Il est vrai que le contraste entre le côté enjoué et presque joyeux des arrangements contraste quelque peu avec le sujet des paroles de ce titre. Il s’agit néanmoins d’une composition simple et efficace, et probablement l’une des meilleures du disque.
Peter rend un touchant hommage à Amy Winehouse sur l’ouverture « Kolly Kibber », un des autres sommets de l’album. Autre morceau coup de cœur pour ma part : « Down For The Outing », qui m’évoque un peu Fluorescent Adolescent d’Arctic Monkeys. En contrepartie, certains titres apparaissent comme presque anecdotiques (« Flags From The Old Regime », « Spy In The House »).
Finalement, avec « Hamburg Demonstration », Peter Doherty nous livre donc un album qui certes semble parfois un peu brouillon, un peu fourre-tout, de qualité inégale, mais d’un charme indéniable, et il le fait avec spontanéité, talent et sincérité. Et cela n’arrive pas tous les jours.