« Ma chérie », « Mon chéri » se déclinent en une multitude de synonymes. Beaucoup d’entre nous utilisons ces mots tendres, mais savons-nous que « tous », nous le faisons, des plus grands hommes de pouvoir au plus humble et depuis longtemps ?
Claude Duneton, grand spécialiste des expressions (qui nous a quittés en 2012), qui fut l’invité du « Jeu des Dictionnaires » et chroniqueur au Figaro Littéraire, avait fait de charmantes recherches au sujet de ces « mots-caresses » (un néologisme invité par Marie Treps).
Bien sûr, il y a les animaux à plumes, à duvets : ma poule, ma poulette, mon poussin, ma caille, ma colombe, ma tourterelle… Au 13e siècle, on trouve déjà la poule dans ces mots-caresses !
Ensuite, les animaux à fourrure, à pelage doux : mon agneau, mon loup, ma chatte, mon chaton, mon lapin, ma biche…
Quelques insectes, dont ma puce, ma libellule… A la fin du 18e siècle, Anne-Marie Madeleine de la Tour du Pin, femme cultivée et intéressée par la littérature, disait à son ami Voltaire « mon papillon philosophe !».
Quelques objets aussi ont les faveurs des amoureux : mon bouchon.
Cependant celui qui semble revenir le plus souvent est « mon chou ». Dans l’Histoire, on découvre Marie-Antoinette le disant au futur Louis XVIII.
Le chou serait entré dans ce vocabulaire tendre lors de l’apparition vers 1750 du chou à la crème. Mais la pâte à choux remonte au siècle précédent. Le pâtissier italien Pantanelli en serait l’inventeur. Il faisait partie de la suite de la reine Catherine de Médicis. Elle fut perfectionnée par Avice, le pâtissier de Talleyrand, et par le célèbre Antonin Carême au début du 19e siècle.
De nos jours, des « Maisons du Chou » s’ouvrent, comme celle de Manuel Martinez, située sur la magnifique place de Furstenberg à Paris, qui remplit ses choux sous vos yeux.
Retenons de tout cela que la langue française recèle des mots pour toutes les occasions ; celle de la tendresse doit garder une place privilégiée dans notre vocabulaire.