Que s’est’il passé dans le ciel de Rochefort le 7 janvier 2017 dans la nuit de vendredi a samedi ? Voilà le type de question que nous nous posons à chaque fois que nos stations de détection enregistrent un phénomène inhabituel. Dans la très grande majorité des cas, chaque enregistrement consiste en une vidéo de quelques secondes seulement. Mais cette fois, l’un des enregistrements pesait lourd (>1 gigaoctets). Une vidéo dont la durée excédait la minute avait été enregistrée, ce qui attira notre attention.
Voici l’enregistrement en question :
Si la vidéo ne s’affiche pas, veuillez vérifier si vos plugins sont bien à jour.
Halte au sensationnel
Telle quelle, il est fort probable que cette vidéo, associée à un titre racoleur, serait largement partagée dans le milieu ufologique, sur internet et sur les réseaux sociaux, et serait considérée par certains comme étant une preuve irréfutable de la présence cette nuit là d’un phénomène exotique dans le ciel de Rochefort. Il est également probable que cet enregistrement serait lié à un précédent cas : le cas de Washington DC en 1952.
Seulement voilà, ce serait aller un peu vite. Heureusement, toutes les personnes qui œuvrent dans ce milieu ne sont pas à la recherche de simples “trophées”, et cherchent à comprendre plutôt qu’à faire les gros titres. Mais il en faut parfois peu pour qu’un cas d’observation, ou qu’un enregistrement visuellement impressionnant, devienne quelque chose de sensationnel aux yeux de beaucoup jusqu’à devenir un cas de référence sur du long terme, bien qu’une explication plus terre à terre soit possible.
Si vous connaissez l’association UFO-Science, vous savez que nous nous intéressons aux médias, que ce soit des photographies ou des vidéos, uniquement quand ceux-ci ont été réalisés avec un réseaux de diffraction devant l’objectif. Nos caméras en sont toutes équipées, et si nous publions un article aujourd’hui sur un cas particulier, c’est que l’outil a eu son utilité.
Vous ne savez pas ce qu’est un réseau de diffraction ? Rappel
Un réseau de diffraction est un petit équipement qui se place devant l’objectif de votre appareil photo ou vidéo. Celles que nous distribuons se présentent sous la forme d’une diapositive. Elle va décomposer la lumière du phénomène que vous photographiez et produire un spectre.
En analysant ensuite le spectre, il est possible de connaitre certaines caractéristiques de la source lumineuse :
- ses principaux constituants chimiques
- sa température
- détecter la présence d’un champ magnétique.
Un spectre, ou une série de spectres, est donc une mine d’informations.
Nous vous présentons ici une première analyse, basées sur le déplacement des sources lumineuses sur l’enregistrement effectué par cette station de détection, sur les données météorologiques locales, et sur les données spectrales extraites de la vidéo. Cet article est susceptible d’évoluer si de nouvelles données devaient se présenter.
Estimation de la trajectoire
Notre station de détection située à Rochefort est équipée d’une caméra avec un objectif fisheye 180°. Elle est fixe; son orientation est inchangée depuis son installation. Une Mire a été mise en place pour matérialiser les points cardinaux; il est donc facile d’estimer la trajectoire de ces points lumineux.
Ces derniers se déplacent manifestement suivant une trajectoire Est -> Sud Ouest.
Difficile ici d’estimer l’altitude à laquelle se trouve les sources lumineuses. En effet, il ne semble pas y avoir de de point de référence disponible, à la différence de l’enregistrement effectué le 27 avril 2015.
Données météorologiques METAR
Les METAR (METeorological Aerodrome Report) sont des rapports d’observation mis à jour régulièrement. On y trouve de nombreuses informations : date, heure, vent, visibilité, nuages, température… Dans notre cas, il nous a paru intéressant de connaitre la direction du vent pour le jour, l’heure et le lieu concerné. Voici un extrait des données METAR relevées :
A 1h00 du matin, on note un ciel dégagé avec un vent de 14,8 km/h en provenance du Nord-Est. Une direction proche de celle estimée via l’enregistrement de notre caméra. Ces phénomènes, ou ces objets, seraient-ils portés par le vent ?
Analyse spectrale
L’extraction du spectre ne laisse pas apparaître de raies d’absorption ou d’émission notables. Nous sommes ici en présence de ce qui semblerait être un spectre dit “continu”.
Une information à ne pas négliger. En effet, la présence de raies dans un spectre est importante, autant que leur absence. Certaines sources émettent de la lumière dans des couleurs précises appelées “raies”. Leur position dans le spectre est caractéristique de la nature chimique de la matière dont est faite la source, des conditions physiques d’émission de la lumière, ou bien encore des événements qui surviennent lors du trajet des rayons lumineux jusqu’à l’observateur. La position des raies dans le spectre est une véritable trace digitale de la composition chimique de la source lumineuse (plus d’informations ici).
Un spectre continu est notamment caractéristique d’une source incandescente, d’une flamme.
Premières conclusions
Ces premières données permettent de supposer que les points lumineux enregistrés le samedi 7 janviers 2017 à 1h00 du matin pourraient bien être des lanternes thaïlandaises : de petits ballons en papier à air chaud, équipés d’un brûleur en papier de cire. Ces objets sont souvent lâchés en grand nombre lors d’événements festifs et suivent la direction des vents.
Or, durant notre analyse de données, nous avons noté que :
- Le spectre extrait de la vidéo, qui correspond à celui des sources lumineuses en question, est caractéristique d’une source incandescente.
- leur déplacement semble suivre la direction du vent.
Un appel à témoin s’impose afin de savoir si un lâché de lanternes thaïlandaises a bien eu lieu cette nuit là dans les environs de Rochefort.
Et ensuite…?
Voici le type d’analyse que nous souhaiterions voir se généraliser dans le milieu ufologique. Beaucoup connaissent les réseaux de diffraction mais peu s’en servent. Parmi ceux qui connaissent ces outils, et admettent leur utilité, peu en font mention en public ou lors de discussions, peu invitent le public à les utiliser. Pourtant, les réseaux de diffraction seraient d’une grande aide.
Pourquoi se contenter de mener des enquêtes avec pour seule base un témoignage, alors qu’il existe un outil bon marché qui permettrait d’identifier en quelques minutes ce que le témoin a pu observer ?
Comme dans une enquête criminelle, Il faut chercher des traces, des éléments qui puissent apporter de la matière au témoignage, qui puisse mener à un ou plusieurs coupables potentiels. Une photographie ou une vidéo sans spectre n’a aucun intérêt; il n’apporte rien ou pas grand chose. Par contre, un spectre s’apparente à une trace digitale, qui permet d’identifier par la suite l’objet ou le phénomène observé par le témoin.
Les réseaux de diffraction sont indispensables aux enquêtes effectuées dans le milieu ufologique. Un spectre seul ne constitue pas une preuve, mais c’est un élément de réponse dont on ne peut se passer. Posséder un réseau de diffraction et savoir s’en servir doit donc devenir un pré requis indispensable lors de la réalisation de clichés photographiques et de vidéos d’Ovnis, ou de Pans.
Pour vous en procurer, cliquez ici.