Avant de parler du reggae tel qu'on peut l'entendre en 2008, je crois qu'il faut revenir sur ce qu'est le reggae. Les plus grands artisans du reggae sont les Wailers, avec en tête Peter Tosh et Bob Marley. Ce dernier, tout le monde le connaît, mais Peter Tosh est le plus important, musicalement parlant. Et puis c'est lui qui a appris à jouer de la guitare à Bob Marley, et il était rastafari bien avant lui. Complètement à la ramasse le Marley ! En ce qui concerne les origines du reggae... Tout ceux qui ont participé à sa création ont une version différente
D'abord serait venu le calypso créé par les esclaves africains qu'on a fait venir dans les Caraïbes dans les années 1910 et 1920 pour les faire trimer (je dis 'on' parce que c'était en particulier la France) et qui, n'étant pas autorisé à parler, communiquer grâce à la musique. Le morceau le plus connu de calypso est sans conteste "Banana Boat Song", reprise par Harry Belafonte dans son album Calypso en 1956 (le premier enregistrement de calypso date de 1912!).
Vendu à plus d'1 million d'exemplaires à l'époque quand même. Le calypso aurait évolué en ska, qui est le style se rapprochant le plus du reggae, à la fin des années 50 grâce à des artistes jamaïquains reprenant à leur sauce les tubes r'n'b et rock'n'roll qu'ils entendaient à la radio (Fats Domino et Little Richard avec son "Tutti Frutti", wap babedouba belababa, etc). Le ska va vite exploser en Jamaïque, puis au Royaume-Unis et aux Etats-Unis. La musique ska se caractérise par le fait que le rythme est donné en majeure partie par les cuivres et non pas par la batterie. L'autre particularité du ska, c'est ce contretemps typique des musiques antillaises et du r'n'b. Le mieux c'est d'écouter les pionniers, les Skatalites, avec "Addis Abba".
Je crois qu'il n'y a rien de plus festif que le ska ! Après le ska et juste avant le reggae est arrivé le rocksteady (le nom de ce style me plaît particulièrement). Moins énergique et dansant que le ska, le rocksteady était joué par des ensembles vocaux jamaïcains comme les Maytals. Le rocksteady a si vite était transformé en reggae que je ne vais pas trop en parler pour passer tout de suite aux Wailers.
« Après l'abolition de l'esclavage
Ils ont créé la colonisation
Lorsque l'on a trouvé la solution,
Ils ont créé la coopération
Comme on dénonce cette situation.
Ils ont créé la mondialisation.
Et sans expliquer la mondialisation,
C'est Babylone qui nous exploite » ("Y'en A Marre")
Tiken Jah Fakoly critique aussi la main-mise des pays occidentaux sur les pays africains comme le Gabon ou le Congo, ainsi que les dirigeants politiques de ces pays qui se laissent manipuler par les lobbys occidentaux et notamment les lobbys français. Il est proche du peuple et de leurs problèmes, et pas seulement du peuple africain, ce qui fait de lui un des artistes les plus écoutés en Afrique et en Europe. Le Sénégal l'a déclaré persona non grata sur son territoire suite à des déclarations jugées « fracassantes, insolentes et discourtoises » qu’il a tenues sur la situation politique du pays. Il a reçu de nombreuses menaces de morts et vit exilé au Mali. Un vrai héros reggae j'vous dis ! Il a reçu une Victoire de la Musique en 2003 pour l'album Françafrique (2002).
Voici "Africain à Paris", reprise de la chanson "Englishman in New York" de Sting et parue sur l'album L'Africain (2007), "Plus Rien Ne M'Etonne", extrait de l'album Coup de Gueule (2004), "Y'en A Marre" et "Françafrique" sur l'album du même nom.
Tiken Jah Fakoly est en tournée (allez sur tikenjah.net voir s'il passe près de chez vous) et sera au festival Solidays le dimanche 6 juillet (il y a Toots and The Maytals, Richie Havens, IAM, Richie Havens, Foals et Ting Tings le même jour!) et au festival des Fracofolies le samedi 12 juillet, et je crois que son concert sera retransmis sur France Inter.