Billet paru initialement le 26.01.2011
Pour occuper votre dimanche, je vous propose de revenir sur un billet paru il y a six ans et qui s’inscrit encore bien dans l’actualité du moment : j’y commentais le résultat d’un sondage IFOP sur les Français, assez peu enthousiastes devant le capitalisme. Six années plus tard, les remarques du billet tiennent encore la route. Ce qui était alors tendances esquissées se sont, depuis, affirmées : à l’orée d’une élection présidentielle qu’on soupçonne déjà déplorable, la lutte contre le capitalisme bat son plein en France. À vous de juger.
Le capitalisme, c’est cette engeance, cette manie humaine lamentable, cette pluie qui provoque la sécheresse partout où elle ne tombe pas. Et en Fraônce, on l’a bien compris puisqu’un tiers du peuple, consulté par un de ces sondages dont l’Ifop a le secret, se déclare favorable à l’abandon pur et simple du capitalisme.
Le plus drôle, c’est que nos amis Chinois, qui sortent lentement et péniblement de plusieurs décennies dans l’alternative concrète au capitalisme, le communisme, avec toutes les options (jantes alliages, pot chromé, laogaïs, répression, torture et petits fours), se disent, eux, parfaitement contents, à 97%, de ce fichu et vilain capitalisme qui ne fait rien qu’à embêter ces Français dont on nous explique pourtant qu’ils forment le phare de la pensée philosophique, de la culture et de la liberté d’expression.
On nous explique qu’en réalité, les pays émergents adorent le capitalisme là où les pays émergés le sentent nettement moins. Il faut dire qu’on aura tout fait pour accorder une place exemplaire aux doctrines libérales autant que capitalistes : ces mots sont devenus de véritables insultes en France, et sont caricaturés à tels points que plus aucun Français n’a une idée réelle des sens qu’ils recouvrent partout ailleurs dans le monde. Bastiat est inconnu, les Autrichiens honnis, et seule surnage une indignation générique roulée sous l’Hessel.
Moyennant quoi, au Brésil, en Chine, en Inde, le capitalisme file la patate et permet de sortir, concrètement, des millions de personnes de la pauvreté. Et dans le même temps, en Europe et en France tout particulièrement, c’est ce même capitalisme qui est décrié comme le responsable de la crise.
Le même ? Vraiment ?
Peut-on, de toute façon, comparer les économies de pays qui ont misé sur la production et la mondialisation avec celles qui ont tout sacrifié pour la construction d’un modèle social dont la survie ne tient que par la production industrielle de dettes ? Peut-on réellement comparer un pays comme la Chine où le poids de l’État dans le PIB se réduit tous les jours avec un pays comme la France où le poids de l’État dans le PIB est de plus en plus fort ?
En réalité, ce sondage permet de mesurer le décalage perçu par les populations entre les efforts qu’elles font et les richesses qu’elles récupèrent en retour. Pour parler économiquement, les sondés font simplement l’évaluation du retour sur investissement de leurs efforts, … et ils ne sont pas contents.
Et c’est parfaitement logique : pour ces derniers, le capitalisme se traduit effectivement par des gains concrets de niveau de vie. Les Chinois ont vu, voient et verront de plus en plus d’entre eux sortir de la misère, manger à leur faim et commencer, rêve de fou, à posséder des biens. Partant de très bas, l’augmentation est visible, palpable.
Pour les Français, le capitalisme ne se traduit plus par aucun gain, mais plutôt par une perte : Et là encore, c’est logique puisque tout bénéfice d’un effort individuel est immédiatement sucé par l’État pour faire fonctionner la machine bureaucratique, rembourser des dettes abyssales, sauver des banques qui sont culs et chemises avec les politiciens, ou financer des travaux grandiose aussi ridicules qu’inutiles.
Il suffit de voir le succès … flamboyant de l’Auto-Entrepreneur, invention magnifique qui aura permis de saboter l’esprit d’entreprendre chez un nombre grandissant de contribuables citoyens, en les assommant sans aucun scrupule de taxes et de kinder fiscaux dont le jouet d’un diamètre hors gabarit s’insère dans des orifices normalement pas conçus pour ça.
Chaque jour qui passe agrandit encore le divorce des Français avec le capitalisme tel qu’il est présenté, partout, sur les radios (subventionnées par l’État), dans la presse (subventionnée par l’État), sur les télévisions publiques (subventionnées par l’État) ou privées (dont les capitaux sont détenus par des grands amis de l’État) ; tout est fait pour qu’on réalise le vœu humide des soixante-huitards qui, après avoir réclamé une société différente, en ont rapidement pris les rênes et s’ingénient à accoupler la machine étatique avec tout ce qui peut, de près ou de loin, rapporter des thunes pour faire survivre leur modèle, … et après eux le déluge.
En présentant le capitalisme comme une putain dont l’unique but serait de servir d’autoroute aux désirs et lubies des politiciens, en favorisant l’idée que dans ce capitalisme, les profits doivent être personnels mais les pertes collectives, on a tout fait pour obérer l’avenir en ne proposant que l’unique choix : toujours plus d’État.
A présent, non seulement les Français ont un retour sur investissement minable, mais ils vont, maugréant, demander encore plus de cette « solution » qui plombe leurs résultats, grignote leurs bénéfices, et répartit la misère à grands moulinets oratoires.
Le capitalisme, c’est tout pourri ? Ça tombe bien : vous en aurez de moins en moins.
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