Ces scientifiques du Salk Institutes » craquent » la machinerie du VIH en identifiant la structure atomique d’une pièce maîtresse qui permet au virus de s’intégrer dans l’ADN de l’hôte humain puis de se reproduire dans le corps. La compréhension de ce mécanisme, un mécanisme clé de la résistance du VIH, connu sous le nom de » intasome » et révélé dans la revue Science, constitue une étape cruciale dans le développement de médicaments permettant de contrer l’évasion virale.
Le VIH est un virus intelligent et a appris à se soustraire même aux meilleurs médicaments, rappellent en préambule, les chercheurs du Salk, Dmitry Lyumkis and Dario Passos. À l’heure actuelle, une classe de médicaments antirétroviraux, les inhibiteurs de l’intégrase, approuvés en Europe et aux Etats-Unis, ciblent déjà l’intasome. Cependant leur mécanisme d’action précis reste encore mal connu tout comme la résistance du virus à ces médicaments. L’intasome du VIH reste extrêmement complexe à étudier au niveau atomique.
L’intasome du VIH est pièce clé de ma » machinerie » du virus : c’est via l’intasome que le VIH insère une copie d’ADN de son génome d’ARN dans l’ADN de l’hôte. L’intasome coupe et colle l’ADN viral en utilisant des enzymes appelées intégrases.
La cryo-ME révèle des spécificités enzymatiques: Ici, les scientifiques ont utilisé une technique d’imagerie de pointe appelée La cryo-microscopie électronique (cryo-ME) qui permet de visualiser de grandes molécules complexes et dynamiques. L’équipe a attaché une protéine spécifique pour améliorer la capacité de l’intasome à se dissoudre dans le glycérol, et ajouté du sodium pour l’empêcher de s’agglomérer. Par cryo-EM, les chercheurs identifient des spécificités dans les composantes enzymatiques qui effectuent la fonction d’intégration du virus. Des variations mineures mais qui peuvent expliquer les mécanismes de la résistance aux médicaments.
Ainsi, les intasomes du VIH apparaissent bien plus complexes que ceux d’autres rétrovirus. Ces travaux constatent que les intasomes du VIH ont beaucoup plus d’unités que ceux de rétrovirus plus simples. Cette complexité contribue d’ailleurs à expliquer comment l’évolution a façonné le VIH à partir de rétrovirus plus simples, qui sont considérablement plus petits mais utilisent en fait les mêmes agents enzymatiques. Les chercheurs suggèrent que l’introsome du VIH est ainsi capable de choisir entre plusieurs méthodes ou voies pour parvenir à l’intégration chez l’hôte.
Les recherches se poursuivent pour mieux identifier les structures clés et leur évolution jusqu’à l’intégration dans le génome de l’hôte et pouvoir suivre cette même évolution en réponse aux médicaments.
Source: Science 06 Jan 2017 DOI: 10.1126/science.aah5163Cryo-EM structures and atomic model of the HIV-1 strand transfer complex intasome(Visuel@Institut Salk)