C'est un arbre parisien de bord de Seine, un de ces arbres inaccessibles lorsque les véhicules motorisés avalaient les kilomètres ou serpentaient, grondaient, fumant dans le froid.
Un arbre placide. Rien d'érotique dans ce tronc pâle, épais, un tronc rassurant dans lequel joue la lumière. Les feuilles dorées de l'arbre voisin semblent le caresser. Frôlement ténu, timide, sur le puissant voisin.
Mais un œil regarde les promeneurs, sur la droite, un œil avec un air de dire " Passez votre chemin, il n'y a rien à voir ". Suspicion. À gauche de ce gardien du temple, une étrange concrétion, mi-vulve mi-coquillage : un deuxième œil dont l'iris noir scrute le ciel ? une fleur carnivore à la corolle dansante ? une oreille faunesque ?
Des lignes de fusain vigoureuses enserrent la créature, la sculptent, créent des ombres et du volume. À gauche comme une feuille dentelée ; à droite une courbe qui ondule à la recherche de la lumière.
Un arbre. C'est seulement le tronc d'un arbre parisien que personne ne regarde.
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