" Si j'ai désir de me contredire, je me contredirai sans scrupule : je ne chercherai pas la "cohérence". Mais n'affecterai pas l'incohérence non plus. Il y a par-delà la logique, une sorte de psychologie cachée qui m'importe, ici, davantage. " (André Gide, "Ainsi soit-il", 1952).
Il aura fallu neuf ans et demi pour ouvrir les yeux. Mieux vaut tard que jamais ? Pas sûr, car les retards économiques ont souvent des conséquences fatales... Il ne s'agit pas ici de faire l'apologie du quinquennat de Nicolas Sarkozy. D'une part, parce que Nicolas Sarkozy n'est plus candidat et semble ne plus être en mesure de revenir un jour dans la vie politique. D'autre part, parce que j'ai voté pour François Bayrou au premier tour tant en 2007 qu'en 2012 et que j'ai considéré que le discours sécuritaire du 30 juillet 2010 à Grenoble avait porté une grave coup à la cohésion nationale.
Pendant tout son quinquennat, Nicolas Sarkozy a été critiqué sur l'une des mesures qui a le plus contribué au maintien du pouvoir d'achat des personnes les plus fragiles depuis plusieurs décennies, à savoir la défiscalisation des heures supplémentaires, qui, il est vrai, était une manière de contourner sans trop le dire les 35 heures qui ont plombé l'économie française depuis le début des années 2000. Arrivant au pouvoir, par dogmatisme et antisarkozysme, François Hollande a immédiatement abrogé cette mesure, tout comme la hausse de la TVA qu'il s'est empressé, l'année suivante, de finalement augmenter (cohérence cohérence...).
Alors, évidemment, il fallait bien ouvrir ses oreilles quand on a entendu Jean-Claude Mailly, adhérent du Parti socialiste mais surtout secrétaire général de la puissante Force ouvrière depuis le 7 février 2004, répondre ce mardi 3 janvier 2017 aux questions de la (ravissante) journaliste Brigitte Boucher, présentatrice de l'émission "Politique matin" sur LCP.
Avec la CGT, Force ouvrière est l'un des syndicats les plus opposés aux politiques sociales des gouvernements depuis une quinzaine d'années, et en particulier, de la politique de Nicolas Sarkozy.
Qu'a-t-il confié modestement, Jean-Claude Mailly, en ce début d'année présidentielle ? Qu'en discutant avec des employés, il a découvert que la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires décidée par François Hollande en été 2012 leur a fait perdre plusieurs dizaines voire centaines d'euros par mois. Il ne s'en rend compte que dix ans plus tard ! Il n'a donc pas hésité à dire qu'il fallait discuter ...pour réintroduire cette défiscalisation au programme.
Cela tombait bien puisque quelques heures plus tard, à la Maison de la Chimie, Manuel Valls justement proposait de refaire la défiscalisation des heures supplémentaires alors que le gouvernement dont il était un éminent membre l'avait supprimée.
Dans ce jeu de dupes, François Hollande est évidemment allé bien plus loin le 23 décembre 2015 lorsqu'il a proposé la déchéance de nationalité, reprenant plus que le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, jusqu'au programme du Front national.
Autre sujet pour lequel Jean-Claude Mailly est très sensible (et on le comprend), c'était la sécurité sociale que François Fillon souhaite réformer. Le numéro un de FO a redit son souhait que la sécurité sociale soit financée surtout par les cotisations et pas par l'impôt, avouant qu'il était beaucoup plus difficile de supprimer une cotisation qu'un impôt. Je dis bien "avouer" car il a laissé entendre que les électeurs, le peuple souverain donc, et leurs représentants élus, les parlementaires, ne devraient pas se mêler du financement de la sécurité sociale qui serait censé rester du seul ressort des partenaires sociaux...
Alors que le budget de la sécurité sociale est presque aussi massif que celui de l'État, il est troublant d'imaginer que ces flux financiers n'émanent pas, avant tout, de la souveraineté populaire. Heureusement qu'en 1995, Alain Juppé ait quand même réussi à imposer qu'une loi sur le financement de la sécurité sociale soit discutée chaque année au Parlement !
On comprend donc bien pourquoi Jean-Claude Mailly, par exemple, ne votera pas pour Emmanuel Macron qui propose justement de réduire encore un peu plus la part des cotisations dans le financement de la sécurité sociale et d'augmenter massivement la CSG, impôt collecté par l'État et pas par les partenaires sociaux.
On comprend aussi que l'enjeu de la sécurité sociale, loin d'être l'intérêt général de tous les Français et loin d'être leur santé, est la défense du pré carré des centrales syndicales. La campagne présidentielle sera donc l'occasion de faire des choix en pleine conscience.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (05 janvier 2017)
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Pour aller plus loin :
François Fillon.
François Hollande.
Nicolas Sarkozy.
Manuel Valls.
Emmanuel Macron.
Primaire socialiste.
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