Il y a au départ l'attirante édition française qui accroche le regard. La forme carrée, le papier épais et cartonné, le prestige du nom de la maison d'édition (Naïve), le dessin coloré sur le fond noir de la couverture, une rue pleine d'enseignes illuminées de Tokyo. Au départ, il y a donc le plaisir d'avoir emprunté ce roman, de l'avoir dans son sac, de le tenir entre ses mains. J'apprends en plus que l'auteur est aussi poète et chanteur de rock. J'aime le titre, simple, qui convoque à la fois le son et l'espace, l'ouïe et la vue.
Un roman qui démarre directement avec de l'action, porté par une écriture simple, assez dépouillée, très peu lyrique : urbaine, moderne. Tel est d'ailleurs son héros.
Le récit est bien équilibré entre les différents fils narratifs qu'il tisse :
- le héros et sa copine
- le héros et son amante
- le héros et sa carte sonore de Tokyo
- le héros et son vieil ami retrouvé
Un roman sur la solitude et la perte de sens existentiel. Comment s'en sort-on dans la vie quand on a 30/35 ans ?
La perte du désir de vivre en rocker dans un groupe puis de celui de l'amour passionné m'ont touché. Les deux hommes du livre sont remplis de doutes, connaissent la déception, sont nostalgiques. Il n'y a rien de simple en eux comme dans ce monde, et ils le savent, et ils le vivent. C'est la difficulté d'être, de vieillir, de perdre espoir.
Le son des cloches des temples sont décrits comme des sonorités qui font du bien, par leur rareté, leur douceur, par les repères traditionnels qu'elles représentent peut-être. Repères qui ne semblent plus avoir cours aujourd'hui puisque l'on boit, que l'on se laisse entraîner dans une secte, ou que l'on se met à espionner son ex. Il reste alors l'errance, les nuits blanches et ces petits matins où l'on s'assoit sur un banc à ne plus savoir que faire. Les cloches résonnent à nouveau, ça apaise quelques instants, mais ça ne signifie pas que l'écho de ce son apportera un remède durable à la solitude de ces âmes japonaises.
Tokyo décibels
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