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Disparition d'une grande figure genevoise

Publié le 05 janvier 2017 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Recherche par tags (mots-clés) Recherche d'évènements (agenda) Il était né Jean-Paul Barbier dans cette même ville, le 17 mai 1930, d'un père chirurgien-dentiste féru de poésie, philosophie et musique. Il fait des études de droit, dirige une société de banque avant de créer la sienne, la Société privée de gérance. En 1952, il se fiance avec Monique Mueller qu'il épouse en 1955, elle collectionnera l'art moderne. Le père de cette dernière Josef Mueller, appartenait à une famille bourgeoise de Soleure en Suisse alémanique. En 1907, il avait découvert les arts premiers et commencé une immense collection qui atteindra 2.000 pièces africaines et océaniennes.

Trois mois après son décès à l'âge de 90 ans en mai 1977, le couple ouvre à Genève le musée Barbier-Mueller, rue de l’École-de-Chimie, un peu plus tard ils l'installeront 10 rue Calvin dans la Vieille ville. Événement auquel s’associèrent des amis de la famille et des amateurs d’art du monde entier, ils formèrent ensuite l'Association des amis du musée qui compte aujourd’hui près d’un millier de membres.

Ce sera un musée entièrement privé, les autorités locales n'ayant jamais soutenu cette institution. Les collections n'ont cessé de s'enrichir et comptent actuellement quelque 7.000 œuvres, sculptures, masques, textiles ou ornements et concernent l’Afrique, l’Océanie, les Amériques et l’Insulinde. C'est la plus importante collection d’arts premiers au monde. S'y étaient ajouté les périodes archaïques ou préhistoriques des grandes civilisations de Grèce, Italie, Japon et Asie du Sud-Est. En 2010, Jean-Paul Barbier-Mueller, JPBM comme on disait, avait créé la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller, "une fondation contre l’oubli".

En 1997, sa collection d’art précolombien est exposée à Barcelone, au Palais Nadal, rue Montcada, en face du musée Picasso. Malheureusement, le Museu Barbier-Mueller d’Art Precolombíen, a dû fermer ses portes le 14 septembre 2012. Cette collection, environ 200 pièces représentatives de nombreuses cultures du monde préhispanique, a été dispersée en mars 2013 lors d'une vente aux enchères à Paris chez Sotheby's. Pour cause d'insolvabilité du musée qui accueillait cependant presque 20.000 visiteurs annuels et la ville de Barcelone qui n’avait pu réunir les fonds.

JPBM entretenait une relation particulière avec le Musée du quai-Branly-Jacques Chirac où figurent 1228 de ses pièces, dont plusieurs centaines de dons. Ce qu'Audrey Azoulay, ministre français de la Culture n'a pas manqué de rappeler dans son hommage "Grand ami des musées français, il fut membre du Conseil artistique des musées nationaux de 2004 à 2013. Avec son épouse, il a été un des bienfaiteurs du musée du Quai Branly-Jacques Chirac dont il a accompagné la création et enrichi les collections de manière extraordinaire avec plus de 500 dons".

Mais Jean-Paul Barbier-Mueller, en 1985 il avait ajouté le patronyme de son beau-père au sien, n'était pas qu'un passionné d'art africain ou océanien, il était aussi un spécialiste de la poésie du XVIe siècle. Comme le prouve le "Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du XVIe siècle, 1549-1615", en plusieurs tomes dont trois sont déjà parus. Ce qui lui avait valu le prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises de l’Académie française. Il a ainsi sorti de l’oubli un grand nombre de poètes peu connus du XVIe siècle et rédigé une quarantaine de notices sur des poètes majeurs. En octobre dernier, il avait légué 600 volumes au Musée international de la Réforme de Genève. Depuis 2000, il faisait paraître une revue annuelle "Arts & Cultures" anthologie des arts non-occidentaux et textes de différents spécialistes. Ses trois enfants Thierry, Stéphane et Gabriel sont aussi des collectionneurs dans des domaines variés.

En 2017, le Musée Barbier-Mueller fêtera son quarantième anniversaire et se manifestera dans 23 musées suisses et étrangers en prêtant des pièces. A la Fondation Gianadda de Martigny, au Musée Rietberg de Zurich et naturellement à Soleure, la ville natale de Josef Müller. Mais aussi en France au Musée des Confluences de Lyon, à la Vieille-Charité de Marseille et au Musée parisien du Quai Branly.

Mercredi 4 janvier 2017 à 10h30, en la Cathédrale Saint-Pierre de Genève, un culte selon le rite réformé se tenait à sa mémoire.


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