GREFFES et PEAU et CICATRISATION: Poils et sueur, 2 facteurs essentiels – Science

Publié le 04 janvier 2017 par Santelog @santelog

Chez l’Homme, 2 voies de signalisation opposées guident la formation des follicules pileux et des glandes sudoripares. Ainsi les follicules pileux émergent d’abord (en rose sur visuel ci-contre), suivis par les glandes sudoripares (flèche).Ce processus, décrypté pour la première fois par une équipe de l’Université Rockefeller (New York), resté incompris jusqu’à ce jour et présenté aujourd’hui dans la revue Science va permettre d’améliorer les techniques de régénération de la peau, de cicatrisation ou de  » production  » de substituts cutanés plus performants.

Les plaies mettent plus de temps à cicatriser avec l’âge et parmi les facteurs qui participent à cet impact du vieillissement sur la capacité de réparation de la peau, le rôle majeur des glandes sudoripares eccrines, qui secrètent la sueur à travers les pores situées à la surface du derme. De récents travaux, de dermatologues de l’Université du Michigan, présentés dans la revue Aging Cell ont décrypté les modifications, chez les personnes âgées, des mécanismes cellulaires de ces glandes qui favorisent ou retardent la cicatrisation. Le rôle dans la fermeture des plaies des glandes sudoripares eccrines, situées sous le derme, partout dans tout le corps, a déjà été bien documenté : ces glandes sont des contributeurs majeurs de nouvelles cellules qui vont remplacer les cellules lésées de la plaie, certaines études ont même suggéré qu’elles sont un réservoir important de cellules souches adultes, qui peuvent rapidement être recrutées pour contribuer à la cicatrisation d’une plaie. Enfin, il faut rappeler que les glandes sudoripares eccrines sont uniques à l’homme et absentes chez les animaux de laboratoire utilisés comme modèles dans les études précliniques portant sur la cicatrisation.

Les premiers humains avaient déjà développé cette une caractéristique distincte essentielle pour permettre au corps de se refroidir rapidement. Des glandes minuscules extrêmement utiles car nous permettant de nous adapter à une grande variété de climats et d’efforts.

Les poils d’abord, avant la sueur : Ici les scientifiques newyorkais décryptent les bases moléculaires qui guident la formation des follicules pileux et des glandes sudoripares, en identifiant les voies de signalisation opposées, l’une pouvant inhiber l’autre- qui finalement vont déterminer le  » destin  » des cellules de peau en développement. De toutes nouvelles données qui vont permettre d’améliorer les méthodes de culture de tissus cutanés humains utilisées dans les procédures de greffes. Car actuellement, les greffons n’ont pas la capacité de transpirer. Or, les glandes sudoripares sont vitales pour réguler la température et l’équilibre hydrique dans le corps, explique Le Dr Elaine Fuchs, auteur principal de l’étude. Les patients présentant des glandes sudoripares endommagées, en cas de brûlure étendue par ex. ou de certains troubles génétiques sont contraints de respecter des environnements à température hyper-contrôlée et ne peuvent pas pratiquer le moindre exercice.

Les glandes sudoripares, un défi pour la recherche : car contrairement aux humains, où les glandes sudoripares et les follicules pileux coexistent, les glandes sudoripares de la plupart des mammifères, y compris des souris de laboratoire, sont limitées à de petites régions dépourvues de poils comme la patte. Dans un embryon en développement, de petites indentations appelées placodes (ou ébauches de cellules) se forment dans la couche de cellules qui deviendra la peau. Le sort de ces placodes, qu’elles se transforment en follicules pileux ou en glandes sudoripares, dépend des signaux moléculaires qu’elles reçoivent. L’identification de ces 2 grandes voies de signalisation qui s’opposent ou s’annulent détermine donc le sort de ces placodes : chez la souris, pour qu’un follicule pileux se forme, une protéine de signalisation appelée sonic hedgehog (SHH) doit être présente et dominer une autre protéine de signalisation connue sous le nom de bone morphogenetic protein (BMP). Dans le cas des glandes sudoripares, c’est le contraire : des niveaux élevés de BMP déclenchent une voie de signalisation qui réduit SHH au silence.

Et dans la peau humaine ? En suivant et observant les différents stades de développement de la peau embryonnaire humaine, les chercheurs montrent que chez les humains, les signaux sont similaires, mais séparés dans le temps : les follicules pileux se développent en premier, et ce développement est suivi par une montée de BMP qui permet aux glandes sudoripares d’émerger. En décryptant les mécanismes sous-jacents qui distinguent les humains des autres mammifères dans leur capacité, sur la peau, à produire ces glandes et des follicules, c’est l’espoir d’avancées thérapeutiques considérables dans la régénération de la peau et de meilleurs greffons cutanés.

Source: Science 23 Dec 2016 DOI: 10.1126/science.aah6102 Spatiotemporal antagonism in mesenchymal-epithelial signaling in sweat versus hair fate decision (Visuel@Laboratory of Mammalian Cell Biology and Development at The Rockefeller University/Science)

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