Ce principe actif des » champignons magiques « , la psilocybine, évoquée fréquemment comme un » remède » possible contre l’anxiété et la dépression, n’est pas toujours sans risque de » bad trips « , rappellent ces chercheurs de l’Institut John Hopkins qui ont évalué à la fois les comportements à risque et les résultats positifs de la substance. Des résultats présentés dans la revue Psychopharmacology qui mettent en garde contre des expériences jugées par un nombre non négligeable d’usagers comme » extrêmement difficiles » voire les plus difficiles vécues au cours de leur vie.
De nombreuses études ont envisagé le recours à la psilocybine pour évacuer l’anxiété et réduire les symptômes de dépression. Ici, ce sondage mené auprès de près de 2.000 usagers révèle des expériences parfois négatives en prenant des » champignons magiques » contenant de la psilocybine : plus de 10% des usagers parlent même de leur » bad trip » le pire et une majorité qualifie cette expérience parmi les 10 les plus pénibles de leur vie. Curieusement, en dépit de cette grande majorité d’expériences jugées comme très difficiles, la plupart des participants la jugent tout de même » significative » ou » valable « , la moitié de ces réponses plutôt positives qualifiant cette expérience parmi les plus précieuses de leur vie.
La psilocybine et autres hallucinogènes deviennent de plus en plus populaires, en particulier aux États-Unis pour leurs effets anxiolytiques suggérés, mais restent des substances interdites pour des raisons de sécurité. Bref, les preuves scientifiques manquent à la fois sur les risques ou sur les bénéfices.
L’étude comportait précisément 3 questionnaires : une échelle d’évaluation des effets hallucinogènes, un questionnaire sur l’expérience mystique et sur les états de conscience altérés. Les participants étaient invités à se concentrer uniquement sur leur pire expérience, à préciser la dose de psilocybine prise, l’environnement de l’expérience, sa durée et ses effets indésirables. Sur les 1.993 participants, âgés en moyenne de 30 ans, 78% étaient des hommes et 51% avaient un niveau d’études collégiales ou supérieures.
- 93% des participants avaient utilisé la psilocybine plus de 2 fois.
- 10,7% ont déclaré se mettre eux-mêmes ou d’autres personnes à risque de blessures physiques pendant leur » bad trip « .
- 2,6% ont déclaré avoir agi agressivement ou violemment,
- 2,7% avoir demandé une aide médicale.
- 5 participants à antécédents d’angoisse, de dépression ou de pensées suicidaires ont tenté de se suicider pendant leur pire » bad trip « ,
- Mais 6 ont déclaré s’être débarrassés de leurs pensées suicidaires.
- un tiers des participants ont qualifié leur expérience comme étant parmi les 5 expériences de vie les plus significatives et/ou les plus spirituellement significatives de leur vie.
- 62% parmi les 10 expériences les plus difficiles de leur vie ;
- 39% parmi les 5 expériences les plus difficiles,
- 11% qualifiée comme leur expérience la plus difficile.
- Bref, des expériences extrêmement difficiles dont il faudra tenir compte, soulignent les chercheurs, pour toute utilisation pharmacologique de la substance…
Des résultats qui ne s’appliquent pas à tous les champignons à psilocybine, précisent les chercheurs, mais qui, compte-tenu des effets négatifs et positifs signalés, confirment l’importance de mieux cerner et prendre en compte les risques associés à la psilocybine, explique l’auteur principal, le Pr Roland Griffiths, psychopharmacologue et professeur de psychiatrie et de neurosciences à l’École de médecine de l’Université Johns Hopkins. Le Pr Griffiths est un expert, il a passé plus de 15 ans à mener des recherches sur la capacité de la psilocybine à produire des expériences profondes de type mystique, à traiter l’anxiété et la dépression et à aider à l’arrêt du tabac.
Sources: Journal of Psychopharmacology November 30, 2016 Psilocybin produces substantial and sustained decreases in depression and anxiety in patients with life-threatening cancer: A randomized double-blind trial et John Hopkins Medicine Jan 2017 Q&A with Study Authors Roland Griffiths and Robert Jesse on ‘Bad Trips’
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