La France fluide ou recueil des régions
Et si, dans un monde gouverné par les flux, les territoires avaient aujourd'hui plus à voir avec le temps qu'avec l'espace ? La France fluide déconstruit les rapports spatiaux pour recomposer les rapports temporels.
Les représentations cartographiques de la France font apparaitre les régions métropolitaines dans leur assemblage géographique alors que les régions ultramarines sont " rattachées " en encart. Afin de représenter de manière égale toutes les régions françaises, celles-ci sont présentées par ordre alphabétique et sans relation géographique entre elles.
Parmi les données mises à disposition par l'IGN, les seules relatant tant soit peu la vie des gens sont celles relatives aux mobilités professionnelles (source INSEE 2012). Malgré le regret de ne trouver qu'une partie de la vie de la population dans cette table (puisqu'elle ne représente que le trajet des actifs en excluant tous les autres types de déplacement), ce jeu de données symbolise les mobilités quotidiennes.
Le résultat ressemble à une entomologie géographique où les régions seraient épinglées comme des papillons sur un tableau. Cette métaphore évoque la légèreté de territoires toujours en mouvement où chaque jour, chaque personne façonne son milieu de vie. Il s'agit d'une représentation géographie fluide et vivante.
Pour symboliser une fluidité qui a toujours existé et pour évoquer l'espace blanc (mais non vide) entre les régions, la présentation de la carte s'inspire du neptune françois ou recueil des cartes marines levées et gravées par ordre du roy (1693). Qu'il s'agisse d'un temps quotidien ou d'un temps historique, la géographie relate aussi une histoire du temps.
Occitanie (Détail)
Guyane (détail)
L'entrelacement des mobilités (détails)
Cette carte pose aussi la question de l'éloignement du lieu de travail en matière d'aménagement du territoire. Voici un extrait de l'article Localtis du vendredi 16 décembre 2016 particulièrement éclairant sur ce sujet :
Pour permettre aux acteurs de chaque territoire français de créer de l'emploi localement, il faut penser la combinaison de politiques de développement économique, de logement, de transport, d'accès aux services publics. C'est l'une des principales conclusions de l'étude du Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) "Emploi et territoires" publiée le 13 décembre 2016. Les créations d'emplois sont inégalement réparties sur le territoire avec une concentration dans les pôles urbains, la couronne parisienne et les façades atlantique et méditerranéenne notamment. Mais surtout, avec la périurbanisation, l'éloignement du lieu de travail, en particulier pour les ouvriers, pose un défi majeur pour l'aménagement du territoire, estime le CGET.Si le phénomène de métropolisation de l'emploi se confirme, le CGET le nuance un peu. "Les disparités de croissance de l'emploi dans les aires urbaines ne sont pas lisibles au seul prisme de leur taille, et dépendent fortement du contexte régional", signale-t-il dans son étude. Ce mouvement de concentration des emplois dans les grandes aires urbaines, se double de celui de la périurbanisation : l'emploi se concentre mais la population se desserre en périphérie des pôles urbains. En conséquence, les temps de trajets domicile-travail augmentent (+ 6 kilomètres et + 2 minutes entre 1982 et 2008).
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