Carrie, la vengeance

Par Mrvladdy @mrvladdycrane
Carrie, la vengeance (Carrie). 1 heure 39. États-Unis. Épouvante - Drame. Sortie en France le 4 décembre 2013 (le 18 octobre 2013 aux États-Unis). Réalisé par Kimberly Peirce avec Chloë Grace Moretz, Julianne Moore, Judy Greer, Gabriella Wilde, Portia Doubleday, Alex Russell, Ansel Elgort, Cynthia Preston, Zoë Belkin, Samantha Weinstein, Barry Shabaka Henley, Hart Bochner... Avis écrit le 3 janvier 2017.

Timide et surprotégée par sa mère très pieuse, Carrie est une lycéenne rejetée par ses camarades. Le soir du bal de fin d'année, elle subit une sale blague de trop. Carrie déchaîne alors de terrifiants pouvoirs surnaturels auxquels personne n'échappera...

J'aime beaucoup le film " Carrie au bal du diable " de Brian De Palma. Bien que je n'ai jamais lu le livre d'origine de Stephen King, j'étais donc assez enthousiaste de voir qu'un remake allait voir le jour et peut être me proposer une vision différente et plus contemporaine de cette histoire. Seulement voilà, " Carrie, la vengeance " ayant eu des retours catastrophiques, j'ai préféré passer mon tour en salles. Voilà pourquoi, j'ai découvert, avec un peu de craintes, ce long métrage bien plus tard chez moi.

Et quand je vois le résultat, je dois avouer que je suis plutôt content de ne pas avoir fait le déplacement tant je n'ai pas aimé ce scénario écrit par Roberto Aguirre-Sacasa, d'après " Carrie " de Stephen King. Pourtant, ce n'est pas non plus désastreux. Honnêtement, quand je lisais certains avis, je m'attendais à bien pire mais le résultat reste cependant insuffisant pour me convaincre.

A mes yeux, son principal défaut, c'est le film de Brian De Palma. Ce remake passe bien après et ne parvient jamais à se défaire de l'ombre de son prédécesseur. Si je n'avais vu que le remake, j'aurais pu à la limite trouver le film presque divertissant dans ses maladresses mais ne parvenant jamais à ôter le film de De Palma de mon esprit, je suis ressorti de mon visionnage juste déçu.

Déçu parce que ce remake ne propose rien de nouveau. Vu le temps qui s'est écoulé entre les deux films, on aurait pu penser qu'une réactualisation dans notre époque pouvait être fun mais l'ensemble est bien trop mal maitrisé. Il y a bien quelques tentatives pour aller vers une autre direction mais le scénario revient vite sur le simple copier-coller au point de devenir inintéressant.

Dans ses meilleurs moments, on a une copie conforme très simpliste du film de De Palma. Dans ses mauvais moments, on a juste quelque chose d'assez grotesque. La fameuse scène du bal en est un parfait exemple. Ici, on a beau être dans la surenchère, le film n'hésitant pas à mettre le plus possible d'effets visuels, le final ne nous prends pas aux tripes. Sissy Spacek ensanglantée continue de marquer de nombreux cinéphiles, Chloë Grace Moretz marquera sans doute moins nos mémoires tant on est dans la simple démonstration sans émotions.

C'est d'ailleurs un autre gros défaut de ce scénario. En plus d'être sans saveur niveau originalité, cette histoire ne parvient jamais à être crédible dans ses émotions. Oui, on est dans la démonstration et on suit bien l'histoire point par point mais ça ne fonctionne pas. Je n'ai pas eu ce côté anxiogène sur le harcèlement scolaire, la mère fanatique fait plus sourire qu'autre chose et les pouvoirs de Carrie évoluent sans aucune subtilité passant d'une scène à l'autre comme si elle les avaient toujours bien maitrisé (là où dans le premier film on sentait qu'elle était, elle-même, dépassé par cette Force surnaturelle).

Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres. J'aurais aussi pu parler de l'évolution du personnage de Sue trop brutale dans son empathie au point que ça devient vide de sens... Filmer un harcèlement pour le mettre sur Internet ne suffit pas pour faire d'un film un pamphlet et une véritable relecture. Du coup, je me suis pas mal ennuyé je dois le reconnaître ne trouvant jamais une réelle justification à ce projet.

Comme si cela ne suffisait pas, Chloë Grace Moretz (Carrie White) ne m'a jamais convaincu. On voit qu'elle y croit. La direction d'acteur tente bien de lui faire suivre un chemin ultra balisé, on sent que l'actrice veut donner vie de la meilleure façon possible à son personnage mais cela reste très fade. Faire la moue ne suffit pas pour montrer un isolement moral et du coup, je ne suis jamais parvenu à avoir de la sympathie ou de la pitié pour cette Carrie (alors qu'avec Sissy Spacek, j'avais une véritable peine et émotion pour son sort).

En temps normal, j'apprécie beaucoup également Julianne Moore (Margaret White) mais là aussi, je trouve qu'il n'y a rien d'exceptionnel. La comédienne n'est pas mauvaise mais hormis une ou deux scènes (comme celle du pressing), je n'ai jamais senti son personnage possédée, il m'a plus fait rire. C'est d'autant plus dommage que même si la scène d'ouverture est assez grotesque, il y avait avec cette base quelque chose d'intéressant à tenter je pense.

Judy Greer (Miss Desjardin) ne réussit pas non plus à véritablement exister. On ne ressent pas son côté " mère de substitution ". Elle incarne juste la prof qui fait bien son boulot mais ça s'arrête là. Elle aurait même mérité d'avoir un peu plus de présence à l'écran. Ce n'est pas que la comédienne soit géniale ici mais le traitement de son personnage manque clairement de profondeur.

Ansel Elgort (Tommy Ross) est plutôt sympathique. Rien de nouveau mais son interprétation colle à la vision que l'on connaît de son personnage. En revanche, sa copine Gabriella Wilde (Sue Snell) est extrêmement fade. Beaucoup trop Sainte Nitouche en route vers la pénitence, cela aurait même presque pu être la prestation que j'aime le moins dans ce casting.

Je dis presque car le duo Portia Doubleday (Chris Hargensen) - Alex Russell (Billy Nolan) remporte la palme haut la main. La peste de service et le rebelle à deux balles ne convainc personne. Leurs jeux est vraiment plat. Cela devient même presque drôle tant le couple lui-même ne fonctionne pas. A l'époque pourtant Nancy Allen et John Travolta en faisait des tonnes aussi mais ici, ce tandem est vraiment grotesque.

Avec un scénario qui ne me convainc pas et une interprétation très légère, fort heureusement que la réalisation de Kimberly Peirce reste propre sur elle. Trop propre d'ailleurs. Il n'y a pas d'originalité, de folies... A travers cette mise en scène, aucune émotion, aucune tension ne passe mais cela reste regardable et c'est déjà ça.

Après, de nombreux effets spéciaux sont quand même très limite. A force de vouloir jouer la surenchère pour ancrer son film dans les années 2010, on n'y croit pas mais les nombreuses incrustations et effets numériques hideux n'aident pas non plus. Heureusement presque qu'il n'y en ait pas plus, cette histoire étant plus intéressante pour son aspect humain que pour son aspect fantastique.

Oui, le film est moins kitsch que le film de Brian De Palma (et encore, attendons de voir comment ça va vieillir avec les évolutions technologiques) mais il n'y a pas d'identité, pas d'âme. On est dans le divertissement simpliste qui reste sur ses acquis et qui exploite avec beaucoup de maladresses et d'imperfections ses quelques prises de risque. Quant à la musique de Marco Beltrami, cela manque aussi un peu d'ampleur.

Pour résumer, je ne peux pas comparer avec le roman d'origine que je n'ai pas lu mais si cela avait été un premier film traitant de cette histoire, " Carrie, la vengeance " aurait pu presque être un divertissement regardable malgré ses erreurs. Seulement voilà, quand on enlève tout ce que le film pompe à l'œuvre de Brian De Palma et quand on voit comment la copie est réalisé, on ne peut être que déçu par un tel résultat. Ce remake ne parvient jamais à faire oublier son aîné et devient dès lors souvent risible dans ses tentatives pour justifier son existence. C'est pas la catastrophe que j'ai pu lire, c'est juste un long métrage anecdotique vite oubliable qui n'aura jamais su utiliser exploiter la force de cette histoire. Dommage...