Ne jamais crier « match gagné ! » avant que le coup de sifflet final ne soit donné. Un adage bien connu des footeux, des amateurs de sports en général (pour calmer les détracteurs du ballon rond acrimonieux), qui, en cette fin d’année 2016 aura pris un sens tout particulier.
Car s’il est une chose avec cette satanée 2016 par tous abhorrée, c’est bien sa foule de déceptions couplées à de tragiques disparitions. À l’heure de poser sur papier un Top 10 annuel qui se voit, dans les moeurs des cinéphiles en tous cas, désormais bien ancré, la plus grande des difficultés restait de trouver un film à même de la sublimer, de lui éviter de sombrer dans les affres de l’oubli et du qualificatif « moisi ». Loin pourtant d’avoir été avare en productions de qualité, 2016 avait jusqu’alors échoué à nous décocher une droite aussi percutante que celle de Mad Max : Fury Road l’an dernier. Même si, à sa décharge, on ne peut décemment espérer avoir le privilège de voir débarquer pareil chef-d’oeuvre chaque année.
Et puis, dans un ultime soubresaut, comme pour se faire pardonner d’avoir définitivement trop versé dans l’anxiogène et les événement peu amènes, voilà que débarqua sous nos yeux ébahis le film idoine pour une période de fêtes (et plus encore) pleinement réussie. La La Land de Damien Chazelle, l’auteur de Whiplash de nouveau à la baguette, s’avère être tout à la fois le bonbon acidulé que l’on appelait de nos voeux, l’hommage aux comédies musicales de la grande époque fait avec intelligence et doigté, ainsi qu’un vrai bon film de cinéma, enivrant, entêtant, touchant. En un mot : renversant.
Avec à la clé, une entrée fracassante en haut, tout en haut de notre classement des longs-métrages qui, à nos yeux, ont non seulement fait 2016, mais que l’on reverra à coup sûr avec grand plaisir dans les années à venir !
Si les décès successifs de David Bowie, Carrie Fisher, Debbie Reynolds, Michel Galabru, Michèle Morgan, Claude Gensac, ou encore de Michael Cimino ont pu ébranler notre fibre passionnée en voyant une à une des icônes de notre passé tomber, La La Land est venu à point nommé pour nous rappeler que le cinéma contemporain, lorsque traité avec respect, talent, et humilité, a encore énormément à nous apporter, surtout à raconter.
Alors que 2017 s’amorce déjà, une promesse pour l’avenir, en espérant sincèrement que, cette fois-ci, le rire se substituera au pire.
Bon cinéma et excellente année, avec Hallu-ciné !
- La La Land de Damien Chazelle
- Mustang de Deniz Gamze Ergüven
- Belgica de Felix Van Groeningen
- Carol de Todd Haynes
- La Tortue Rouge de Michael Dudok de Wit
- Mademoiselle de Park Chan-Wook
- Kubo et l’Armure Magique de Travis Knight
- Youth de Paolo Sorrentino
- The Nice Guys de Shane Black
- Le Garçon et la Bête de Mamoru Hosoda
– Ils auraient pu y figurer : Mad Max : Fury Road – Black and Chrome Edition (mais ç’aurait été un peu tricher…) ; Dernier Train pour Busan et The Wailing (merci la Corée !) ; Comancheria (le western n’est pas encore enterré) ; Captain Fantastic (de l’humanisme à déguster). –