Entre le huis clos et le road movie littéraire, le dernier roman de Jean-Christophe Rufin est une réussite totale. On n'en attendait pas moins de la part de cet écrivain à l'incroyable parcours. Berruyer de naissance, il est à la fois médecin, diplomate, historien et beaucoup d'autres choses encore, notamment pionnier dans la création de l'ONG Médecins sans Frontières. C'est lors de ses nombreux voyages qu'il a été amené à se rendre dans de multiples régions du monde, et notamment dans la Bosnie en guerre, théâtre de ce dernier livre. S'il situe l'action dans une époque révolue, libre de toute influence sur notre présent, mais pourtant au cœur de l'Europe, c'est pour que le lecteur se sente à la fois plus concerné que par un conflit exotique dans un lointain pays d'Afrique, mais également neutre de tout parti prix qu'il aurait adopté s'il s'était agi d'un conflit actuel, encore brûlant. C'est de cette manière que Rufin nous permet de prendre le recul nécessaire à une réflexion sur un sujet qu'il maîtrise et qui lui tient à cœur : celui de l'aide humanitaire. Les personnages qui s'embarquent direction la Bosnie dans de vieux camions affrétés par une association lyonnaise possèdent a priori les caractéristiques des humanitaires "classiques" : leur chargement contient des vêtements et des médicaments ; ils partent aider les populations meurtries par la guerre. Cependant, au fur et à mesure que les caractères se heurtent et que les masques tombent, chaque personnage se défait du costume trop réducteur qu'il a revêtu au départ de France. Les conditions extrêmes, les inimitiés, la violence contenue, le passé qui refait surface, la guerre qui se rapproche du convoi, et c'est l'unité fragile de ce groupe hétérogène qui vole en éclat. Chacun a des motivations bien différentes. Le chargement ne contient pas exactement ce que l'on imaginait au commencement. Rien ne se passe comme prévu. La tension monte au fil de ce récit captivant dont on attend l'issue fatale à chaque page.
Jean-Christophe Rufin, Check-point, 2015.
Entre le huis clos et le road movie littéraire, le dernier roman de Jean-Christophe Rufin est une réussite totale. On n'en attendait pas moins de la part de cet écrivain à l'incroyable parcours. Berruyer de naissance, il est à la fois médecin, diplomate, historien et beaucoup d'autres choses encore, notamment pionnier dans la création de l'ONG Médecins sans Frontières. C'est lors de ses nombreux voyages qu'il a été amené à se rendre dans de multiples régions du monde, et notamment dans la Bosnie en guerre, théâtre de ce dernier livre. S'il situe l'action dans une époque révolue, libre de toute influence sur notre présent, mais pourtant au cœur de l'Europe, c'est pour que le lecteur se sente à la fois plus concerné que par un conflit exotique dans un lointain pays d'Afrique, mais également neutre de tout parti prix qu'il aurait adopté s'il s'était agi d'un conflit actuel, encore brûlant. C'est de cette manière que Rufin nous permet de prendre le recul nécessaire à une réflexion sur un sujet qu'il maîtrise et qui lui tient à cœur : celui de l'aide humanitaire. Les personnages qui s'embarquent direction la Bosnie dans de vieux camions affrétés par une association lyonnaise possèdent a priori les caractéristiques des humanitaires "classiques" : leur chargement contient des vêtements et des médicaments ; ils partent aider les populations meurtries par la guerre. Cependant, au fur et à mesure que les caractères se heurtent et que les masques tombent, chaque personnage se défait du costume trop réducteur qu'il a revêtu au départ de France. Les conditions extrêmes, les inimitiés, la violence contenue, le passé qui refait surface, la guerre qui se rapproche du convoi, et c'est l'unité fragile de ce groupe hétérogène qui vole en éclat. Chacun a des motivations bien différentes. Le chargement ne contient pas exactement ce que l'on imaginait au commencement. Rien ne se passe comme prévu. La tension monte au fil de ce récit captivant dont on attend l'issue fatale à chaque page. Outre les descriptions précises de paysages et de scènes de guerre vus par l'écrivain, l'éthique s'invite dans le récit. Qu'est-ce que l'humanitaire ? Est-ce simplement donner des vêtements et de la nourriture à des populations en survie ? Est-ce tisser des liens plus étroits et s'engager d'ors et déjà dans l'avenir du pays ? Est-ce, enfin, devenir acteur et prendre parti, choisir un camp, prendre les armes ? Si certains des personnages ne prétendent que répondre aux besoins animaux des populations, sans état d'âme, et réparer une blessure narcissique en se sentant égoïstement utile, d'autres sont mus par l'amour et ne voient pas leur mission autrement qu'un compromis humain total avec les hommes et les femmes qu'ils viennent secourir. Maud, l'une des jeunes héroïnes du roman, oscille de l'un à l'autre, pour finir par prendre une décision radicale et opter pour un engagement beaucoup plus tranché. Et nous, qu'aurions-nous fait ? Et, puisque c'est de plus en plus d'actualité, que notre présent nous confronte de plus en plus à des situations qui nous réclament à grands cris de prendre position, qu'allons-nous faire ? Un roman à la fois historique et visionnaire qui ne peut nous laisser indifférents.
Entre le huis clos et le road movie littéraire, le dernier roman de Jean-Christophe Rufin est une réussite totale. On n'en attendait pas moins de la part de cet écrivain à l'incroyable parcours. Berruyer de naissance, il est à la fois médecin, diplomate, historien et beaucoup d'autres choses encore, notamment pionnier dans la création de l'ONG Médecins sans Frontières. C'est lors de ses nombreux voyages qu'il a été amené à se rendre dans de multiples régions du monde, et notamment dans la Bosnie en guerre, théâtre de ce dernier livre. S'il situe l'action dans une époque révolue, libre de toute influence sur notre présent, mais pourtant au cœur de l'Europe, c'est pour que le lecteur se sente à la fois plus concerné que par un conflit exotique dans un lointain pays d'Afrique, mais également neutre de tout parti prix qu'il aurait adopté s'il s'était agi d'un conflit actuel, encore brûlant. C'est de cette manière que Rufin nous permet de prendre le recul nécessaire à une réflexion sur un sujet qu'il maîtrise et qui lui tient à cœur : celui de l'aide humanitaire. Les personnages qui s'embarquent direction la Bosnie dans de vieux camions affrétés par une association lyonnaise possèdent a priori les caractéristiques des humanitaires "classiques" : leur chargement contient des vêtements et des médicaments ; ils partent aider les populations meurtries par la guerre. Cependant, au fur et à mesure que les caractères se heurtent et que les masques tombent, chaque personnage se défait du costume trop réducteur qu'il a revêtu au départ de France. Les conditions extrêmes, les inimitiés, la violence contenue, le passé qui refait surface, la guerre qui se rapproche du convoi, et c'est l'unité fragile de ce groupe hétérogène qui vole en éclat. Chacun a des motivations bien différentes. Le chargement ne contient pas exactement ce que l'on imaginait au commencement. Rien ne se passe comme prévu. La tension monte au fil de ce récit captivant dont on attend l'issue fatale à chaque page.