À l’instar de la collection « Ultimate » de Marvel, ce label « Earth One » (« Terre Un » en français) propose une relecture moderne des super-héros dans un univers très accessible, débarrassé de toute continuité. Mais ce n’est pas tout, car DC Comics profite également de l’occasion pour rompre avec le mode de publication habituel en proposant des histoires complètes de plus de 100 pages au lieu des épisodes mensuels classiques d’une bonne vingtaine de pages. Le concept fonctionne immédiatement avec cette saga, mais également avec l’excellent « Batman Terre-Un » de Geoff Johns et Gary Frank. Comme le tome précédent reprenait deux volumes de la saga en V.O. (Superman, Earth 1 volume 1 et 2), cette suite est l’équivalent du troisième tome de Superman Earth One outre-Atlantique.
C’est Joseph Michael Straczynski (« Supreme power », Rising stars) qui est chargé de revisiter les origines de l’Homme de fer dans un contexte plus réaliste. La mission est périlleuse car il n’est pas le premier à s’attaquer aux origines de Superman et il devient donc de plus en plus difficile de proposer une alternative intéressante. Agée de plus de 60 ans, l’histoire de l’unique survivant de Krypton, est connue de tous et a déjà été revisitée plus d’une fois. Après le classique « Superman – L’homme d’acier » de John Byrne en 1986, le très beau « Superman – For All Seasons » de Jeph Loeb et Tim Sale en 1998, le très original All-Star Superman de Grant Morrison et Frank Quitely, le très sympathique Superman, Origines secrètes de Geoff Johns et Gary Frank et la version déjà très moderne de Mark Waid et Lenil Francil Yu (Superman – Droit du Sang), c’est maintenant au tour de J.M. Straczynski et Shane Davis de s’attaquer aux origines de Kal-El. Et il faut bien avouer que sur base du tome précédent, les deux auteurs s’en sortaient déjà haut la main.
La suite de cette relecture des aventures de l’Homme d’Acier invite donc à suivre les pas d’un Clark Kent qui se construit progressivement une nouvelle vie à Metropolis, tout en nouant des liens d’amitiés avec sa jolie voisine Lisa Lasalle. Alors que les autorités tentent encore d’assimiler le fait qu’une créature extra-terrestre puisse faire le ménage à Metropolis (et sur le reste de la planète) quand bon lui semble, un second Kryptonien fait son apparition sur Terre. Les intentions de Zod-El, l’oncle de Kal-El, sont cependant un peu moins nobles…
L’histoire proposée par Straczynski oppose donc Superman à une nouvelle menace, ce qui n’a rien de vraiment original à la base. Cette nouvelle confrontation n’est cependant qu’un prétexte utilisé par l’auteur pour développer un peu plus les origines de Kal-El et afin de permettre à notre héros de faire le tri entre sa nature kryptonienne et son humanité, le tout en sauvant le monde au passage… comme tout Superman qui se respecte. L’auteur propose donc une intrigue familière, mais dans un monde contemporain et en compagnie d’un héros légèrement différent. Si le vilain a beau être assez classique, le travail effectué par Straczynski sur les autres personnages s’avère assez intéressant. Sa réinterprétation du rôle de Lex Luthor s’avère en effet assez intéressante et le nouveau personnage de Lisa Lasalle contribue à rendre Clark Kent plus intéressant et à bousculer un peu son côté boyscout. En développant progressivement la personnalité de ce héros très humain, fragile et quelque peu isolé de la société, l’auteur parvient à intéresser les lecteurs à une histoire qu’ils connaissent pourtant déjà.
Visuellement, le trait fin et soigné du dessinateur sied parfaitement au développement très humain du personnage dans un contexte moderne et réaliste. Les décors sont d’ailleurs très fouillés avec une ville de Metropolis et des tenues vestimentaires très modernes.
Une des meilleures revisites des origines de Superman avec Superman – Droit du Sang.
Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top comics de l’année !