« Nous restions là, autour de la table de jardin, si petits dans ce gigantesque hangar. Les baquets de plantes vertes, le lierre et le gravier composaient une oasis imprévue. Ils nous protégeaient de la désolation environnante : le groupe d’automobiles en attente (l’une d’entre elles avait une aile en moins) et le car qui pourrissait au fond. La lumière que répandaient les projecteurs était froide mais non pas jaune comme dans l’escalier et le corridor que nous avions traversé avec Yvonne. Non. Elle avait quelque chose de gris-bleu, cette lumière. Gris-bleu glacé. »
Patrick Modiano, Villa triste, 1975, Gallimard, coll Blanche, p. 139