La véritable alternative à une
religion opium dupeuple, ce n'est pas un athéisme positiviste, car le positivismece n'est pas seulement le monde
sans Dieumais le monde sans l'homme. La
véritable alternativec’est une foi militante et
créatrice pour laquelle le réelce n'est pas seulement ce qui
est, mais tous les possiblesd'un avenir qui apparaît toujours
impossible à quin'a pas la puissance de l'espoir.Ernst Bloch a eu le mérite de
redécouvrir le fondementnécessaire de tout marxisme
vivant qu'il appelle :« le principe de l'espoir ».[…] Il n'est pas vraique l'on devient révolutionnaire
simplement parcequ'on est malheureux, ou
simplement parce qu'on nousa prouvé par voie démonstrative,
« scientifique », lanécessité du socialisme.Il est fort utile au
révolutionnaire d'avoir fait l'expériencevitale du malheur, comme d'être
capable d'espritscientifique, mais ni sa misère
ni sa science ne l'ontrendu révolutionnaire.Au principe de toute action
révolutionnaire il y aun acte de foi : la certitude que
le monde peut êtretransformé, que l'homme a le
pouvoir de créer du1nouveau et que nous sommes
personnellement responsablesde ce changement.Pour Ernst Bloch, la certitude
que la réalité n'estpas seulement ce qui est mais ce
qui naît d'un océande possibles est un héritage des
religions. Ce qu'ilappelle une « métareligion ».[…]Avoir la foi, c'est espérer.
C'est-à-dire percevoir lespossibilités au-delà du réel
immédiat. « L'espoir del'homme, c'est la chair de Dieu
», disait Barbusse.[…] Car si l'homme n'a pas de
nature, mais une histoire,cette histoire n'est jamais
finie. Nous ne pouvons jamaisêtre satisfaits. La foi ne peut
donc pas être justificationde l'histoire mais ouverture de l'histoire.
Elle estcette question qui maintient
l'histoire en suspens.La vie du Christ est l'exemple
d'une vie de cettequalité. Faite de décisions
portant non sur tel ou telaspect de l'ordre social ou de la
vie personnelle, maissur le problème unique des fins.
Jésus n'est pas un révolutionnairecherchant à transformer
les structures,comme les zélotes de Bar Kochba.
Il n'est pas non plusun prêcheur de repentance comme
Jean-Baptiste quiagirait seulement sur les
consciences. Il est l'hommepleinement homme qui, en chaque
action, nous enseigneà viser les fins lointaines. Roger GARAUDYL’alternative pages 122-123Envoyer par e-mailBlogThis!Partager sur TwitterPartager sur FacebookPartager sur Pinterest
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