Le marché d'Evreux est en plein air, comme autrefois, et à la grande satisfaction des commerçants comme des usagers qui ne se plaignent pas de ne pas pouvoir s'abriter sous une halle qui, m'a-t-on dit, pourrait être un nid à courant d'air.
Hier, parce qu'on est proche de la fin de l'année, une animation culinaire était en place à l'initiative des commerçants consistant à mettre en valeur les produits vendus sur place.
J'ai gouté un canard poché, trois minutes, dans un bouillon de légumes de saison, puis servi en verrine avec des olives vertes émincées, de l'échalote et du persil plat. Le mode de cuisson est rapide (le canard est plongé haché dans le bouillon) ce qui permet de conserver un certain moelleux à la viande. Si j'étais restée plus longtemps j'aurais pu déguster un velouté d'endive. mais j'avais un programme (très) chargé comme vous le constaterez au fil des articles.Ce marché a lieu les mercredi et samedi de 8 à 13 heures. Il est très couru parce qu'on y trouve de très beaux produits.
Les clémentines de Corse sont des fruits de saison. Il est logique qu'elles soient en bonne place. Inutile de chercher une étiquette. La présence des feuilles est une garantie de la provenance.Je n'ai pas photographié les étals de viande, ni de poissons, classiques en vérité, quoique très appétissants, préférant me concentrer sur les fruits et légumes surprenants par leur couleur, ou leur forme, comme ces courges mirage ou ces pommes rouges.Ou ces panais et ces radis dont on ne se rend pas bien compte de la taille gigantesque.
Quand je dis "tout", c'est "tout", jusqu'au chou kale tant à la mode à Paris et dont j'ai ramené quelques feuilles. Je les ai cuisinées selon le conseil de la maraichère, avec des échalotes après les avoir ébouillantés. Mais il n'y a pas de quoi s'extasier. Un chou frisé bien banal est plus gouteux. Le coeur de Neufchatel est là, inévitable puisque spécialité normande.
Mais on pourra faire provision de ce qu'on appelle les "produits du monde" et la queue était longue à ce stand de cuisine marocaine :
Coté fleurs, j'ai retenu le mimosa, si odorant, en provenance directe de Nice. Et puis houx et gui pour porter bonheur à tous.
Ce matin, j'ai fait la connaissance d'Anne-Lise Lecaudé qui m'a entrainée dans un tout autre marché, à bord de son cyclo qui lui permet de se faufiler aisément. Elle s'y connait en courses puisque sa spécialité est de conduire les personnes âgées dans la ville. Je reviendrai sur son activité, atypique mais si utile, dans un billet spécial.L'engin est moins large qu'on ne croit. Il a été possible d'aller jusqu'à la porte du Conseil général où se déroule jusqu'à ce soir un marché de Noël un peu inhabituel.
Très intelligemment, Evreux n'a pas fait le choix des cabanes de bois, certes traditionnelles mais qui ne garantissent pas une bonne sécurité et qui, parce qu'elles sont en plein air, ne permettent pas de faire les courses sans avoir froid. Ce qui est possible pour s'approvisionner en légumes en quelques minutes n'est pas raisonnable quand on veut prendre le temps de discuter et de gouter avant d'acheter.Alors, au lieu d'investir la place de l'hôtel de ville, c'est dans le hall du Conseil général que les artisans et les commerçants se sont installés, comme l'année dernière m'a-t-on dit.
On évite donc les manèges et autres attractions bruyantes et au final peu qualitatives. Le décor est rustique mais aux couleurs de Noël avec une dominante joyeuse de rouge. Les dégustations sont facilitées. Tout le monde est content.
A propos de rouge, j'ai été heureuse de rencontrer le producteur de cette pomme à chair rouge dont je parlais à la fin de la balade sur le coteau Saint Michel.
Ils sont plusieurs à faire pousser ce type de variété mais Etienne Van Tornhout, installé 12 rue de Reuilly, au Clos Cerisey, 27930 Gauciel, est le seul à faire un jus de pomme rouge sans aucun colorant, et 100% naturel, et qui reste rouge même au bout de plusieurs semaines alors que celui de ses concurrents s'éclaircit. Son secret est de mélanger plusieurs variétés de pommes rouges, il a donc mis au point en quelque sorte une recette principalement à base de Rouge Geneva.Il travaille le sujet depuis 25 ans et fait pousser 30 000 pommiers à chair rouge, de 8 variétés différentes. Il fait du jus de pomme, du jus de pomme pétillant (formidable pour une ambiance festive pour ceux qui ne consomment pas d'alcool) et du cidre. Tout rouge lui aussi bien entendu.
Anne-Lise ne connaissait pas ce producteur et a apprécié. Peut-être rejoindra-t-il la cohorte de ceux qui fournissent l'antenne locale de la Ruche qui dit oui qu'elle a créée et qui livrent Salle des Associations, 1, rue des moissonneurs, 27930 Guichainville, chaque mardi, de 17h30 à 19h. Il suffit d'avoir passé commandé sur le site au plus tard le vendredi soir précédent.En revanche la jeune femme m'a fait découvrir d'autres producteurs, qui sont de réguliers fournisseurs comme Marie-Thé qui fabrique artisanalement des glaces avec le lait et la crème de la Ferme des 7 Epis aux Bottereaux (27250). Elles sont garanties sans colorant artificiel ni conservateur ou autre produit de synthèse.Martine, de la Ferme-Auberge de la Croisille, faisait déguster des pommes de terre hérisson. Ces légumes minuscules sont tranchés au couteau sans aller jusqu'au bout. On les met au four (avec la peau, mais si elles sont bio et bien lavées) avec juste un coup de pinceau d'huile.
En sortant on remplit d'un beurre d'ail ou de fromage de chèvre. C'est une idée toute simple qui fera son effet. Cette fine cuisinière m'a donné sa recette de la "vraie" brioche que je mettrai en ligne après l'avoir expérimentée. Le repas de Réveillon de Martine est à 35 euros. Avec foie gras poêlé, oie en brioche, salade, fromages, plusieurs desserts. Miracle de la province !
Plusieurs tables présentaient leur spécialité de foie gras, cidres et escargots, ce qui demandait de faire des comparaisons avant de fixer son choix, même si la réputation de la Ferme de la Sente aux Ânes, à Sylvains-les-Moulins n'est plus à faire (malheureusement elle n'acceptait pas la CB).
Mais d'autres, plus rares, sont uniques comme celui de graine de chanvre germée de la Ferme du Vieux Buisson (j'en ai ramené et je confirme que cela donne la pêche d'en manger une cuillère à soupe quotidiennement) ou de safran normand de Saint Pierre-de-Salerne. Ou encore les extraordinaires pains de la ferme de Saint-Mamert, de Buis sur Damville.
Certains, enfin, ont une notoriété qui dépasse la région, comme la Ferme des Peupliers dont je trouve les yaourts dans la ville de banlieue où je réside.Ce marché fermier de Noël a lieu du 15 au 18 décembre de 10 h à 18 h 30, avec uniquement des producteurs locaux, moins de 40. On peut prendre le temps de tous les rencontrer.