Presque 2 ans après le très bon Imitation Game, le réalisateur norvégien Morten Tyldum nous revient avec Passengers, un film de science-fiction réunissant à l’écran Jennifer Lawrence et Chris Pratt. Rien que ça ! Malheureusement, malgré le talent des deux comédiens et le caractère alléchant du pitch, le long-métrage peine à véritablement marquer les esprits.
La faute principalement au scénario qui, à vouloir brasser large en ajoutant à l’aspect SF une romance superflue, ne convainc finalement dans aucun des deux domaines. Effectivement, non seulement la dimension SF n’exploite pas en profondeur les quelques bonnes idées (le dilemme moral du personnage par exemple) qui découlent de l’opportuniste postulat de départ (comment imaginer que la compagnie à l’initiative du voyage ne soit pas parée à toute éventualité), mais la partie romantique n’arrive jamais non plus à nous emporter totalement. D’ailleurs, c’est précisément au moment où le second personnage rejoint le premier que le script perd en qualité, abandonnant la réflexion amorcée dans la première demi-heure pour faire naître la romance. Une romance particulièrement artificielle puisque si Chris Pratt et Jennifer Lawrence ne sont pas fondamentalement mauvais individuellement, l’alchimie entre les deux n’est pas des plus évidente à l’écran.
Malgré tout, l’idylle spatiale n’est pas entièrement inintéressante et retrouve notamment une noirceur bienvenue lorsque la vérité éclate soudainement. Le motif de rupture est implacable et le traitement s’avère pour une fois d’une redoutable justesse. Dommage cependant que la résolution finale de l’intrigue soit si déroutante au regard de la trajectoire des deux personnages. En matière de science-fiction pure, Passengers ne brille pas non plus par une inventivité folle. Très élégant dans son approche esthétique, il semble construire son univers en empruntant des idées parmi diverses influences. Il en découle du coup un film léché sur le plan visuel mais sans véritable originalité. On appréciera néanmoins la mise en scène aérienne de Morten Tyldum. Sans forcément être transcendante, celle-ci propose des mouvements de caméra d’une rare fluidité, pour un résultat final enlevé et dynamique. En témoigne par exemple les scènes illustrant l’absence de gravité, qui sont parmi les plus réussies du long-métrage.En définitive, malgré le questionnement intéressant qui émane de son postulat de départ, Passengers ne dépasse donc jamais le cadre du blockbuster divertissant. Un constat particulièrement décevant au regard de ce qu’aurait pu être le film si le scénario n’avait pas été aussi convenu.