De parti-pris, forcément de parti-pris, voici mes dix meilleurs films de l’année 2016, avec comme premier critère la mise en scène plutôt que le sujet. Certains films, pas vus, mériteraient sûrement d’y être, mais je compte sur vous pour contester et compléter. Cinq évidences et cinq plus discutables. Ce n’est pas une année cinématographiquement formidable. C’est parti !
1. « Elle » de Paul Verhoeven
Un film sulfureux, néo-hitchcockien, qui commence par une victime désignée à la compassion des spectateurs (une scène de viol quand même !). Mais le film devient de plus en plus retors et la victime plus complexe qu’au premier abord. Une mise en scène incandescente et Isabelle Huppert au plus haut, c’est-à-dire ne se regardant pas jouer à Isabelle regardant la formidable actrice Huppert. Injustement oublié du palmarès du festival de Cannes.
2. « Ma Loute » de Bruno Dumont
Un ovni cinématographique. Enfin un film français qui prend des risques. Dans la filiation de la série télé « Le P’tit Quinquin », mais plus abouti et moins méprisant pour ses personnages. Du burlesque, de la dinguerie, de la lutte des classes, de l’absurde (la troupe qui court après la corde attachée à Luchini qui s’envole !) et toujours chez Dumont la beauté des plans. Soulignons également l’excellence du jeu des acteurs d’une grande justesse dans l’outrance.
3. « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan
Toujours au plus haut, même dans l’adaptation d’une pièce de théâtre de Lagarce. La violence familiale en huis clos. Un casting somptueux et des acteurs au meilleur d’eux-mêmes jusque dans un excès qui a, apparemment, dérangé certains spectateurs. Une écriture cinématographique au plus près des comédiens pour rendre compte d’une famille dévastée. Un seul regret, le coucou.
4. « Manchester by the sea » de Kenneth Lonergan
La surprise de cette fin d’année. Oui, il est encore possible de faire un mélo avec talent. De faire pleurer sans être larmoyant. Une leçon de mise en scène qui distille à son rythme les informations pour tourner autour d’un duo père/fils, le tout porté par un magnifique Casey Affleck.
5. « Baccalauréat » de Christian Mungiu
Encore un film roumain qui triture la réalité sociale et politique tout en se posant la question de comment faire pour être parent. Que faire dans un pays corrompu ? Jusqu’où est-il possible de rester intègre ? Une mécanique de mise en scène redoutable qui oblige le spectateur à osciller dans ses opinions.
6. Julieta » de Pedro Almodovar
On le retient quand même ! Almodovar nous ravit par son style et sa capacité à nous raconter ses histoires familiales. Le début du film n’est pas tout à fait réussi (en particulier dans le choix de l’actrice qui ne colle pas vraiment au rôle), mais le cinéaste emporte finalement la mise par la suite.
7. « Kaili Blues » de Bi Gan
Un joli road movie dans la campagne chinoise avec un superbe plan séquence d’une vingtaine de minutes.
8. « La Fille inconnue » des frères Dardenne
Un polar social injustement sous-estimé (encore un film social des Dardenne !) avec une formidable Adèle Haenel. Je suis fan.
9. « Paterson » de Jim Jarmusch
Un film mineur d’un grand cinéaste sur la poésie du quotidien. Malheureusement pas assez de travail. Une belle structure narrative en 7 jours sur la vie d’un chauffeur de bus poète, mais des plans banals, une lumière banale ne suffisent pas à faire vibrer la mise en scène. Jarmusch, un peu fainéant sur ce coup là.
10. « La mort de Louis XIV » d’Albert Serra
Uniquement pour le visage de Jean-Pierre Léaud. Un court métrage aurait été suffisant.
Volontairement pas dans le classement. « Toni Edrmann » de Maren Ade : une comédie de boulevard filmée comme un téléfilm. « Moi, Daniel Blake » de Ken Loach : un film démonstratif sans vraie mise en scène pour la bien-pensance de gauche, pourquoi ne pas faire un documentaire pour montrer la complexité sociale et ses injustices ?
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble