Contrôle des données, UX, Test : les ingrédients du succès de Zenly

Publié le 28 décembre 2016 par Pnordey @latelier

Zenly figure parmi les start-ups les plus prometteuses de la French Tech. Retour sur les clés d’une success story qui pourraient en inspirer d’autres, start-up comme grande entreprise.

Réussir sur le marché des applications mobiles B2C peut s’apparenter à une mission impossible. Pas pour l’application de partage de géolocalisation Zenly qui depuis un an relève le défi avec brio : sa base utilisateurs croît à une vitesse à faire pâlir les géants de la tech (entre 6% et 10% de croissance par semaine). Elle faisait d’ailleurs le buzz en octobre dernier en étant parvenue à décrocher 22,5 millions de dollars auprès d’investisseurs prestigieux dont Benchmark Capital.

Et si le célèbre fond en capital risque de la Silicon Valley s’est retourné sur cette pépite française, nul hasard ! L’histoire qu’écrit la jeune pousse s’avère en effet riche d’enseignements pour ses pairs comme pour les grands groupes.

La transparence paie

C’est un fait. Les individus sont inquiets du sort que les entreprises réservent à leurs données. Selon une étude réalisée en 2014*, 72% des Américains se disent ainsi peu enclins à partager des informations avec les entreprises au nom de la préservation de leur vie privée. Pourtant, d’après cette même étude, les individus restent encore mal informés de la nature des données qu’ils concèdent. À titre d’exemple, seules 25% des personnes interrogées ont conscience de partager leur géolocalisation. Cette méconnaissance est d’ailleurs identifiée comme une des raisons principales de la réticence au partage des données.

Dans un manifeste paru dans la Harvard Business Review, les auteurs de l’étude soulignent le rôle essentiel de la transparence : « Dialoguer de manière transparente avec les consommateurs devient de plus en plus important pour construire un rapport de confiance ». Et c’est précisément ce que réalise Zenly depuis un an. Alors que les applications de partage de géolocalisation donnent bien souvent le sentiment de laisser planer le doute quant à leur utilisation de nos données, chez Zenly les règles du jeu sont claires : l’utilisateur ne perd jamais le contrôle sur le partage de sa position qu’il peut choisir d’ajuster à tout moment. Aussi, seul un « ami » de l’utilisateur peut demander à connaître sa géolocalisation. De plus, l’ouverture des données de géolocalisation n’est que temporaire. Ainsi, si X souhaite connaître la position de son ami Y,  Zenly envoie une notification push à Y lui demandant s’il accepte de partager sa localisation avec X.

De surcroît, les moeurs changent. La génération Z, coeur de cible de Zenly, se montre bien moins frileuse quant au partage de données, en particulier de géolocalisation sur les réseaux sociaux.

Une technologie poncée

L’idée de partager sa position géographique avec ses proches n’est pas nouvelle.

Apple lançait en 2011 « Find my friends », une application qui n’a jamais su trouver son public. Google s’est aussi, en vain, prêté à l’exercice avec « Amplitude », fermée depuis 2013. Pourquoi ces applications ont-elles toutes échoué ? La propension des utilisateurs à partager librement leur localisation est un comportement nouveau. Alexis Bonillo, cofondateur de Zenly expliquait à ce sujet au micro de France Info en octobre dernier que le partage de géolocalisation est à présent devenue une « commodité ». Mais au delà des barrières culturelles, la technologie a jusqu’alors constitué l’obstacle majeur à l’adoption.

Au royaume des digital natives, l’immédiateté est reine. « Quand on veut savoir la position de nos amis pour les retrouver dans un restaurant ou dans un bar, on souhaite avoir du temps réel, ce qu’on appelle du ‘sub-second’, soit un temps inférieur à une seconde », a expliqué Alexis Bonillo. Or, les algorithmes des applications mentionnées plus haut manquaient justement de rapidité et de précision. Par ailleurs, elles étaient également réputées pour être très gourmandes en batterie. Sur ce point, Zenly se démarque. Après avoir lancé un premier produit appelé Alert.Us en 2011, l’équipe a choisi d’interrompre progressivement son service pendant deux ans pour se concentrer sur sa technologie, une période qui a permis aux ingénieurs de la start-up de peaufiner leur algorithme de géolocalisation sur mobile.

Tirée du slideshare « How Zenly nailed it », par Maxime Braud

L’expérience utilisateur

On ne le rappelle plus, soigner son expérience utilisateur est une condition sine qua non du succès de l’entreprise. Zenly en est une démonstration supplémentaire. L’interface est plaisante, portée par un design coloré et ludique. L’interaction entre l’application et l’utilisateur est teintée d’humour, ce qui rend l’expérience utilisateur d’autant plus agréable.

De surcroît, là où les applications de Google et Apple requéraient que ses amis disposent nécessairement de l’application pour accéder au service, Zenly permet également l’envoi de sa géolocation via diverses plateformes (Facebook Messenger, Whatsapp, etc.). Ce qui rend l’application fort utile même lorsqu’on ne possède pas beaucoup d’amis.

.@TechCrunch is right! Zenly + @benchmark + @peterfenton = ❤️https://t.co/TEk6JMuiyw

— Zenly (@zenlyapp) September 27, 2016

L’A B testing ou le succès par l’expérimentation continue

Le cofondateur et CEO de Tribe, Cyril Paglino nous avouait il y a peu prendre chaque jour le temps de répondre aux questions des membres de sa communauté. Un exercice également pratiqué par les cofondateurs de Zenly. Comprendre les « pain points » ou les éléments de friction ressentis par les utilisateurs constitue une première étape vers l’amélioration de l’expérience client dans son ensemble.

En outre, toute évolution potentielle du produit, une nouvelle fonctionnalité par exemple, est systématiquement testée. Les interviews d’utilisateurs sont pratiquées afin d’entrer en profondeur dans la compréhension des usages du produit. Autant de bonnes pratiques qu’on ne peut que conseiller aux start-ups et aux grands groupes.

*« Consumer Privacy in the Digital Age » par Timothy Morey and Allison Schoop, employés de l’entreprise de design, frog. Pour les besoins de cette étude, 900 personnes issues des États-Unis, du Royaume-Uni, Allemagne, Chine et Inde représentatives des internautes du monde entier ont été interrogées.

Crédits Photo : Redouane Chakir