Deuxième petite soirée grand écran à la maison.
"C'est un film avec Thierry Lhermitte.
- Ah , ça va être drôle alors !
- Heu... pas forcément...
- Ah...
- Mais ça se passe à Montréal !
- Ah !"
Le décor était planté. Sorti au printemps 2016, ce film tout récent est l'adaptation du roman de Jean-Paul Dubois intitulé "Le cas Sneijder". Tout commence un peu mal, puisque Paul Sneijder, le personnage principal vient, dans la première scène du film, récupérer les cendres de sa fille morte dans un terrible accident d'ascenseur dont il est le seul survivant. Sa nouvelle femme le pousse à demander une indemnisation monstre, à prendre le meilleur avocat de tout Montréal afin d'obtenir une somme importante d'argent qui leur permettrait de financer les études aux Etats-Unis de leurs deux garçons. Seulement, on sent bien que l'accident a semé dans la tête de Paul un questionnement qui l'empêche de reprendre sa vie d'avant, et en particulier sa très bonne situation professionnelle. Las d'entendre les reproches de sa femme et ses couplets matérialistes, paralysé par sa claustrophobie et sa peur des ascenseurs, Paul démissionne et devient... promeneur de chiens, au grand damne de son épouse qui se sent humiliée et ridiculisée. Elle qui, pourtant, est la première responsable de la dérive de leur couple, puisqu'elle trompe allègrement son mari.
Ce film est un chef d'œuvre, je vous le dis tel quel. D'abord, Thierry Lhermitte est un acteur hors normes, un très grand, le genre de ceux qui, en un froncement de sourcils ou en un regard sait exprimer des nuances émotionnelles multiples et précises. Ensuite, les paysages sont grandioses. Montréal en hiver, pensez-vous ! Le grand froid extérieur qui va de pair avec la paralysie physique et mentale du personnage, cette lenteur de la neige qui atténue les bruits et ralentit les mouvements et qui trouve un écho dans les plans fixes et les visages figés filmés en gros plan. On s'identifie et on se reconnaît dans le personnage de Paul Sneijder, cet homme perdu qui recherche un sens à sa vie, quitte à tout remettre en question et à se détourner complètement de son mode de vie d'avant. Alors, non, ce n'est pas une comédie, c'est un peu un conte philosophique, un drame qui s'enfonce dans la psychologie des personnages comme on entre dans une mine. Mais il y a, je vous rassure, des scènes délicieusement drôles, cyniques, cocasses, dans lesquelles Lhermitte et les acteurs québécois sont excellents. Une délicieuse mayonnaise qui prend dès les premières secondes. Si bien qu'à la dernière image, on n'a pas vraiment envie que cela se termine.