Je est un hôte
Territoire de l'angoisse pure, animation minimale faite de dessins au crayon pulsés d'une vibration morbide et mortifère. Oppressant et fascinant à la fois, on est comme dans un poème de René Daumal (le contre ciel) ou comme dans la noirceur touffue étouffante de Soulages avec d'étranges apparitions (on pense à Egon Schiele). Les masques de soi ne donnent que sur d'autres masques, encore et encore, sans fin, sans finalité sinon la souffrance inouïe de l'éternel retour.
Je vis et je vais m’interrogeant de la vie,
et l’image méconnaissable de moi-même,
ce monde d’air, de roc, de maisons, de lumières,
de millions de visages sans lois, sans voix
ce cuivre, ce bois verni, ces souffles, ces cris,
tournent, couleurs à fleur de peau,
formes touchées, mangées, où suis-je ?
René Daumal