C’est Noël et vous avez voulu être généreux sans vous ruiner ? Un anniversaire à venir ? Votre sœur va bientôt avoir son bac ? Pas de soucis on vous explique comment faire plaisir sans vous ruiner et éviter le fisc.
Non, le cadeau ne fait pas toujours plaisir !
C’est Noël et Mamie vous a encore offert un beau et grand camion de pompier, c’est gentil mais vous avez 22 ans et vous êtes dans un petit appart d’étudiant alors vous vous demandez ce que vous allez bien pouvoir en faire. Rassurez vous, vous n’êtes pas seul ! En moyenne, près d’un tiers des français sont déçus par au moins un de leurs cadeaux durant l’année ce qui représente plus de 550 millions d’euros de dépenses il ne s’agit donc là que des cadeaux décevants.
De plus, selon une étude, les bénéficiaires de cadeaux n’auraient été prêt à dépenser que 90% (toujours en moyenne) du prix des cadeaux reçus s’ils avaient été amenés à l’acheter eux même. Les 10% restants représentent une perte sèche, c’est-à-dire une dépense qui aurait pu être évitée sans que personne ne soit moins content (à part les magasins). Sur les 66 milliards d’euros de cadeaux dépensés UNIQUEMENT à Noël, cela représente tout de même une perte de 6,6 milliards d’euros. Ceci est dû au fait que l’offreur ne sait pas avec exactitude ce que souhaiterait s’acheter le destinataire du présent et à quel prix. C’est l’asymétrie d’information.
Ainsi 90 euros en liquide auraient la même valeur aux yeux du receveur qu’un cadeau d’une valeur de 100€, c’est donc la meilleure option pour faire plaisir sans risque de gaspillage lorsque l’on ne connait pas parfaitement les goûts de l’autre (et potentiellement plus économique).
Une montée en puissance du marché de la revente de cadeaux
Mais si vous êtes déçus en déballant le camion de pompier de Mamie, rassurez-vous, votre déception fera le bonheur des spécialistes de la revente de cadeaux en ligne ! En effet, la revente de cadeau est une pratique qui ne choque plus pour une large majorité de français. Ainsi, si la plupart des reventes se font sur eBay de nouveaux acteurs spécialisés dans la vente de cadeaux et cartes cadeaux apparaissent, et pour cause, le marché est bien présent ! En effet, 42% des français se déclarent disposés à revendre leurs cadeaux et en 2014, dès le 25 décembre plus de 250 000 cadeaux étaient déjà remis en vente selon eBay. Autant dire que votre camion de pompier aura de la concurrence. Et en 2015 le pic de revente atteint les 450 000 cadeaux sur la seule journée du 25 janvier !
Les déçus s’y retrouvent tout de même grâce à la multitude de possibilités pour revendre les cadeaux obtenus même si une partie de leur valeur est perdue dans l’opération. Ainsi ceux qui souhaitent revendre leurs cadeaux sont motivés pour 43% par le fait de réaliser des économies, pour 42% par le fait de se racheter un cadeau qui leur convient mieux et surtout pour 23%….par le fait de payer leurs factures de Noël !
Au final c’est donc sans surprise que les grands gagnants de Noël sont les vendeurs de cadeaux avec une mention spéciale pour le e-commerce, qui devrait progresser de 10% en 2016 pour atteindre à lui seul les 13,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire grâce à 32 millions d’acheteurs. Et cela sans même prendre en compte le chiffre d’affaire généré lors des reventes !
Quelle est la limite légale pour éviter les taxes ?
En revanche, si Mamie offre une Ferrari d’autres problèmes peuvent se poser. En effet, dans le cas des cadeaux le terme utilisé est celui de « présent d’usage » et en théorie ces cadeaux échappent à toutes les taxes. Cependant pour qu’un cadeau bénéficie d’un tel régime il existe plusieurs critères retenus par la justice française (qui n’est évidemment pas l’une des plus indulgentes). En effet, pour être considéré comme un « présent d’usage », le cadeau doit avoir pour motif un évènement familial comme un anniversaire, Noël, de bons résultats au bac, etc. Cependant afin d’être considéré comme un cadeau il a été décidé que celui-ci ne doit pas trop amoindrir le capital de l’offreur. C’est pourquoi seuls les cadeaux d’une valeur inférieure à 2% du patrimoine de l’offreur échappent aux taxes. Ainsi, si Mamie possède un patrimoine de seulement 10 millions d’euros, la Ferrari à 300 000€ est trop chère pour constituer un cadeau d’usage en une seule fois et n’échappera pas aux taxes il faudrait demander la carrosserie au père Noël et le moteur pour l’anniversaire.
Pourquoi la tradition des cadeaux subsiste-t-elle malgré tout ?
Comme nous l’avons vu, économiquement le cadeau n’est pas viable, l’acheteur est souvent déçu car l’offreur ne connait pas ses goûts aussi bien que lui le cadeau n’a donc jamais une efficacité prix/satisfaction du receveur optimal. Cependant petits ou grands cadeaux, cette pratique, qui fait donc gaspiller de l’argent subsiste. En effet, le consommateur éprouve occasionnellement un sentiment de culpabilité lorsqu’il achète quelque chose de peu essentiel ou de luxueux par rapport à ses moyens, le cadeau permet au receveur de consommer ce type de produits sans avoir à éprouver de remords. Mais si l’on abandonne l’économie, le cadeau est avant tout un rite social, qui renforce les liens entre les individus et permet à l’offreur qui se démène de montrer à quel point ce geste est important pour lui. Ainsi, la perte sèche liée à l’asymétrie d’information peut parfois être très largement compensée par la valeur sentimentale que l’on peut accorder à un objet en fonction de l’offreur ou des efforts qui ont été effectués dans la recherche du cadeau et qui augmente alors la valeur perçue de l’objet. Alors qu’à l’inverse, offrir de l’argent, bien qu’étant économiquement plus efficace est très impersonnel et ne bénéficie donc d’aucune valeur sentimentale.
Enfin… Parfois, le cadeau plaît. Tout simplement.