L’autoroute fluide du terrorisme, de la Kaâba jusqu’à Berlin !

Publié le 24 décembre 2016 par Micheltabanou
Comme souvent maintenant je publie sur ce blog les chroniques d'Amin Zaoui parues dans Algérie Liberté. J'en apprécie toujours l'intelligence, la lucidité qui très souvent ici en France nous fait défaut lorsqu'il faut aborder l'islamisme. Après Berlin j'attendais de lire l'expression de son vif talent. Je vous le livre: L'autoroute fluide du terrorisme, de la Kaâba jusqu'à Berlin !
Critiquer l'islam radical, en Europe, cela signifie que vous êtes automatiquement taxés d'islamophobe. Aux yeux des islamistes européens vous êtes raciste. Aux yeux de quelques intellectuels non musulmans naïfs et dont les idées sont périmées, vous êtes xénophobe, contre les Noirs, contre les Arabes (oubliant qu'il y a les Arabes chrétiens et d'autres juifs).
En Europe intellectuelle, l'islamophobie est devenue un gilet pare-balles pour les islamistes et leurs alliés afin de faire enterrer la réalité amère où la démocratie et la laïcité sont de plus en plus menacées.
Critiquer l'islam radical en terre d'islam, dans le monde arabo-musulman, cela signifie que vous êtes un aliéné. Aux yeux des arabo-musulmans, vous êtes qualifiés d'orientaliste. Et chez les arabo-islamistes, un orientaliste signifie un collaborateur ou un nuisible à l'islam. Critiquer l'islam radical en terre d'islam, donc vous êtes un agent des services de la France coloniale. Vous agissez aux profits des occidentaux chrétiens. En clair vous êtes kafer, un athée. Vous êtes proie des institutions médiatiques juives. Vous êtes contre la Palestine et les Palestiniens ! Critiquer l'islam radical et ses intégristes djihadistes, cela signifie que vous êtes à la recherche d'un "prix littéraire" !!
Et pourtant ce même islam, pendant quinze siècles, en tant que pratiques politiques, en tant qu'idéologie et même en tant que textes sacrés, était le sujet d'une longue série de critiques, d'abord par les musulmans eux-mêmes.
La charia est une mosaïque d'interprétations contradictoires ou répétitives. Une fresque montée de toutes pièces, selon la recommandation et le désir du Prince. La charia islamique est un espace de prise de position politique, dictée par le Prince. Une sorte de terrain intellectuel bombardé par des tirs amis, des tirs fracassants. Des fractions contre des fractions. Des tendances qui s'entretuent depuis des siècles. Des écoles condamnent d'autres. Des feqihs décrètent des fatwas à l'encontre d'autres. Des fatwas contre d'autres fatwas. L'islam du pouvoir contre l'autre islam du peuple.
Les islamistes radicaux d'Europe se cachent dans la peau de la victime. Dans la rhétorique de la victime. Ils se cachent derrière les larmes des quelques pleureuses constituées de quelques organisations de gauche, quelques intellectuels désorientés de la réalité. Cette pseudo-victime, dès qu'elle se voit faible ou affaiblie, crie sa fausse douleur sur tous les toits. Une victime qui essaie de se mesurer à l'épreuve historique terrible qu'ont vécue les juifs européens. Cette même pseudo-victime, une fois la tempête passée, elle commence à critiquer les chrétiens mécréants et à maudire les juifs. L'islam européen d'aujourd'hui est un islam radical. Le wahhabisme est un mouvement dont la stratégie est de réaliser une réislamisation de l'Europe. Réislamiser la jeune génération européenne d'origine maghrébine.
Depuis les années quatre-vingts, le mouvement radical wahhabiste a mis la main sur les mosquées européennes et sur plusieurs associations dites caritatives ou culturelles !
La réislamisation n'a rien à voir avec l'envie de revisiter la culture d'origine affichée et exprimée par les jeunes Français d'origine maghrébine. La réislamisation est un acte de lavage de cerveau. La culture d'origine de ces jeunes Français d'origine maghrébine ne se trouve pas en Arabie Saoudite ou en Afghanistan, elle est dans les romans de Kateb Yacine, Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Jean Amrouche, Tahar Ouatar, Rabia Djelti, Ahlam Mostaghanemi, Tahar Djaout, dans les poèmes de Ben Guitoune, Benkriyou, El Khaldi, Si Mohand Ou Mhand, dans des réflexions de Mohamed Arkoun, Malek Chebel ou Ali El Kenz (Algérie), elle est dans les poèmes de Abdellatif Laabi, Mostefa Nissabouri, dans les écrits de Fatima Mernissi, Abdelfattah Kilito, Mohamed Berrada, dans les romans de Mohamed Choukri, Mohamed Khair-Eddine ou de Mohamed Zafzaf (Maroc), elle est dans les écrits de Tahar Haddad, Mohamed Tahar Benachour, Mahmoud Messaâdi, Abdelwahab Meddeb, Tahar Bekri... (Tunisie). Cette culture d'origine se trouve aussi dans les chansons de Cheikha Remiti, Aït Menguellet, Abdelwahab Doukali, cheb Khaled, Tahar Fargani, Amar Ezzahi, Lina Doran, Ahmed Wahbi, Cherif Khaddam, de la musique de Safi Boutella... Dans le théâtre de Tayeb Saddiki et de Abdelkader Alloula, de Slimane Benaïssa...
La réislamisation des jeunes Français d'origine maghrébine est une opération contre la mémoire de leurs aïeux, contre leur futur humain et moderne.