Début novembre 2016, l’exploitation économique définitivement expérimentale de la WII U cessait officiellement, quatre années seulement après son lancement. L’annonce dûment relayée n’a pas été propagée à un moment commercialement creux. Un mois plus tard, l’information diffusée par communiqué produit un effet longtemps oublié : donner envie aux joueurs de s’intéresser à un support de jeu.
Une fin de production peut se fondre dans l’indifférence faute à un écho faiblard (Le saviez-vous ? En juillet 2016, l’on disait adieu aux derniers lecteurs VHS). Qu’il s’agisse d’une sortie de scène à la durée de vie exceptionnellement longue ou d’un absence d’intérêt rapide, la page peut se tourner pour donner la fin d’un livre voire, et seul le temps le révèle, pour un autre intérêt. La Wii U reste à découvrir : son catalogue ne s’étoffera plus, a souffert d’un manque lourd de communication, profite de quelques jeux connus. Au moins trois ingrédients idéaux justifient de profiter des baisses de prix éventuelles.
Conditions inespérées
Et face au manque de réaction de Nintendo, beaucoup alimentent une idée commune : en acheter une avant sa disparition totale. Les stocks étant importants, les consoles s’écoulent doucement, sûrement, sans profit mais avec un flux surprenant quitte à entraîner le plus élevé des prix pour une console neuve. Pour preuve, un pack proposé à 269,99 euros avant novembre 2016 (Prix conseillé par Nintendo) se trouve désormais à 300 euros. 30 euros supplémentaires, soit 10% de supplément, ce n’est peut-être pas une énorme marge : cela reste peu attendu quoiqu’espéré par le constructeur. Aujourd’hui comme hier, Nintendo réalisera un profit assez faible sur la console en elle-même (D’après les informations et chiffres officiels, la tablette à elle seule représenterait 30% du coût de production) : tout bénéfice pourrait se chiffrer sur la vente de jeux vidéo désormais à « petits budgets ».
Rétro avant l’heure ?
L’échec de la Wii U s’est écrit en quatre années sans parvenir à témoigner de points forts inédits dans l’histoire de Nintendo. Le constructeur japonais, enfin, proposait une rétrocompatibilité (Les jeux Wii fonctionnent sur Wii U) peu observée parmi ses consoles de salon (Seule la Wii mini a fini par proposer une compatibilité avec les jeux GameCube) : à titre de comparaison, de la NES à la SNES, tout devait être racheté du moindre jeu aux accessoires malgré la similarité des noms. De 2006 à 2016, la Wii U se dote d’un échantillon diversifié de 10 années de jeux soit, et cela se pense sans exagération, de deux consoles pour le prix d’une.
En raison de sa faible force de proposition, la Wii U n’a pas pu empêcher la fuite de la plupart de ses exclusivités : LEGO Undercover va connaître une réédition (PS4 ou Xbox One), Super Mario Maker et Yoshi Woolly World s’exportent sur 3DS … Pour l’heure, Super Smash Bros for Wii U ou Bayonneta 2 s’imposent parmi les titres les plus attirants ou encore non exportés. Si la dernière console de salon s’est confrontée à des critiques massives, elle n’en reste pas moins l’un des supports les plus ergonomiques. Une fois encore, la Wii U n’a pas su se vendre au sens propre comme au figuré : la tablette de la Wii étant à la fois une manette de jeu et un écran à l’affichage plus dynamique et plus intéressant vis-à-vis de la Nintendo 3DS. Elle fait partie des conséquences difficiles à chiffrer pourtant à prendre en compte : combien de joueurs ont pu s’offrir une Nintendo 3DS en partie pour le jeu Super Smash Bros pour y jouer sur un support portable ? Or, la différence de tarifs entre les deux machines ne s’élevait pas à plus de 50 euros (180 euros pour une Nintendo 3DS XL contre un Pack Wii U Smash Bros Wii U affichée à 230 euros neuf).
En dépit d’exclusivités préparées pour accompagner dignement la sortie de la Wii U, la nouveauté rend par définition méfiant sans rencontrer le public espéré. Les bacs de jeux d’occasion ne sont pas inondées de Wonderful 101, Bayonetta 2 n’est pas un jeu d’occasion commun, Xenoblade Chronicle reste une référence au prix très élevé tout comme d’autres RPG (Monster Hunter 3 Ultimate) … Par un jeu de conséquences mêlé de fortes demandes, de curiosités dans les jeux les mieux évalués de la Wii U, Nintendo produit avant l’heure un phénomène de rareté involontaire. Collectionneurs, amoureux du blister et des éditions collector pourront à nouveau replonger dans un casse-tête bien connu dans le milieu de la Super Nintendo, Nintendo 64 et cie.
13 millions de Wii U et quelques packs « collector »
Nintendo dévoilait ses chiffres en juillet 2016 : la Wii U est l’une des consoles les moins vendues de la firme nippone. (Source : Chiffres de juillet 2016 selon LeMonde.fr) Contre une Wii vendue à plus de 100 millions d’exemplaires, sa succession doit compter sur différentes périodes de soldes pour augmenter le chiffre final, quatre Noël et des exclusivités prometteuses pour présenter, avec une certaine gêne, un tel résultat. La Super Nintendo l’avait expérimenté en son temps, la Wii U l’a tenté à sa manière : chaque jeu pensé comme un incontournable de la console a eu le droit à son pack. Une édition distinctive réalisée en l’honneur de Zelda : The Wind Waker attire désormais l’attention des enchérisseurs pour des prix proches des 500 euros (Tarif artificiel et décalé, surtout si l’on se souvient d’avoir déjà croisé la Wii U The Wind Walker Zelda HD en soldes et, en outre, avec un jeu à télécharger).
Contrepoint à tous ces arguments : le faible nombre de jeux finalement intéressants de la Wii U, l’ennemi numéro 1 d’une console au cours de sa vie. Il faut lorgner du côté de la Wii, l’ancienne console aux capacités moins élevées et moins intéressantes, pour percevoir du potentiel. A cela s’ajoute la nécessité plus rare de ne pas encore avoir découvert la Wii : sur plus de 100 millions de consoles commercialisées, rares doivent être les joueurs à ne pas l’avoir essayé. J’ose lever la main, l’idée de jouer avec un capteur s’avérant une barrière infranchissable. En tout état de cause, sauf si des développeurs malins (Pensons à l’engouement de la PSP grâce à des Custom Firmware pirates !) ou l’appui du E-Sport ou de rencontres ou de facilités pour créer des événements associatifs autour du jeu vidéo (Super Smash Bros for Wii U, Mario Kart et tant d’autres s’y prêtent merveilleusement avec une installation ultra rapide et un succès immédiat), le sursaut de la Wii U ressemble en ce moment à une réaction bien plus qu’à un style inscrit dans le temps. Faits esquissés et comme pressentis dans une perte de vitesse en termes de retro-gaming : NES, SNES, Nintendo 64, Game Gear, la liste des consoles actuellement en revente par des collectionneurs ou des amateurs se constate petit à petit.