Régordane est le nom d'une ancienne route qui, à travers le Massif Central, relie la Méditerranée aux provinces d'Auvergne.
De la Camargue au Pays Vellave, le chemin de Régordane joint entre eux Garrigues, Cévennes et Gévaudan et tel un chapelet égraine du Puy jusqu'à Saint Gilles ses villes et ses hameaux dont les noms évoquent parfoir les us des voyageurs d'autrefois.
Son origine et son nom, perdus dans la nuit des temps, donnent lieu à de savantes hypothèses. On sait que le nom du chemin est lié à son tronçon cévenol entre Alès et Luc : Régordane évoque la voie des eaux qui s'acheminent de gourgs en gorges vers la plaine. On raconte aussi qu'en période estivale les lits asséchés des cours d'eau servaient eux-même de route.
Au gré de la faille géologique de Villefort, les troupeaux en transhumance ont emprunté depuis des temps immémoriaux cette brèche naturelle ouverte dans les montagnes. Est-ce à l'époque romaine que les premiers travaux ont été entrepris pour en faire une voie carrossable ? Au 17 ème siècle, une tradition orale l'affirmait. Pourtant aucun vestige archéologique probant ne confirme cette hypothèse.
C'est au 11è et 12è siècles que l'itinere regordane connaît son heure de gloire, alors que les foules de pélerins se transportent jusqu'à Saint Gilles, de lieux saints en Terre Sainte. La fréquentation de ce chemin romieu est telle que seigneurs et évèques édifient en des points stratégiques des octrois défendus par des places fortes. Ils perçoivent alors de lucratives taxes sur les droits de passage en échange de leur protection contre les bandits de grands chemins. L'importance économique de la Régordane justifie alors des aménagements facilitant le passage des charrois. En ces temps de grandes affluences, la vie quotidienne s'organise le long de la route. Afin d'assurer gîte et couvert aux voyageurs, outre les nombreuses auberges, le chemin de Saint Gilles est jalonné de maladreries. Ces hospices, toujours situés en rase campagne ou aux faubourgs des villes, pourvoient au repos du corps et de l'âme des "pauvres passants". Sur les dizaines de maladreries que comptait le Chemin de Régordane, il ne subsiste aujourd'hui que celle de Pradelles. Parfois, le souvenir de quelques autres est transmis aux noms de lieux que nous rencontrons au gré de nos pérégrinations : la Maladrière près de Vézenobres, la Malautière à Génolhac...
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 01 juin à 18:40
Vous êtes un bon élève. Vous avez assez bien résumé mon bouquin sur le Chemin de Regordane ! 16/20. Quelques erreurs. Regordane n'est pas le nom du chemin, mais celui d'un pays, d'une province. Le chemin de Regordane est l'artère majeure de ce pays comme, plus au nord le chemin de Forez l'est du pays du Forez. st-ce qu'un jour quelqu'un s'intéressera à ce pays de Regordane ? Un beau sujet de thèse !