Lorsque l'on entre dans la Maroquinerie c'est Ross Voorhees qui s'installe sur la scène. Le public n'est pas encore très nombreux mais le jeune homme s'adresse avec douceur en français et parvient vite à réchauffer la salle. Venu d'Alaska, Ross Voorhees est accompagné ce soir d'un violoniste discret et talentueux. Les deux garçons jouent un folk aux accents countrisants. Avant de laisser la place au maître de cérémonie, Ross nous chante un chant de Noël écrit dans le Montana. Il nous ouvre les portes des plaines gelées des États-Unis, et on ne se lasse pas du voyage.
Baptiste W. Hamon arrive sur la scène de la Maroquinerie sous les acclamations du public, composé selon les surnoms lancés depuis la fosse majoritairement de bons potes et d'habitués. La sangle de sa guitare passée il entame un set riche en invités et en titres surprises. Derrière lui, son band s'amuse au violon, aux guitares, à la batterie et même pour les derniers titres au banjo. On tape du pied, on chante sur " Joséphine ", on pleure sur " Peut-être que nous serions heureux ". Lui-même semble passer par tous les états.
Il invite Theo Lawrence pour deux titres " Mama Tried " de Merle Haggard et " Clay Pigeons " de Blaze Foley où la voix du jeune crooner nous laisse coi une fois de plus. C'est ensuite la voix claire et limpide de Pauline Drand qui vient accompagner celle de notre cowboy poète préféré sur " It's Been a While ". Puis avec la chanteuse du duo Éléphant, Lisa Wisznia, ils entonnent " Quitter l'enfance ". Chaque nouvelle arrivée est entrecoupée de titres des ses précédents EP et album. Vient ensuite Mathias Malzieux, le chanteur de Dionysos pour une reprise de " The Partisan " de Leonard Cohen. Le silence est quasi parfait dans la salle, l'audience est captivée comme envoûtée. Puis c'est au tour de Renan Luce de faire son apparition pour un titre aux notes plus festives - bien que comme ils en rigolent, le texte raconte l'histoire d'un meurtre -, " Delia's Gone " de Johnny Cash. Baptiste laisse sa place à Renan Luce le temps d'un titre solo " Le Clan des Miros ", avant d'accueillir sur scène son banjoiste pour la fin de soirée, avec notamment la " Ballade d'Alan Seeger " et le tube " Josephine " repris en cœur par le public. Ce soir, personne ne veut quitter la scène. Baptiste Hamon fait revenir tous ses invités pour un joyeux " This Land is Your Land " de Woodie Guthrie. Il revient ensuite, seul, sans se faire prier pour un bis généreux avec la magnifique " Peut-être que nous serions heureux " chanté en solo.
Une soirée, riche donc parce que généreuse et surprenante. Baptiste W. Hamon nous a fait naviguer entre l'Amérique et la France, entre poésie et rythmes festifs.
Texte : Jeanne Cochin / Photos : Emma Shindo