Est-ce une menace ? Quand douze engins aux formes inédites viennent prendre place autour de la Terre, les médias passent en boucle l’information, créant un sentiment d’inquiétude, d’angoisse. Il y a des gens qui travaillent, pendant ce temps, pour entrer en contact avec les êtres qui se trouvent dans ces engins : des militaires, des scientifiques, des médecins, des traducteurs… Et, ici, en particulier, une traductrice réputée pour comprendre des langues difficiles, et déjà assermentée pour une autre affaire précédente. Ils sont trois, principalement, en Amérique, à essayer de comprendre ce que veulent les extraterrestres : un militaire (Forest Whitaker), un scientifique (Jeremy Renner), une traductrice (Amy Adams). Dès que l’hélicoptère viendra chercher la traductrice, vous serez embarqué. Dès qu’elle parviendra à établir le contact, vous serez bouche bée. C’est un film sur le langage, sur l’écriture, sur la rencontre de l’autre. C’est une nouvelle Rencontre du troisième type, et c’est aussi un film apparenté à 2001 Odyssée de l’espace. C’est, en effet, à ces deux films que j’ai pensé. Mais c’est encore autre chose. Le film nous parle du temps, le temps s’écoule pendant la prise de contact tandis qu’on imagine sans mal la fièvre, l’impatience qui montent devant les télés et dans les ambassades, et on évoque un avenir dans 3000 ans. Les êtres humains sont-ils capables d’accueillir cette perspective ? Sont-ils aptes à comprendre le temps, le souvenir, le projet ? Les mots n’ont pas le même sens ici et ailleurs sur Terre, ici et ailleurs dans l’Univers. Si vous n’apprenez que le langage du jeu d’échecs, votre objectif sera d’éliminer des pièces pour prendre le roi, et les mots ne diront que cela. Il faut s’assurer, à tout moment, que la plus simple phrase soit comprise et cela passe aussi par le corps, le geste. Comme souvent, il y a un écart entre le titre original et le titre français : ici Arrival est devenu Premier contact. Est-ce vraiment la même chose ?
Denis Villeneuve réussit un film remarquable qu’il faudrait revoir plusieurs fois pour en déceler tous les chemins, pour en goûter tous les éléments, l’habileté de sa construction, l’étendue et la puissance de son propos.