Titre : Pattes d’Eph & Col Roulé
Scénariste : Fred Neidhardt
Dessinateur : Fred Neidhardt
Parution : Juin 2008
« Pattes d’eph & col roulé » est une ouvrage autobiographique relatant la jeune adolescence de son auteur : Fred Neidhardt. Le tout est publié chez « Shampooing ». Le tout nous replonge dans la fin des années 70, d’où les « pattes d’eph » (qui seront d’ailleurs très vite démodées !). Quand l’autobiographie s’empare de la jeunesse de l’auteur, on oscille souvent entre confidences et nostalgie…
Des anecdotes qui s’enrichissent en fin d’ouvrage.
Contrairement à « La peur du rouge » paru deux ans après, « Pattes d’eph & col roulé » n’est pas un récit complet et s’étend sur plusieurs années. En gros, ce sont les débuts de l’adolescence qui sont évoqués ici (premiers poils pubiens, première masturbation, premières virées avec les copains, etc.). Les anecdotes se multiplient donc sans forcément beaucoup de liant au début de l’ouvrage. Mais plus les pages se succèdent, plus les anecdotes à tiroir s’accumulent. Certains copains deviennent des personnages récurrents, certains lieux également et des allusions à ce qui se passe se succèdent. Si les premières pages pourraient être lues indépendamment les unes des autres, c’est beaucoup moins le cas dans la suite. Leur taille peut varier d’une à douze pages. Souvent, une chute amène le rire ou le sourire à la fin.
La façon dont Fred Neidhardt aborde son ouvrage est sans pudeur. Son alter-ego est donc un jeune puceau obsédé qui n’est jamais sorti avec une fille. Son obsession est de tous les instants. Outre ses problèmes sexuels, on retrouve les bêtises que peuvent faire les jeunes de son âge, avec parfois des conséquences dramatiques. Car on oscille toujours entre plusieurs sentiments. Confession, humour, sexualité, nostalgie… Fred Neidhardt ne fait finalement aucun choix et raconte son histoire sans concession.
J’avoue avoir été moins marqué par la première partie. Bien que réussie et drôle, elle présente des anecdotes un peu trop indépendantes à mon goût. Ou alors, peut-être est-ce simplement que le suite est vraiment plus réussie avec son lot de personnages secondaires forts (Pierre-Alexandre, son copain trisomique, Xavier, son copain facho, etc.) et ses fils rouges nombreux (le bunker, les pétards, la cave à objets de guerre…). Je pense que quand il se rapproche du récit, Fred Neidhardt montre vraiment tout l’étendue de son talent.
Au niveau du dessin, c’est un peu particulier. Le trait est vif et simple en apparence. Cependant, le découpage montre beaucoup plus de variété que l’on peut le supposer en première lecture. Les personnages sont tous des animaux (Neidhardt se représentant en cochon !). Le choix est couleurs est très délicat car l’auteur utilise des teintes très éteintes et souvent considérées comme moches (beige, vert kaki, rose…). De plus, il laisse beaucoup de place au blanc et/ou au monochromatisme. Après une gêne dans les premières pages, on finit par s’habituer. Cela donne un aspect très désuet à l’ouvrage en parfaite adéquation avec l’époque des années 70. En cela, j’ai eu un peu le même sentiment lors de la lecture du « Petit Christian » de Blutch. Le graphisme fait un peu vieillot, mais c’est adapté à l’ouvrage.
Au final, « Pattes d’eph & col roulé » se lit comme du petit lait pour ceux qui aiment se remémorer leur jeunesse. N’ayant pourtant pas grand-chose de commun avec l’adolescence de Fred Neidhardt (je n’étais pas né lors des faits, c’est tout dire !), cela ne m’a pas empêché de ressentir de la nostalgie. Un bel ouvrage, prélude au formidable « La peur du rouge ».