Rencontre avec un artiste qui vit et travaille entre Caen et Madrid.
Pouvez-vous expliquer brièvement votre démarche d’artiste ? Votre propos ?
Je suis plasticien. Mon travail s’enracine dans l’univers du spectacle, de l’exubérance et de la représentation où se mêlent baroque et burlesque, sacré et profane. Je suis né dans un cirque ambulant où j’ai passé mes dix premières années. J’ai été contorsionniste. Depuis, la mise en tension du corps me fascine. Je m’interroge sur les antagonismes du masculin/féminin, de l’enfance/la mort, des cultures populaires/élitistes, de l’érotisme/esthétisme.
J’essaie d’ouvrir le champ de tous les possibles car, l’un de mes thèmes de prédilection est la transgression. Comme le dit si bien George Bataille : « La transgression lève l’interdit sans le supprimer ». Dans certaines de mes performances et vidéos, je me mets directement en scène.
Qu’est-ce que vous a apporté votre séjour à la Casa Velazquez de Madrid ?
Le temps de la réflexion est aujourd’hui un luxe rare. Dans une société où nous sommes en permanence sollicités, où remplir son frigo et payer son loyer sont des préoccupations envahissantes, ce séjour m’a permis de ne pas me soucier du quotidien pendant un an. Les résidences d’artistes nous donnent la possibilité de nous concentrer et d’approfondir des pistes de recherches.
J’ai aussi pu découvrir ou redécouvrir un pan de la création contemporaine ibérique et ses acteurs culturels.
Diriez-vous qu’un séjour en résidence à l’étranger permet aux artistes une nouvelle vision de leur art ?
Oui et non. La Casa m’a permis de sortir de ma zone de confort en me confrontant à d’autres pratiques artistiques. C’est un espace d’échanges riches, sans préjugés ni concurrence.
Vivre à l’étranger aide à développer son sens critique, à ouvrir de nouvelles perspectives. Cependant, sur le fondement même de mon œuvre, ce que j’y ai réalisé reste dans la continuité de mes recherches. Si j’avais été à Lille, Marseille ou Bordeaux, de nouveaux regards sur mon travail l’auraient tout autant enrichi.
Dans une société où la majorité des artistes ont du mal à trouver des subventions ou mécènes, comment financez-vous vos travaux ?
Comme bon nombre d’artistes, j’ai des emplois alimentaires à côté du travail d’atelier. Ce qui m’impose une organisation imparable et une volonté de fer pour continuer dans le domaine de la création contemporaine.
Avez-vous une actualité à venir ?
J’ai plein de projets qui me tiennent à cœur.
En décembre, je présente mon travail (avec les autres artistes membres 2015-2016 de la Casa Velazquez) à l’Académie des Beaux-Arts de Paris. Ensuite, je serai en résidence en Normandie, de janvier à février 2017, où je présenterai ma prochaine exposition personnelle à l’Artothèque de Caen.
Et pour finir, je travaille depuis deux ans sur un projet aux Etats-Unis qui verra le jour courant 2017. C’est une sorte de road-movie expérimental en collaboration avec différentes institutions.
Pour en savoir plus : www.romualddumasjandolo.com