En partenariat avec l’émission Vidéo Anniversaire de Radio Campus Bordeaux, Electrocorp démarre un tour d’horizon des collectifs qui font danser les 4 coins de la ville. Pour cette première, c’était l’occasion de rencontrer Microkosm, représentée par Rémi, membre fondateur et Clément aka Menthesis, DJ résident du collectif. Nous avons donc pris le temps de parler de leur association, de Bordeaux et de leurs projets. Les deux loustics en ont profité pour partager leur morceau du moment, ainsi qu’un podcast préparé spécialement pour l’occasion par Menthesis.
Electrocorp : Salut les gars, pour commencer, pourquoi choisir ce nom Microkosm ? Quel message voulez-vous passer à travers ce nom ?
Microkosm : On a choisi ce nom car on voulait monter notre propre microcosme, spécifique et à part, d’où le K à la place de du C. Notre idée au travers de Microkosm c’était de créer une société parfaite pour nous, telle qu’on la souhaite, dans une qui ne l’est pas. Une sphère où tout le monde est acteur et peut faire évoluer le projet. L’acteur étant le public, les artistes, les organisateurs, les promoteurs et ce sans barrières sociales, ou hiérarchie.
E : Quand, où et par qui a été créée l’association ?
MK : L’association a été créée en mai 2014 avec deux amis, Pierre et Adrien. Cela s’est fait sur Bordeaux. On a eu l’idée de créer un visuel et un concept surtout. Cela a abouti à trois mots d’ordres : Pointu, Organique, Industriel. Microkosm c’est la nature qui reprend ses droits sur le côté industriel de la ville. On avait l’envie d’entreprendre toute une démarche autour de l’asso. et cela nous a bien pris sept mois à tout mettre en place. Enfin, en janvier 2015, on a fait notre première soirée au Bootleg.
E : Quelles sont les raisons qui vous ont motivées à monter Microkosm ?
MK : Certains line-ups ne me plaisaient pas forcément sur Bordeaux. Il y avait un côté DJ superstar qui me déplaisait et qui dénaturait l’origine même de la culture du DJ et de la Techno. On avait plutôt envie de mettre en avant l’émergence et de baisser d’un cran la notoriété des DJs. On revient à notre idée de sphère sans hiérarchie.
E : Rémi, ton morceau du moment ?
E : Vous organisez pas mal d’événements dans des bars phares, qui représentent bien l’ambiance de Bordeaux. D’où vient cette envie ?
MK : En réalité, cela s’est fait très naturellement. Quand tu montes une asso., tu es voué à rencontrer du monde, notamment des personnes liées à l’événementiel. Au fil des rencontres, on a sympathisé avec des acteurs de la vie bordelaise et cela s’est fait très facilement. A la base, on a démarché l’Apollo pour la projection de notre clip, puis on a fait pas mal d’événements au DNA, qui était géré par des potes (aujourd’hui le Starfish) et puis maintenant c’est au Santosha que l’on organise des événements musicaux le dimanche après-midi.
E : Clément, tu peux nous raconter ta rencontre avec Microkosm ?
MK : La première prise de contact s’est faite sur Facebook en juin dernier. Rémi cherchait de nouveaux DJs sur Bordeaux. On s’est donné rendez-vous au Santosha, il m’a parlé d’une date à l’Iboat. A l’époque je n’avais aucune expérience en club, j’avais seulement joué dans des bars. Je me suis dit que j’avais tout à y gagner et au final ça s’est très bien passé et depuis je suis un des DJs résidents de Microkosm.
E : Quelle ligne directrice musicale tu associes à ton asso ?
MK : Au départ on était parti sur de la House et de la Micro-House en journée, et de la Techno plus froide et industrielle lors des soirées. Mais finalement, on a dérivé sur de la Techno uniquement, même en journée. Bien entendu, il y a Techno… et Techno, il faut trouver un compromis. A vrai dire, cela fonctionne assez bien en journée, il y a souvent du monde, on est plutôt confiant car le public est là et danse. On commence à se créer une vraie petite communauté. On essaye juste de proposer ce style de musique sous ses différentes formes et on le décline en fonction du format de l’événement.
E : Et artistiquement, Microkosm a-t-elle une ligne directrice particulière ?
MK : Il y a l’aspect expo, dans l’association, qui est très important pour nous. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait une ligne artistique. Cela se résume plus à des coups de cœur avec la personne et ses idées, plus que ses travaux.
E : Comment se passe le premier contact ? Vous faites de la veille ?
MK : C’est souvent des amis des amis donc cela va vite. Aussi, on fait beaucoup de veille oui, c’est très important pour nous de faire attention à ce qui se passe autour. On n’a pas les yeux fermés sur ce qui se passe sur Bordeaux. Mais quand quelqu’un vient nous démarcher, cela nous intéresse aussi beaucoup, on veut vraiment essayer de bien connaître la personne avant de se lancer avec lui. On est très attentif à son travail, on veut savoir quelle est sa pensée. Créer un contact humain avec la personne au-delà de son travail. Je t’avoue que ce n’est pas toujours facile, surtout avec des artistes (rire). Mais cela reste quelque chose qui me plait énormément, j’ai fait de très belle rencontre.
E : Qu’est-ce que vous pensez du mouvement Techno actuel ? Née d’un mouvement plutôt underground, un certain paradoxe apparaît au vu de la généralisation d’événements dans tous type de lieux (publics, privés, undergrounds)…
MK : C’est un débat très complexe. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est prendre ce mouvement comme une mode et une tendance. Il faut comprendre l’idée de culture autour de la Techno. Et pour moi cela passe par arrêter dans un premier temps l’idée du DJ superstar. Laisser une part de mystère autour de ce mouvement. Notre travail c’est de mettre en avant cette culture et non de miser sur un nom. Notre démarche et notre travail, ce que l’on veut faire comprendre avec le collectif, c’est cette idée de culture. On mise sur l’émergence et pour nous un artiste émergent, c’est un passionné. Il va faire un travail aussi ouf qu’une tête d’affiche. Nullement besoin de faire venir un artiste renommé.
E : Je rebondis sur la culture Techno et la musique électronique en général. Comment êtes-vous rentrés dedans, comment vous vous êtes mis à apprécier cette musique ?
Clément : Premièrement par ma mère qui écoutait beaucoup de musique électronique. Donc j’ai été naturellement bercé dedans. Et lorsque je me suis installé à Bordeaux, j’habitais à côté de l’Iboat qui fut le lieu de ma toute première sortie en club. C’était en 2013, j’avais 18 ans. Je voulais voir ce que c’était. Ce fut une révélation, j’ai adoré l’ambiance, ce côté intimiste du club et cette musique sombre et entraînante. Cela m’a tout de suite plu.
E : Quel regard portez-vous sur votre travail depuis deux ans et demi ?
MK : C’est assez difficile. A l’époque j’étais à la fac en Lettres Modernes, mais j’ai toujours voulu faire quelque chose dans la communication et l’évènementiel. Au final, je suis rentré dans un BTS Communication l’année dernière et je me suis rendu compte que j’avais pas mal de facilités, que j’avais vu et compris pas mal de principe grâce à Microkosm. Je trouve ça très enrichissant de monter une association, cela m’a permis d’apprendre tout seul en fait. C’est ce qui est bien avec l’évènementiel, il n’y a pas vraiment d’études, c’est des choses qui s’apprennent sur le tas. C’est de l’implication et de la rigueur.
E : Et toi Clément, tu as déjà monté une association?
Clément : Oui même s’il ne passe plus grand-chose en ce moment, cela reste toujours d’actualité. J’étais dans les Chineurs de Bordeaux. C’est une branche de la Chinerie, un assez bon label national. On organisait ce que l’on appelait « les open-platines ». On a fait mixer les gens qui le voulaient, on était vraiment ouverts à tout le monde, peu importe le style de musique. On essayait de faire ça un peu partout dans Bordeaux, notamment dans des bars non habitués à ce genre de concept. Avec les chineurs, j’étais à la fois DJ, organisateur, je faisais un peu de communication quand il le fallait aussi, bref, de tout.
E : Un morceau, Clément ?
E : En terme d’expériences, quelles ont été les meilleures, et les pires avec Microkosm ?
MK : Le 14 juillet dernier on a fait un de nos meilleurs évènements sur le Marco Polo (bateau installé sur la rive droite à Bordeaux – NDLR) . Ce fut une très belle expérience, la plus enrichissante. C’est là qu’on a le plus appris et touché à tout. Cette date a été très épuisante mais très stimulante, il fallait gérer énormément de trucs, les problèmes avec les patrons d’à côté, les 2 bars, les entrées, etc. On en garde un super souvenir, tout le monde s’est bien amusé, il y avait une belle ambiance, les patrons étaient vraiment super sympas.
On prend aussi beaucoup de plaisir lorsqu’on s’installe à l’Espace 29, une galerie d’art proche de Gambetta. En général on fait ça en journée. Ce qui nous plaît c’est de pouvoir moduler l’espace comme on le souhaite. On est complètement libre. On met tout en place, on s’occupe du bar, on peut exposer des artistes. C’est vraiment stimulant de créer tout un univers dans une galerie, ça nous permet de mettre en avant l’aspect culturel qui nous tient très à coeur dans l’asso…
Honnêtement, je ne me souviens d’aucune mauvaise expérience, à proprement parlé. On apprend toujours de nos erreurs, il y a toujours du bon à retirer de chaque évènement.
E : Quels sont les projets de Microkosm dans mois à venir ?
MK : Actuellement, on travaille sur la partie booking de l’asso et on aimerait emmener nos résidents jouer autre part qu’à Bordeaux, un peu partout en France. Sinon, on continue d’acquérir de l’expérience, de se faire des contacts et on espère avoir un jour notre propre lieu.
E : Où-est-ce que ça en est ?
MK : C’est toujours un peu difficile. On met légèrement ça de côté afin de prendre de l’expérience. On est encore jeune, on a entre 20 et 22 ans. Avoir son propre lieu demande de la maturité et d’acquérir beaucoup de responsabilités. Et puis, cela met de l’argent en jeu. A force d’événements, on aura le bon contact et la maturité pour détenir ce lieu tant cherché.
E : Pour finir, généralement, vous sortez où ?
Clément : Classique, principalement Iboat et Bootleg. Récemment j’ai découvert un bar, le One Percent, il y a de l’espace pour danser et il me semble que les installations tiennent la route. Je n’ai pas encore eu le temps d’y aller en soirée. Je vais bientôt m’y atteler, je pense. C’est assez récent, cela a ouvert cet été je crois .C’est un bar associatif, donc carte abonnement et tout le délire.
Rémi : Récemment, la dernière SSS (SeeckSickSound) à l’Iboat que j’ai bien apprécié avec Stingray. Et puis c’était surtout car SSS a annoncé qu’ils ralentissaient le rythme en termes d’évènements, qu’ils faisaient une petite pause.
Electrocorp : Merci beaucoup pour cette entretien, bonne continuation, que de belles choses pour le futur !
A l’occasion de ce bel échange, Menthesis nous a concocté un podcast principalement axé Techno, représentatif de ce que l’on peut entendre lors de ses prestations.