" Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs,
Je n'ai pas protesté, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester. "
(Martin Nielmöller, pasteur et théologien allemand déporté à Dachau)
Nouvelle journée de désolation ce lundi 19 décembre 2016. J'écris "nouvelle" car, hélas, il n'y a pas une semaine sans attentat sanglant faisant beaucoup de victimes. Le 9 décembre 2016, 56 morts au NIgéria. Le 10 décembre 2016, au moins 44 morts dans un attentat à Istanbul. Le 11 décembre 2016, 25 morts dans un attentat au Caire, dans une église copte et au moins 20 morts à Mogadiscio. Le 17 décembre 2016, un autre attentat en Turquie. Le 18 décembre 2016, 10 morts dans un attentat en Jordanie, dans un site touristique...
La Turquie semble être plongée et se noyer dans le terrorisme, ou plutôt, dans les terrorismes (au pluriel), islamiste et kurde. Heureusement condamné par toute la communauté internationale, l'assassinat d'Andreï Karlov, l'ambassadeur de Russie en Turquie, le 19 décembre 2016 à Ankara, lors du vernissage d'une exposition de photographies sur la Russie vue par les Turcs (un terroriste a tiré sur lui alors qu'il prononçait son discours) semblerait avoir été motivé par ce qu'il se passe à Alep.
Mais une nouvelle tragédie a eu lieu le soir du 19 décembre 2016 à Berlin, en plein centre ville, sur une place du marché de Noël. Un camion a tué au moins 12 personnes, avec un mode opératoire assez proche de l'attentat de Nice du 14 juillet 2016. Le camion serait polonais, aurait été volé à son chauffeur qui aurait été tué.
Tout est lourd de signification dans ces symboles.
Marché : c'est l'économie de marché qui est visée, c'est-à-dire, disons-le clairement, la liberté. La liberté économique, politique. Pas de marché sans liberté. Le débat politique concerne le niveau de régulation nécessaire pour encadrer cette liberté et préserver la solidarité des plus fragiles, mais sans économie de marché, il ne peut pas y avoir de liberté. Cela peut entraîner aussi une société de consommation très poussée, qu'on peut ressentir très pensante à l'approche des fêtes de fin d'année.
Noël : ce sont aussi les pays chrétiens qui sont visés. On le voit bien, pas seulement : les pays musulmans sont également visés et paient un lourd tribut au terrorisme, mais le terrorisme islamiste est en guerre contre les pays chrétiens. Noël est l'incarnation la plus forte du christianisme. Même s'il faudrait rappeler aux candidats terroristes que cette terre européenne fut certes chrétienne mais est aujourd'hui majoritairement déchristianisée.
Berlin : c'est le symbole de la puissance allemande, certains diraient de la puissance européenne. La capitale politique de l'Allemagne, et aussi une des capitales culturelles de l'Europe. Qui a connu à la fois le nazisme et le communisme. Si les paroles de compassion et de solidarité convergent autant vers Angela Merkel, c'est aussi parce qu'elle a voulu donner un sens à la prospérité économique allemande.
Lorsque les premiers internautes avaient réagi aux attentats de " Charlie Hebdo" en affichant un solidaire "Je suis Charlie", ils n'avaient fait que reprendre le fameux "Ich bien ein Berliner" prononcé par le Président John Kennedy le 26 juin 1963 à Berlin : " Il y a deux mille ans, la plus grande marque d'orgueil était de dire "civis romanus sum" [je suis citoyen romain]. Aujourd'hui, dans le monde libre, la plus grande marque d'orgueil est de dire Ich bin ein Berliner ! ".
Ce slogan sur Charlie pouvait aussi reprendre : "Nous sommes tous des Juifs allemands" qui était une réplique pour défendre Daniel Cohn-Bendit attaqué à la fois par l'extrême droite (journal "Minute" du 2 mai 1968) et les communistes (journal "L'Humanité" du 3 mai 1968) qui mettaient en avant son origine juive et son origine allemande pour mieux le discréditer.
Étrangement, la tragédie contemporaine revient à Berlin dans un moment qui devrait être celui de la joie, de la fête, de la préparation aux retrouvailles, à la convivialité. Ce soir du 19 décembre 2016, moi aussi, je me sentais Berlinois... et j'aimerais bien proposer ce slogan pourtant évident : " Nous sommes tous humains" !
Solidarité au peuple allemand !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (20 décembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
L'attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L'unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les attentats contre "Charlie-Hebdo".
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161219-attentat-berlin.html
http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/le-marche-de-noel-a-berlin-187692
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/12/20/34708360.html
Published by Sylvain Rakotoarison - dans Europe et Union Européenne