En 2007, 3 mois après que Barack Obama eût annoncé son intention de devenir candidat démocrate a la présidence, un internaute anonyme a posté sur le net la question suivante:
"Si Obama Bin HUSSEIN al Barack était né au Kenya, comment pourrait-il devenir président des États-Unis?"
La question a obtenu 44 réponses, passant de "Je ne voterais donc pas pour lui, ni pour la lesbienne" à "Tellement raciste comme question..."
Un an plus tard, Hillary Clinton concédait l'investiture démocrate à Obama. Toutefois, exactement comme les supporteurs de Bernie Sanders cette année, des mauvais perdants, extrêmes supporteurs de la candidature d'Hillary, ont alors formé un regroupement appelé PUMA. Pour Party Unity My Ass. On a alors ravivé la rumeur à mêmes les cercles démocrates, mais elle a eue peu d'écho. Puis, Philip Berg, un olibirus démocrate, oui, oui, démocrate lui aussi comme Barack & Hillary, a poursuivi Barack afin qu'il soit obligé de brandir et montrer à tous son certificat de naissance. Les avocats d'Obama ont étouffé l'affaire y voyant une distraction peu utile. Ce qui a confirmé dans la tête de quelques lumières de 20 watt qu'Obama admettait mentir sur sa naissance.
Russ Limbaugh, le André Arthur des États-Unis, a repris le sujet à sa tristement populaire émission de radio et bientôt 60% des Étatsuniens avaient été exposés à la question mais seulement 10% croyaient qu'il y avait anguille sous roche.
En 2008, le journal papier était déficitaire pour une 6ème année consécutive. En revanche, Facebook était évalué à 15 milliards de dollars et obtenait son cent millionième souscrivant. De plus en plus de gens s'abreuvaient d'actualités à même le site de Zuckerberg et bien souvent, pas ailleurs.
En 2008 et 2009, les journaux n'ont jamais vraiment donné suite à cette histoire de certificat de naissance, ni prêté voix aux birthers. Sans médias sociaux, cette histoire est morte née. mais voilà, la braise était encore vibrante sur le net sur le sujet.
Quand Obama a gagné la Présidence, le feu s'est rallumé. Ce noir ne peut pas être né ici, Dès août 2009, 38% d'Étatsuniens croyaient qu'il était né ailleurs ou n'en était pas certain (et même si c'était vrai, bande d'andouilles racistes?!, qu'est-ce que ça change?).
Quand quelqu'un se lance en politique, il lance des perches. Ça fonctionne généralement comme ça. Le candidat potentiel en glisse un mot à un journaliste ou fait circuler la rumeur sous le couvert de l'anonymat et soupèse la réaction une fois l'info rendue publique.
Donald Trump a lancé sa première perche politique en 1987. Il s'est envolé pour le New Hampshire après avoir lancé la rumeur qu'il serait un candidat politique et a livré un discours, qui n'était pas un discours politique a-t-il précisé comme une lune derrière un nuage dirait "je ne suis pas un astre". Son discours se résumait à ceci: "Faisons le contraire de ce que le Japon veut". Dans l'adversité dès le départ.
Ça a bien entendu généré sa part de presse et les réactions sont passée de "amusée" à "si il se présente, je voterais pour lui. Si il ne le fait pas en 88, je l'espère en 92". Mais les eaux ne bougeaient pas assez, Le calcul n'était pas encore bon. Ce n'était pas encore l'ère du Iphone et de la transmission rapide. Les gens étaient davantage des receveurs d'infos que des distributeurs d'infos.
En 1999, Trump remet ça. Il dit à Larry King à la télé qu'il serait candidat à un Reform Party et qu'Oprah Winfrey pourrait être sa co-listière. Les réactions sont toujours amusées, mais plusieurs s'informent. "Le fera-t-il? il devrait peut-être, avec l'état de notre pays!".
En 2011, Trump allait lancer la perche politique la plus opaque de toute l'histoire de la politique des États-Unis.
Le compte twitter de Donald Trump a été lancé pour la première fois, en 2009. Son tout premier tweet était rédigé à la 3ème personne. Il allait comme suit; "Soyez à l'antenne et regardez Donald Trump, ce soir, à Late Night With David Letterman, c'est lui qui présentera le top ten!". Peu à peu, son compte tweeter deviendra tout simplement un déversoir de stupidités d'enfant de 14 ans, mais nous n'en sommes pas là, encore.
Le 21 janvier 2011, Trump lance sur Twitter une nouvelle perche: un lien menant au site shouldtrumprun.com. Où le message suivant les y attendait:
Des promesses vides font écho au travers de la nation tous les 4 ans; sévissant le temps qu'enfin quelque chose de bien survienne. Voilà enfin la vraie affaire: Donald J. Trump.
Mais c'est tout juste retweeté quelques douzaines de fois. La stratégie suivante le mènera à la présidence. Il doit trouver ce qui relierait média de masse et média sociaux. Pendant 6 semaines en mars, il déterre l'idée qu'Obama serait Kenyen de naissance et en parle obssessivement pendant toute cette période. Les Birthers ont une voix. Il se rend à l'émission The View de Barbara Walters et jappe sans arrêt qu'il veut qu'Obama nous montre son certificat de naissance, qu'il y a des choses là-dedans qu'il veut cacher, qu'il y a des choses qui le rendent inconfortable. Walters est outrée, mais la blogosphère, Facebook et la twitosphère s'embrase. Donald brasse de la merde et les mouches s'agitent.
Trump n'applique pourtant aucunement cette logique de transparence à ses propres impôts...
Mais il sait ce qu'il fait. Il ajoute même en entrevue qu'avant, pour avoir son nom dans l'actualité, tu devais avoir fait quelque chose d'important:...construit un immeuble, battu un record sportif, triché sa femme, offert un discours, mais dans cette ère de réseaux sociaux, la barre est beaucoup plus basse. En mai, il lance sur Facebook que ce ne sera pas pour cette année, mais qu'il y pense encore. Les réactions dépassent vite le 2000 "J'aime" et plus de 3000 commentaires fusent, se plaignant de la chose. Le lendemain, un livre était lancé appelé "Where's the birth certificate?", devinez parlant de quoi? Un livre inutile puisqu'Obama a rendu public son certificat de naissance d'Hawaï et dont la réponse toute simple se trouve toujours en image sur le lien Whitehouse.gov.
Mais ça, Donald le savait. Il ne faisait que tester les eaux. Utilisant un comportement animal, avec une cause futile, un certain flair politique, et un voile de racisme. Il galvanisait la colère de l'homme blanc. Il venait de choisir son arme de victoire: les réseaux sociaux. Il serait distributeur d'infos. Mêmes fausses.
Auparavant, Trump devait passer par une demie douzaine de spins doctors ou de conseillers avant de faire quoi que ce soit, tandis qu'avec les réseaux sociaux, tout se rendait tellement plus vite pour le tireur fou.
Ses "propos de vestiaire" misogynes ont été largement tweetés,
@Bette Midler, elle parle de mes cheveux, mais je n'aurais pas le droit de parler de son corps et de son visage affreux? n'est-ce pas deux poids/deux mesures?
Abrutissement aimé des millions de fois.
Désinformation: l'inoculation massive chez les jeunes enfants serait la cause de l'augmentation de l'autisme. (23 août 2012).
Et autres grossièretés qui n'ont plus besoin de publicité.
Trump avait son outil pour attirer l'attention quand il le voulait, si il le voulait, comme il le voulait.
Et vite.
Il n'y aucun doute que les réseaux prétendus sociaux, pour lesquels mon mépris prend chaque jour de nouvelles formes, ont joué un grand rôle dans les dernières élections Étatsuniennes.
Il ne fait aussi aucun doute que Trump s'est moqué d'à peu près tous les journalistes traditionnels et continuera probablement de le faire.
Il a compris qu'il était le candidat viral idéal.
Des réseaux sociaux milléniaux qui ont forgé son trône.
Le Collège Électoral et ses grands électeurs votent aujourd'hui pour déterminer si Donald Trump est acceptable comme futur président.