Le Capitaine Haddock sans ses injures c’est comme Tintin sans Milou ; ça ferait de nous des orphelins et les célèbres bandes dessinées d’Hergé n’auraient pas la même saveur et seraient plus fades. Souvent alambiquées, faites de mots compliqués dénués de toute valeur péjorative, les injures de ce matelot mal luné, dites sur un ton menaçant semblent agressives et violentes, mais que nenni, il s’agit juste de » gros mots » de par leur longueur et leur complexité. Nous avons déjà évoqué l’un des jurons favoris du capitaine Haddock la catachrèse . Aujourd’hui faisons un zoom sur une autre figure de style déguisée en gros mot quand elle sort de la bouche du marin bougon.
Il s’agit de l’anacoluthe.
Jetée à ceux qui le contrarient, comme une invective dans le Crabe aux pinces d’or, Tintin au pays de l’or noir, Objectif lune, On a marché sur la Lune et Coke en stock, ce terme désigne en réalité une incohérence de construction dans une phrase. Quand l’anacoluthe sévit par inadvertance dans une phrase, le propos semble perdre toute logique créant une véritable ambiguïté. La syntaxe s’en trouve toute chamboulée et la compréhension du texte est brouillée. C’est un peu comme si le locuteur ou l’écrivain mélangeait deux phrases et sautait du coq à l’âne (idiotisme animalier).
Exemple (de mon invention, ce n’est pas du Hergé !) :
« Dans la rue était pleine de monde quand Tintin s’approcha »
« Haddock veut voir et parler à Tintin »
Quand elle est volontaire et usitée par les grands auteurs, l’anacoluthe possède une valeur poétique et sert le texte où elle se glisse.
Exemple :
« Les autres éternellement sur nous, j’étouffe! » (P. Claudel)
« Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » (Pascal)
Et vous ? Saurez-vous en commentaire, nous faire rire avec vos meilleures anacoluthes ? Sans injures hein ?