Premier spin-off de l’univers Star Wars, Rogue One – A Star Wars Story cherche délibérément à s’affranchir autant que possible des épisodes précédents, aussi bien sur le fond que sur la forme, allant même jusqu’à se passer de l’habituel générique déroulant en début de film. Un affranchissement louable et intéressant dans l’optique d’insuffler un vent de fraîcheur à la saga, mais qui ne convainc malheureusement pas totalement sur le plan scénaristique.
Si le script s’avère particulièrement efficace dans sa capacité à brosser une histoire qui tient la route à partir d’une simple phrase lâchée au début de l’épisode IV, il souffre en effet grandement de son statut de spin-off. Ainsi, malgré toute la bonne volonté des scénaristes pour s’éloigner du schéma classique des films Star Wars, l’issue est connue dès le départ et le long-métrage finit donc inévitablement par faire – de très belle façon il faut l’avouer – la jonction avec l’épisode suivant. Le récit dans sa globalité n’en pâtit pas réellement, celui-ci se révélant plutôt agréable et enlevé malgré les nombreuses ficelles, mais on ne peut malheureusement pas en dire autant des personnages. Hormis l’héroïne Jyn (interprétée par Felicity Jones), qui bénéficie notamment d’une relation intéressante avec son père Galen (Mads Mikkelsen), tous les personnages manquent cruellement d’épaisseur, échouant de ce fait à susciter un véritable attachement. Et c’est d’autant plus regrettable que leur trajectoire finale vaut pourtant le détour.
Finalement, le seul point sur lequel ce nouvel opus ravit vraiment concerne les scènes d’affrontement. Jouant magnifiquement avec les échelles, en particulier lors de la titanesque bataille finale, le réalisateur Gareth Edwards montre la guerre de façon extrêmement réaliste, comme elle l’a rarement été dans la franchise. C’est à mon sens l’aspect le plus intéressant du film et rien que pour cela, Rogue One mérite largement le coup d’œil. Pour rester dans l’approche visuelle, les environnements traversés par les rebelles constituent aussi certainement l’une des qualités du long-métrage. Si on pourra légitimement reprocher aux premières planètes de s’enchaîner trop rapidement, et de ne pas faire preuve d’une grande originalité (décor désertique, rocailleux…), leur rendu à l’écran se révèle tout de même assez somptueux. En outre, la richesse visuelle de la dernière planète rehausse largement le niveau de satisfaction générale. Côté sonore, le constat est en revanche quelque peu décevant puisque la composition musicale de Michael Giacchino semble continuellement recycler de vieux morceaux, peinant par conséquent à insuffler un véritable souffle épique aux images.Pour conclure, malgré son intérêt limité d’un point de vue purement narratif, Rogue One – A Star Wars Story s’avère donc être un divertissement efficace. Compensant la transparence de ses personnages par des scènes d’affrontement épiques, le film remplit son contrat sans faillir… sans fulgurances aussi.