Autant dire tout de suite que j’ai passé une merveilleuse soirée. Agnès Varda ne s’encombre pas de codes convenus pour filmer. Elle laisse aller sa sensibilité avec une grande liberté. Du noir et blanc et de la couleur, des extraits de films vers lesquels le spectateur est envoyé par un index tendu dessiné, des plans très rapprochés de Jacques Demy où l’on voit le grain de sa peau, chaque cheveu, où l’on perçoit des miettes de vie.
Un autre bonus raconte Nantes, comment sa ville natale est inscrite dans son oeuvre. Et là, il est fait allusion à André Breton en citant “Nadja”. J’ai retrouvé l’extrait en question :
Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-même de trop de feux (je l’ai constaté encore l’année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière, je crois, qu’accompagnait un homme, et qui a levé les yeux : j’aurais dû m’arrêter), où pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes, d’où peuvent encore me venir des amis, Nantes où j’ai aimé un parc : le parc Porcé.
Je ne connais pas Nantes. Depuis longtemps, je rêve aussi d’aller à Rochefort. Un pèlerinage ? Je n’aime pas ce mot qui a une connotation trop religieuse pour moi. Un voyage “dans les pas de...” tout simplement.