J’avais envie de consacrer un deuxième article à ce joli petit livre de poésie chinoise paru chez Picquier poche.
C’est donc l’occasion de vous proposer un nouveau choix de poèmes, cette fois à partir du 10ème siècle.
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Un bateau solitaire dans le calme de la nuit vogue sur les vagues,
Des roseaux sur les rives font face à la pleine lune,
Un poisson aux écailles d’or s’enfonce dans l’eau,
Et le pêcheur en vain s’accroche à sa ligne.
YUANJIAN FAYUAN (1025- 1072)
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La pluie a lavé les pétales roses des pêchers,
Le vent a épousseté les branches vertes des saules.
De la blancheur des nuages sort un rocher étrange,
De l’émeraude des eaux, la droiture de vieux arbres.
BAOFEN WEIZHAO (1084 – 1128)
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Présentation du maître chan
Ce que le maître enseigne est déjà en vous-même,
Pensée inépuisable que vous scrutez sans voir.
Si, le cœur concentré, vous voulez la saisir,
Feuille effrayée d’automne, elle tombe dans le vide.
XUTANG ZHIYU (1185-1269)
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Visite d’une personne de mon village
J’ai quitté mon village, oublié ma famille,
Repenser au passé engendre des regrets,
De vieux amis évoquent le temps de ma jeunesse,
Mais les fleurs d’autrefois désertent l’arbre mort.
Les saules sur la berge pendent sous la rosée,
Les monts devant ma porte ont la couleur de l’aube.
A ce seul paysage se réduit le présent,
A quoi bon rappeler la beauté du passé !
HANSHAN DEQING (1546-1623)
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Le mendiant
Un bol de perdition que je lève en ma main
Laisse ainsi apparaître ma vie de libertin.
La vieille ne comprend pas les intentions d’un bonze
Et demande au voisin : que fait-il dans la vie ?
LINGXIYU (dates inconnues)