Retour sur la campagne d’Hubert Patural un intrus dans les Municipales de Saint-Etienne

Publié le 14 décembre 2016 par Jean-Pierre Jusselme

19 h 15. À l'heure où la réunion de Hubert Patural doit commencer, ils ne sont encore qu'une dizaine à être arrivés dans le local de campagne qui donne sur l'avenue de la Libération... et sur celui de Gaël Perdriau, le candidat UMP-UDI, qui se trouve à une centaine de mètres. Le candidat annonce le fameux " quart d'heure stéphanois " avant de débuter. Quart d'heure qui sera plus proche de la demi-heure, le temps de laisser arriver de nouvelles personnes. Ils sont finalement une vingtaine à venir assister à cette conférence, dont plusieurs sympathisants ou membres de son équipe.

La conférence est filmée. Éclairé par deux spots, Hubert Patural utilise le rebord de la fenêtre comme estrade, dos au calicot de plusieurs mètres qui domine le premier étage de l'immeuble. Les réunions publiques de la fin de l'année 2013, qui commençaient invariablement par " Je suis heureux en famille, heureux en amitié, heureux professionnellement... mais malheureux dans ma ville ", sont maintenant derrière. De même que les déclarations tonitruantes telles " Je me sens largement supérieur à Maurice Vincent, Gaël Perdriau ou Gabriel de Peyrecave ". Hubert Patural n'en est plus aux présentations. Il est entré dans la campagne et le discours de ce soir débute par l'exposé des estimations de vote au premier tour des élections municipales.

Chassez le naturel...

Lors d'une précédente réunion publique dans un restaurant du centre-ville, au mois de novembre, Hubert Patural n'hésitait pas à faire part de certains de ses projets pour Saint-Étienne : la création du bâtiment que " nous n'avons pas ", à savoir un immense centre commercial de 200 boutiques situé entre les places Carnot et Jean-Jaurès, avec gratte-ciel et restaurant panoramique ; ou encore la mise en place d'un service de voituriers pour les restaurants, afin que " les voitures de luxe réhaussent le niveau de la place Jean-Jaurès et attirent une meilleure clientèle que celle des kebabs ".

Celui qui se définit lui-même comme " un intrus " dans cette campagne s'en tient aujourd'hui à des propositions plus concrètes, plus en adéquation avec les attentes des électeurs. Il ne peut toutefois s'empêcher de relever la profession de chacun de ses adversaires, et notamment le fait que plusieurs d'entre eux soient enseignants. Pour cet entrepreneur, " un prof a le temps de faire de la politique. Moi, jusqu'à présent, je n'avais pas le temps ".

Quant à ceux qui aiment se retrouver autour d'un verre ou d'une partie de pétanque, qu'il ne se fassent pas d'illusions. Si Hubert Patural est élu maire de Saint-Étienne, les amicales laïques auront bien du mal à obtenir quelques subventions, puisqu'il préfère " encourager l'effort plutôt que l'oisiveté ".

Il n'hésite pas non plus à attaquer les journalistes de la " presse plus que corrompue " qui osent questionner ses annonces concernant l'implantation d'entreprises à Saint-Étienne, dans le cadre des activités de sa société d'expertise, OCBI.

Des chiffres et des lettres chiffres

S'il fustige les autres candidats, qui appartiennent tous à des partis, il tombe lui aussi dans certains travers des " professionnels " de la politique, n'hésitant pas à jeter à la volée des chiffres que le public est dans l'incapacité de vérifier sur le moment même. Ainsi, 56 % des Stéphanois vivraient des minimas sociaux (les seuls 44 % restants ayant donc à supporter la dette de 2 400 € par habitant) ; Maurice Vincent aurait fait entrer cet automne 2 000 Roms, " tous inscrits sur les listes électorales "... Une population qui, selon lui, va naturellement voter pour celui qui " tous les jours leur saupoudre des aides ". Et qu'il qualifie de " cas soc' ".

Il se lance ensuite dans une autre estimation du nombre de voix qui lui seraient nécessaires pour arriver devant l'UMP et le FN dès le premier tour. Rien de moins.

Un " raz-de-marée " peu probable

Bien qu'il ait déclaré au début de sa conférence qu'il ne ferait pas de promesses, Hubert Patural y succombe cependant. En cas de victoire, il rétablira tous les " sens de circulation naturels " de la ville, créera de nombreuses places de parking partout en centre-ville, créera un fonds de placement de proximité afin de convaincre quelque 10 000 habitants de l'agglomération de rapatrier leurs économies, achètera des voitures pour la police municipale... et, surtout, il baissera les impôts directs de 20 % dès 2014 !

Même s'il reconnaît qu'il ne faut pas être trop optimiste, il espère que " cette vague de fond qui se dessinait il y a quelques semaines " puisse se transformer en " raz-de-marée ". Toutefois, en ne s'adressant qu'aux travailleurs indépendants, commerçants et artisans, en s'en prenant entre autres aux fonctionnaires ou aux chômeurs, et en ignorant les autres, Hubert Patural risque d'avoir du mal à réunir derrière lui les 11 000 électeurs dont il dit avoir besoin pour arriver en pole position de la droite au premier tour.