Je souhaite revenir via ce petit billet express sur ce qui fut l'événement marquant de marquant de mon année 2016 en matière d'halieutisme.
Il s'agissait d'une semaine de vacances pour Matt, sa belle étant allé rendre visite à sa famille au Canada, il en a profité pour poser quelques jours de congés et les dédier à ce qui nous donne l'impression de ne pas trop perdre notre temps.
Cette semaine fut riche en moments en tout genre, dans le désordre : galères de mise à l'eau, repas gastronomiques dans le canap', panne d'appareil photos mais aussi quelques beaux poissons (rayer la mention inutile).
De la session express piétonne de quelques heures à la journée complète sur le bateau, on a tout essayé. Je m'étais fixé pour objectif d'attraper un gros brochet et je m'en suis donné les moyens. Des heures durant j'ai lancé des leurres de 20cm, à en avoir des douleurs articulaires le soir venu.
Matin brumeux de fin octobre, une mise à l'eau rock'n roll comme on aime, de celles où l'embrayage laisse un peu de son odeur sur la berge humide. Nous ne connaissons pas le lac mais avons quelques infos, pour moi, la stratégie sera similaire aux jours précédents : gros shad en pélagique. La mâtiné est longue, Matt veut déjà rendre les armes sur les coups de midi. Un gros poisson suit mon shad nonchalamment jusqu'au bateau sans daigner mordre. Ça me redonne un peu de tonus à mon mental qui commençait à s'user et nous permet de prolonger la journée. Il y a du vent et il fait plutôt gris, des conditions météo rêvées, pas pour conduire l'électrique à pédale certes, mais mon coéquipier favori fait ça très bien !
Je lance inlassablement mon shad jusqu'à prendre l'arrêt tant attendu. Matt me demande si c'est gros, et je réponds sur de moi que c'est pas mal. Il ne s'agit pas du gros poisson tant attendu, mais c'est correct quand même : 72cm à la réglette.
Nous sommes aux abords d'une pointe, battue par le vent, et à peine le brochet reparti que je me remets au travail. Il ne faut pas plus de 2 lancers pour que je sois à nouveau arrêté. Même protocole, même question de la part de mon partenaire. Ma réponse sera en toute retenue pour ne pas faire de nouveaux faux espoirs : "Franchement, j'en sais rien". Mais il aura sa réponse tout seul, en voyant la bête émerger en surface : "Waow, mais il est très gros !" je me contente de répondre mon "ah bon ?" habituel, surpris et me concentre sur le combat. Une lutte sans merci se lance, il est énervé le type. Je sens la fin arriver quand il se cache sous des herbiers denses mais j'arrive tant bien que mal à l'en extirper.
Évidemment, on a oublié la grosse épuisette quelque part dans le garage, et Matt se dévoue pour le prendre à la main. "Tu vas voir, sur les gros poissons comme ça, c'est une poignée de valise !". Il avait fait un rangement du bateau hyper efficace, lucide le garçon. La bête est à bord, on le mesure, 113cm, on prend quelques clichés qui resteront gravés dans nos mémoires et on lui rend sa liberté. Une poignée de main gluante, un grand merci et une clope. Je suis sur un nuage. Je n'avais jamais attrapé de brochet dépassant le mètre, barre fatidique, c'est chose faite.
Mais ce qui me tient le plus à coeur, c'est pas tant les dimensions spectaculaires du poisson pour un plan d'eau public de chez nous, c'est le fait d'avoir partager ça avec Matthieu. Je pense qu'il pourra confirmer que ça se voyait dans mes yeux, j'étais redevenu un gamin de 8 ans, émerveillé, plein d'émotion. Et ça, ça fait quelque chose.
Je vous laisse sur ces clichés, et en musique :
"C'est à travers de larges grilles,Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu'en-dira-t-on.
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M'a défendu de nommer ici...
Gare au gorille !..."
A+ Benji