Drones : les enseignements du monde anglo-saxon à la France

Publié le 13 décembre 2016 par Pnordey @latelier

De nouveaux projets de drones viennent d’être dévoilés de l’Australie à la Floride : test grandeur nature de livraison de pizza, ballet de centaines d’engins pour Disney. En France, l’accent est davantage mis sur la protection contre les drones.

Les développements en matière de drones apportent chaque semaine leurs nouveautés spectaculaires. L’une des dernières en date a fait le tour du monde est la vidéo de cette livraison en live d’une pizza en Nouvelle-Zélande pour Domino’s Pizza. Les conditions de ce test grandeur nature sont certes particulières : une maison, dans un environnement plutôt naturel, avec un jardin. Mais surtout, une zone au-dessus de laquelle le drone peut s’arrêter, voler en stationnaire et faire descendre sa pizza avec une petite nacelle pour la déposer sur un espace de réception spécialement prévu. Ce sera évidemment plus compliqué quand il faudra faire la même chose dans un appartement à New York, Paris ou Shanghai.

Autre annonce spectaculaire, Disney a annoncé qu’il prévoyait de réaliser en Floride un ballet de drones d’une dimension inédite : 300 d’un coup qui voleront au-dessus d’un lac. Ils seront chargés de dessiner dans le ciel le fameux château de la Belle au Bois Dormant. Plus fort que son célèbre feu d’artifice pour clore sa fameuse parade. Ces drones seront signés Intel avec sa technologie « Shooting Star ». Ils disposent d’une palette de couleurs disponibles inimaginables (plus de quatre milliards, selon le fabricant) et peuvent même voler sous la pluie.

Ces exemples illustrent l’approche anglo-saxonne en matière de drones : aller de l’avant, tester, tenter, une approche fidèle à la dynamique d’innovation et de disruption qui a fait le succès des Gafa, Google, Apple, Facebook, Amazon et qui dominent aujourd’hui la planète de la tech et des réseaux sociaux. Mais côté Français, les dernières nouveautés dans le développement des drones, qui font écho aux interrogations sur l’innovation en France et sur la difficulté d’y faire émerger le Google de demain, sont, elles aussi, symptomatiques.

Brigade anti-drones sur l’aéroport de Villacoublay

Ainsi, le développement du marché s’inscrit davantage dans la protection contre ces engins volants que dans l’imagination de leurs nouveaux usages. Une grande démonstration sur l’aérodrome militaire de Villacoublay vient ainsi de dévoiler tout l’arsenal anti-drones. Certains ont même parlé d’une véritable filière industrielle. Et récemment, un grand coup de projecteurs a aussi été porté sur le dressage d’aigles fin de pouvoir intercepter les drones, notamment pour mettre fin aux inquiétants survols par ce type d’engins de sites sensibles, comme les centrales nucléaires.

Limiter l’approche française à cette seule vision défensive serait bien sûr caricatural. Une récente étude réalisée pour BPIFrance, la Banque publique d’investissement, avec le cabinet Xerfi, soulignait ainsi le dynamisme du secteur en France, particulièrement dans le domaine militaire avec Thales, Dassault et Sagem-Safran. Mais ce dynamisme ne s’arrêtait pas au domaine civil largement représenté par l’incontournable Parrot, mais également par la lyonnaise Delta Drone et les toulousaines Drone-Volt et Delair-Tech. Cette dernière ayant récemment été récompensée pour sa croissance exponentielle dans le cadre du Fast 50 du cabinet Deloitte.

Les robots de demain

Cette filière de drones vise à répondre, au-delà des aspects « jeux » ou « gadgets », à un véritable enjeu industriel. En B2C, des drones de sauvetage en mer pouvant apporter des bouées aux nageurs en difficulté ont été testés avec succès l’été dernier, sur des plages françaises. Et certains drones sont expérimentés comme moyens de transport individuel pour l’avenir, des surfs volants. 

En B2B, les drones peuvent devenir des acteurs importants dans la construction par exemple ou dans des assemblages en hauteur. En tout cas, des analystes estiment que les drones pourraient représenter une évolution technologique aussi majeure que celle du téléphone mobile ou de l’ordinateur portable et les robots de demain seront en grande partie des drones, capables de tout faire.