Ils sont arrivés ensemble à l’église Santa Maria delle Grazie de Milan où se sont déroulées jeudi 14 avril les obsèques de Gianroberto Casaleggio, cofondateur du Mouvement 5 Etoiles( M5S) décédé, mardi à 61 ans, d’une tumeur au cerveau. Beppe Grillo et les cinq membres du directoire du parti ont conduit le deuil de leur ami et mentor. Une image de compacité, d’union, comme pour mieux démentir ceux qui pronostiquent que la disparition de l’idéologue du parti prélude à une guerre de succession.
De ce groupe, c’est Luigi Di Maio, 29 ans, vice président de la Chambre des députés, qui fait figure de favori pour prendre un jour en main les destinées du parti, obligeant Beppe Grillo, pour un temps, à renoncer à son envie de « prendre du recul » pour assurer une transition et calmer les esprits. A peine connue la nouvelle du décès de Gianroberto Casaleggio, Di Maio était déjà dans l’avion pour Milan pour s’entretenir avec le fils aîné du défunt, Davide.
Ce dernier héritera des responsabilités techniques de son père dans la société Caseleggio Associati, à savoir la gestion du blog beppegrillo.it (où pas moins de cinq photos de Di Maio illustrent aujourd’hui la home page) qui reste, même s’il est moins suivi que par le passé, le vecteur de communication du Mouvement. Davide Casaleggio devrait également développer la plateforme internet de connexion entre les élus et les militants baptisée « Rousseau » et mise en place une demi-heure après la mort de Gianroberto Casaleggio.
Luigi Di Maio, lui, devrait prendre de plus en plus de poids dans le Mouvement. Déjà les médias en font le chef de file du M5S aux élections législatives prévues en 2018. Les sondeurs le testent à l’égal de Matteo Renzi ou de Matteo Salvini. Policé, bosseur, beau parleur, cravatté, prenant bien la lumière des innombrables talk shows de la télévision italienne, il avait pronostiqué un peu tôt :« Grillo et Casaleggio auront de moins en moins de place au sein du Mouvement ». C’est aujourd’hui chose faite.
En attendant, d’autres changements moins visibles mais tout aussi importants sont annoncés. Le M5S poursuit sa métamorphose organisationnelle. Après la création du directoire, voici venir celle du bureau politique. En effet les différentes sections du système « Rousseau », seront confiées à la responsabilité d’autant de parlementaires choisis parmi les plus fiables. Petit à petit l’esprit des origines, l’aspiration à la transparence et le fameux « un égale un » disparaissent au profit d’une structure plus pyramidale aux pouvoirs concentrés entre les mains de quelques uns.
« Onestà!Onestà! » (honnêteté, honnêteté!) criaient les militants en applaudissant, comme c’est de coutume en Italie, le cercueil de Gianroberto Casaleggio sortant de l’église ce matin. Les parlementaires ont repris eux aussi ce slogan. Parmi, eux, Luigi Di Maio semblait guider la claque. Sur une note de blog, postée tout de suite après les obsèques de son ami, Beppe Grillo écrit, comme un rappel, ou un conseil, à celui qui voudrait sortir du lot: « La vision commune a été notre force ».
Philippe Ridet