Au programme : Mercure brille à l'aube et croise Jupiter le 11, alors que Vénus, Saturne et Mars éclairent le ciel du soir au pied de la Voie lactée.
Un orage violent chamboule le ciel de l'aube, bousculant la constellation d'Orion et repoussant la nuit ; cliquez sur l'image pour l'afficher en grand format et mieux voir Orion en haut à droite... Pour les amateurs de technique, cette image a été prise une demi-heure avant le lever du Soleil avec un objectif de 14 millimètres de focale (pose de 4 secondes à 160 ISO). Un peu plus bas dans ce billet, vous pouvez afficher un portrait de cet orage réalisé deux heures plus tard.
© Guillaume Cannat
Ciel d'orage
Et voilà, l'été s'en est allé et les vignes déjà s'habillent de cuivre brûlé. Dans quelques jours nous changerons d'heure et nous nous rapprocherons du Soleil. D'ici un mois ou deux peut-être, la neige éclaircira les sols noircis par les débris orageux de l'automne. Quelle transformation ! Hier encore il faisait chaud au point de se baigner et l'envie d'un feu de bois éclate soudain comme une pomme de pin dans les flammes. Quelques orages d'une rare intensité ont bousculé l'été, mais celui-ci revenait chaque fois à la charge dans un grand déballage de halos et de parhélies. Les ciels dégagés ont été rares mais splendides, d'une pureté parfaite et d'une réelle qualité observationnelle. Plusieurs fois, ces derniers jours, la Voie lactée a hanté de sa présence la voûte céleste que la ville toute proche illumine.
Orage du 16 septembre 2016, à côté de Montpellier.
© Guillaume Cannat
La Lune est nouvelle le 1er dans la Vierge, elle atteint son premier quartier le 9 dans le Sagittaire, elle est pleine le 16 dans les Poissons, au dernier quartier le 22 dans les Gémeaux et une seconde fois nouvelle le 30 dans la Balance.
Consultez également la page des phases lunaires pour l'année 2016.
Cartes du ciel
Cartes du ciel visible en octobre 2016 vers la fin du crépuscule et à l'orée de l'aube à la latitude de la France métropolitaine. Cliquez sur les cartes pour les afficher en grand et les imprimer pour votre usage personnel. La position des planètes est bonne pour le milieu du mois.
© Guillaume Cannat
Ces cartes peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l'intérieur d'une bande s'étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l'étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, l'étoile Altaïr de l'Aigle sera d'autant plus proche de l'horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l'étoile Polaire sera plus proche de l'horizon nord et Altaïr sera plus éloignée de l'horizon sud.
Attention, ces cartes ne sont pas à l'envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l'est serait bien à votre gauche et l'ouest à votre droite.
Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l'endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l'horizon. La partie la plus dense de la Voie lactée est dessinée, mais vous ne distinguerez cette bande irrégulière et fantomatique que dans un ciel suffisamment protégé de la pollution lumineuse. En ville ou en milieu périurbain, seuls les astres les plus brillants parviendront à s'imposer.
Les rapprochements entre les planètes, la Lune et les étoiles que je décris peuvent être admirés pratiquement partout sur la Terre (sauf précision contraire dans le texte), mais les dates et les heures indiquées, ainsi que les positions relatives des astres sur les illustrations ne sont précises que pour la France métropolitaine.
Illustrations © Guillaume Cannat
Si vous n'avez jamais vu Mercure, profitez des premiers jours d'octobre pour tenter de l'apercevoir à l'aube. Une heure avant le lever du Soleil, vous pouvez repérer son bel éclat à quelques degrés de hauteur au-dessus de l'horizon est. C'est l'astre le plus brillant dans cette région du ciel en ce moment, mais Jupiter arrive et reprend la première place dans le courant du mois (voir le 11 octobre un peu plus loin dans ce billet).
Le lundi 3 octobre au crépuscule, quarante-cinq minutes après le départ du Soleil, Vénus est visible au-dessus de l'horizon ouest-sud-ouest, à moins de 5 degrés de hauteur. Un jeune croissant l'accompagne 4 degrés plus haut dans le ciel. Les lueurs crépusculaires s'effacent peu à peu alors que le Soleil s'enfonce sous l'horizon. En automne, aux latitudes européennes, il lui faut une demi-heure pour atteindre 6 degrés de " profondeur " et cette première étape est appelée le crépuscule civil. Il arrive à 12 degrés une demi-heure plus tard, ce qui marque la fin du crépuscule nautique et le début du crépuscule astronomique, lequel se termine lorsque le disque solaire franchit la barre des 18 degrés sous l'horizon près de quatre-vingt-dix minutes après son coucher. L'été, l'inclinaison de l'écliptique rallonge la durée des crépuscules. Sous les tropiques, en revanche, l'écliptique étant pratiquement perpendiculaire à l'horizon tout au long de l'année, le Soleil plonge plus vite et les crépuscules sont plus courts.
Le mercredi 5 et le jeudi 6 octobre au crépuscule, une heure après le coucher du Soleil, c'est un croissant de lune bien plus épais que le 3 qui traverse le nord du Scorpion et le sud d'Ophiuchus pour rendre visite à Saturne. La portion nocturne de son globe est éclairée par une superbe lumière cendrée qui dévoile les taches foncées des mers lunaires. Antarès et les étoiles brillantes de ce quadrant céleste sont visibles à l'œil nu dans une atmosphère limpide, mais seule Antarès parvient à s'imposer dans un ciel urbain dégradé par la pollution lumineuse.
Le samedi 8 octobre à la fin du crépuscule, une heure et demie après le coucher du Soleil, un beau quartier lunaire brille à 7 degrés de Mars, dans le Sagittaire. Les principales étoiles de cette constellation dessinent une théière à une quinzaine de degrés de hauteur au-dessus de l'horizon sud-sud-ouest. La planète rouge poursuit sa course vers l'est de l'écliptique et elle s'éloigne du cœur de la Voie lactée, ce qui lui permet de conserver une bonne visibilité dans le ciel du soir. Son éclat orangé diminue ; il est de nouveau positif après plusieurs mois passés à tutoyer les sommets.
Le mardi 11 octobre à l'aube, quarante-cinq minutes avant le lever du Soleil, vous avez l'occasion de saluer le retour de Jupiter et l'au revoir de Mercure. Après sa conjonction du 26 septembre, Jupiter s'est à présent suffisamment écartée de la position apparente du Soleil pour redevenir facilement repérable à l'œil nu avant le jour. Juste à ses côtés, à 0,8 degré seulement, Mercure est sur le chemin du départ après une très belle période de visibilité matinale. Heureusement, l'augmentation régulière de son éclat permet de faire un peu durer le spectacle. Les deux astres sont à quelques degrés de hauteur au-dessus de l'horizon est et ils brillent fièrement dans l'air frais.
Du jeudi 27 au samedi 29 octobre à l'aube, une heure et quart avant l'arrivée de l'astre du jour, suivez la chute du croissant lunaire de plus en plus mince vers l'horizon est-sud-est. Il traverse la moitié occidentale de l'immense constellation de la Vierge et nous offre un très beau rapprochement avec Jupiter. Le vendredi 28, les deux astres sont à moins de 2 degrés de séparation apparente ; ils entrent dans le même champ avec des jumelles, mais aussi avec une lunette ou un télescope utilisé à très faible grossissement. À gauche de la planète, l'étoile Porrima est également visible à l'œil nu. Si la météo est clémente, suivez l'évolution de l'intensité de la lumière cendrée du jeudi au samedi. L'écart angulaire apparent entre le Soleil et Jupiter continue de progresser et il est à présent suffisant pour que nous puissions repérer la planète sans mal à la fin de la nuit, à près de 5 degrés de hauteur. Les amateurs qui possèdent un instrument optique pourront très prochainement reprendre dans de bonnes conditions l'observation des bandes nuageuses de cette géante gazeuse et celle du ballet de ses quatre principales lunes.
Le samedi 29 octobre au crépuscule, une heure après le départ du Soleil, Vénus et Saturne se croisent à plus de 5 degrés de hauteur au-dessus de l'horizon sud-ouest. Elles sont séparées par 3 degrés - la largeur du pouce bras tendu - et brillent au sud de la constellation d'Ophiuchus, tout près de la frontière avec le Scorpion. En fait, puisque nous approchons de la seconde nouvelle lune du mois et que le lampadaire sélène est absent, vous avez la possibilité de voir la Voie lactée se déployer à la verticale au-dessus de ce duo planétaire. À la fin du crépuscule astronomique, soit au moment où Vénus étreint l'horizon, la tranche ouvragée de notre galaxie coupe le bol nocturne en deux. Au-dessus du Sagittaire et d'Ophiuchus, le Triangle de l'été vous entraîne jusqu'au zénith, qui est borné ce soir par l'étoile Deneb du Cygne. Pour sa retombée vers l'horizon nord-est, la Voie lactée est moins généreuse, mais elle traverse les belles figures de Cassiopée, de Persée et du Cocher. Comme d'habitude, il faut s'éloigner des lumières artificielles pour admirer ce spectacle dans le ciel le plus noir possible, mais la France est heureusement riche de ces " arrière-pays " encore propices à l'observation.
Ciel à lire
La quinzième édition de mon livre LE CIEL À L'ŒIL NU arrive dans les librairies. Si vous appréciez mon blog, je pense que ce guide d'observation retiendra votre attention. Il passe en revue, de janvier à décembre 2017, les plus beaux phénomènes célestes accessibles à tous et les agrémente d'images spectaculaires et d'encadrés pratiques, historiques, mythologiques et encyclopédiques. Cliquez sur ce lien pour découvrir ce nouvel ouvrage et réservez-le sans tarder.
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Ciel à écouter
Pour prolonger ce billet sur les plus beaux rendez-vous astronomiques, je vous invite à écouter le podcast d'éphémérides que j'enregistre avec mes confrères David Fossé et Jean-Luc Dauvergne sur Ciel & Espace Radio. Nous parlons pendant une vingtaine de minutes des phénomènes visibles à l'œil nu et avec des instruments plus ou moins importants, en agrémentant notre conversation de conseils pratiques pour les observer et les photographier.
Guillaume Cannat(pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Google+)