Les devoirs du soir au collège ne sont pas seulement un casse tête pour les familles, ils sont aussi et surtout une source d’inégalité criante pour les élèves.
Personne ne peut nier que, en France, la réussite scolaire des élèves au collège, dépend de la qualité de leur travail du soir. Les leçons doivent être comprises et apprises, les exercices doivent être faits. La simple présence en classe, au milieu de 30 élèves, dont beaucoup sont turbulents, ne suffit pas à acquérir les connaissances. Certes, certains ont acquis une belle autonomie qui leur permet de prendre en charge, sans soutien, le travail qu’ils doivent faire, le soir, en rentrant chez eux. Motivés et matures, ces élèves ont compris et accepté dés le primaire une règle du jeu indiscutable. Mais pour une grande majorité d’élèves le soutien d’un adulte dans l’organisation de ce travail du soir est nécessaire. Sinon ils ne le font pas ou mal, et les conséquences ne tardent pas à arriver : notes médiocres ou mauvaises, remarques désagréables des enseignants, perte de confiance en soi, désarroi des parents.
On reçoit souvent ces élèves en consultation : mal dans leur vie de collégien, les résultats en berne, la confiance à zéro, parfois la peur au ventre !
Pour des raisons différentes, ces enfants n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre le besoin impérieux dans notre système scolaire de travailler le soir. De toutes les façons, ils n’y arrivent pas tout seul ! À leurs parents donc, après une journée de travail, de retour chez eux souvent tard, d’assurer ce suivi scolaire. Fatigue en vue et énervement assuré même pour ceux qui ont de la patience et qui sont capables de le faire ! D’autant que les enfants trouvent là un formidable terrain d’opposition et une manière clairement efficace d’occuper le terrain et de se rappeler à leur bon souvenir !
Selon le profil des familles ( famille monoparentale, famille nombreuse, enfant unique, famille recomposée), l’histoire personnelle des parents (leur passé scolaire, leur niveau d’études, le pays où ils ont étudié,) leur rythme de travail, leur état de santé, ce soutien sera efficace ou nul. Les familles favorisées vont chercher des relais pour pallier aux difficultés et vont soutenir leurs enfants par des cours particuliers. Ce qui peut avoir un effet bénéfique Bien sûr, mais peut aussi parfois transformer certains élèves en consommateurs passifs, incapables de réfléchir seul , et désemparés devant la solitude de la feuille blanche.
Pour les familles qui ne peuvent ni assurer personnellement le soutien, ni avoir recours à des aides coûteuses, le risque est immense de voir les enfants sombrer et décrocher.
On est loin, très loin de l’égalité des chances ! C’est d’ailleurs ce que nous rappelle le conseil national de l’évaluation scolaire (Cnesco) soulignant notre triste record : en matière scolaire la France est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE. On préférerait d’autres performances !
Il faudrait donc que les lignes bougent vraiment et que ce travail du soir soit fait, au collège, après les cours, dans un système d’études assistées. C’est la mission que s’est fixée l’association Zupdeco, qui met en relation des étudiants bénévoles avec des élèves en difficultés. Elle intervient déjà, avec succès, auprès d’une centaine de collégiens et lance un manifeste » dites non aux devoirs à la maison, oui aux devoirs à l’école ».
S’il y a bien une cause qui me paraît intéressante à soutenir c’est celle la. Espérons qu’elle sera entendue.
Beatrice Copper Royer
Ce système creuse