La comédie « Papa ou Maman » 2, bien ficelée, bien enlevée, « drôlement » bien jouée par Marina Foïs et Laurent Laffite nous fait bien rire. Et l’on comprend pourquoi ! Comme toutes les bonnes comédies elle grossit à la loupe des situations familales dans lesquelles certains vont se reconnaître ou reconnaître l’un des leurs : divorces, séparations, garde alternée, emprise sur les enfants ou enfants maîtres chanteurs profitant du chaos ambiant, il est clair qu’on est dans l’air du temps.
Moins drôle dans la vraie vie que sur les écrans.
Car pour des enfants, et même si bien sûr ils s’en remettront, et même si leur parents se séparent « correctement », la séparation des parents n’est jamais banale. Les adultes voudraient, pour les rassurer, le leur faire croire, mais cela ressemble plus à une façon de se rassurer eux mêmes. Car ces discours banalisant à outrance musellent les peurs et la tristesse des enfants qui les ravalent et les expriment par des symptômes anxieux : « Papa et maman me disent que c’est pas grave parce qu’ils seront plus heureux » m’explique un enfant de 8 ans qui essaie de s’adapter comme il peut aux changements que cela induit dans son quotidien : déménagement de son père et garde alternée essentiellement. » Mais quand je suis chez Maman j’ai envie de voir Papa et quand je suis chez Papa , Maman me manque ». Et oui, et le fantasme de les voir réunis à nouveau peut durer très longtemps. Certaines séparations sont carrément violentes pour les enfants car ils sont directement l’enjeu du conflit : Tous les psy en sont témoins, on peut assister à des guerres sans merci où le but de la bataille consiste à soustraire l’enfant à l’autre. Et l’enfant, qui a du mal à comprendre la complexité des rapports de couple et ce qui peut se jouer dans une séparation, rallie le parent qui a le plus d’emprise sur lui et s’oppose, parfois avec virulence, au coupable désigné. Une attitude toxique, qui l’empêche de se construire tranquillement et dont il va faire les frais.
Certains adolescents profitent à fond de ces situations où les adultes leur renvoient une image floue de leur autorité et prennent le pouvoir. Comme cette ado de 13 ans qui règle son compte à sa mère en faisant alliance avec son père, complice de cette fronde et trop heureux d’avoir le beau rôle ! Il est fort à parier qu’il ne savourera pas longtemps cette petite victoire, car le jeu de séduction de sa fille finira par la lasser, voire l’angoisser. D’autres deviennent les confidents privilégiés de leurs parents : les rôles s’inversent, ils consolent, rassurent, conseillent des parents déboussolés qui n’ont plus de jugement et ont depuis longtemps perdu de vue que les enfants n’étaient pas des grandes personnes, même quand ils avaient 14 ans !
Drôle d’époque où l’on n’a jamais été aussi attaché à ses enfants mais où paradoxalement on se met bien peu à leur place. Familles sans dessus dessous qui inspirent avec bonheur les différents scénaristes qui en font des comédies à succès, qui nous font rire, ne boudons pas notre plaisir, mais qui sont aussi le reflet d’un tumulte familial dont les enfants peuvent payer le prix fort.
Beatrice Copper Royer.