Dans un article qui vient de paraître, Mathieu Bock-Coté (MBC) n’y va pas de main morte pour qualifier le Canada d’un endroit horrible. Il salit et barbouille le Canada, un pays démocrate où règne la liberté, la justice, la paix, l’avant-gardisme, une haute qualité de vie et qui fait l’envie du monde.
Voici certains des qualificatifs avec lesquels MBC le décrit : « le Canada est une immense absurdité », « un régime fondé sur la négation de la nation québécoise », « la subordination qui pèse sur notre peuple dans le régime canadien », « ce pays fondamentalement étranger pour eux (les Québécois) », nous sommes « seulement un pion dans le jeu canadien », « l’effacement du Québec à Ottawa », « à Ottawa, on traite le Québec comme une province parmi d’autres », le « nationalisme québécois comme un résidu historique », « absurde et humiliant pour un peuple comme le nôtre à exister dans l’espace réduit que le Canada lui laisse », « nous sommes structurellement minoritaires et subordonnées », « ce pays artificiel », « le laboratoire de la postmodernité la plus délirante », « une anomalie historique et politique », « la constitution nous nie », « programme notre dissolution dans le paramètres d’un multiculturalisme extrême », « nous transforme en étrangers chez nous », ce qui est absurde c’est « d’y demeurer aux conditions insensées qu’il nous impose », « le Canada n’est pas notre pays et à moins de consentir à une forme de suicide national, il ne le sera jamais »… Mathieu Bock-Coté est une jeune homme talentueux, cultivé, sociologue, chroniqueur, chargé de cours aux HEC et profondément séparatiste. Il aime les Québécois francophones, les autres pas sûrs. Quotidiennement, ou presque, il écrit ou parle contre le Canada et pour le Québec. La majorité de ses articles sont teintés de cette haine anti-canadienne qui l’enivre. Il dépasse souvent les limites du réel, du bon sens, et est porté à exagérer ce qui le porte à dire n’importe quoi pour dénigrer le Canada comme le démontre bien cet article que je commente aujourd’hui.La formation du Canada fut logique. Elle découla de longues années de conflits entre l’Angleterre et la France. C’est la conséquence du peu d’intérêt que les rois de France eurent pour la Nouvelle France et du grand intérêt que les Britanniques eurent pour l’Amérique. En effet, l'immigration de l'Ancienne à la Nouvelle-France fut composée d’à peine 15 000 Français et Françaises qui ont fait voile en direction du Canada au XVIIe siècle, et près des deux tiers d'entre eux n'ont fait qu'un séjour temporaire dans la colonie avant de retourner définitivement en France ou de mourir au Canada à l'état de célibataire. Les francophones du Canada descendent de seulement 4 500 immigrants français qui ont eu un fils qui se soit marié. C'est très peu. Par contre, avec une population dépassant à peine le tiers de celle de la France, les îles britanniques auraient envoyé au Nouveau Monde près de 380 000 immigrants durant la même période. Si la France avait envoyé, proportionnellement à sa population, plus d’immigrants et de soldats au Canada, elle aurait pu triompher dans ses conflits avec les anglais et l’Amérique serait probablement, aujourd’hui, française.
Le Canada, c’est l’entente finale entre les deux nations, française et anglaise, qui apporta la paix et le développement de ses nouvelles terres du nord de l’Amérique.Ce n’est pas une négation de la nation française mais une reconnaissance des nations en présence et de l’importance qu’elles soient gouvernées par un gouvernement uni dans lequel chacune participerait. Malgré de nombreux conflits et frictions que l’on peut qualifier de normaux, le Canada est un grand succès et non pas une anomalie historique et politique.Les deux grandes nations sont toujours-là sur l’immense territoire canadien et, avec les nouveaux venus, ils sont près de 40 millions. La nation française, moins nombreuse, vit surtout au Québec avec 6,7 millions d’individus alors qu’un million de francophones vivent hors Québec. Au Canada, les francophones sont près de 20% de la population. La nation anglaise occupe majoritairement les autres provinces et 8% de la population québécoise est anglaise de naissance. Aujourd’hui, le Québec représente 22,9% de la population canadienne.
Malgré cette différence importante dans les chiffres, un Québécois a été premier ministre du Canada plus longtemps qu’un canadien hors-Québec depuis le début de la Confédération. Aujourd’hui, encore, c’est Justin Trudeau, un des nôtres, qui est premier ministre et une part importante de ses ministres principaux sont québécois et francophones. Le Québec n’est donc pas qu’un pion dans le jeu canadien, n’est pas effacé à Ottawa, bien au contraire. Les entreprises québécoises, les consultants en génie, informatique, et autres, travaillent et réussissent partout au pays sur une base égale. Il n’y a pas de négation de la nation québécoise (pour MBC la nation francophone du Québec). De plus, un très grand nombre de Québécois maitrise bien les deux langues du pays contrairement aux anglophones. Dire que comme Québécois, nous somme minoritaires, subordonnés, c’est du délire ! Le nationalisme Québécois n’est pas le séparatisme. Un nationaliste est un fier individu qui œuvre partout au pays mais qui en tout temps se rappelle l’histoire de son pays et assure que sa nation maintient sa place dans toutes situations, en étant présent et actif. C’est ainsi pour tout le monde sur la planète. Les vrais nationalistes ne chialent pas, ils agissent. Le Québec a toujours su garder sa force politique au pays grâce à des personnages politiques francophones et nationalistes qui comprenaient ces principes élémentaires et gouvernaient en conséquence, tels Honoré Mercier, Henri Bourassa, Maurice Duplessis, Jean Lesage, René Lévesque et autres. Grâce à eux et d’autres, la nation française au Québec ne s’est pas dissoute mais a progressé.
Le Canada est le deuxième pays le plus grand au monde, après la Russie. Un Québécois à Victoria en Colombie Britannique et un Albertain à Chicoutimi au Québec se ressentent quelque peu comme des étrangers car la langue et le mode de vie sont différents, même si les services offerts par le gouvernement du Canada sont bilingues et les mêmes pour tous. Mais après quelques jours, chacun s’acclimate et apprécie son nouvel environnement... Le Québec, n’est pas un espace réduit mais un territoire 14 fois grand comme la France.
De plus, le Québec est une terre d’immigration. Depuis plus d’un siècle, il accueille des peuples en détresse venant d’Europe, d’Afrique, d’Asie ou des Amériques. Ces gens se sont installés près de nous, ont élevé des familles et ont bâti avec nous le Québec et le Canada. Ils ont appris notre langue, l’ont transmise à leurs descendants et ont participé à notre développement. Le Québec est multiculturel comme le Canada et chacun s’en porte bien. L’ajout de nouveaux venus est loin d’avoir été extrême car ils se sont bien intégrés dans notre société. Juifs, Irlandais, Écossais, Gallois, Français, Maghrébins, Indiens, Polonais, Lithuaniens, Africains, Vietnamiens, Haïtiens, Sud-américains et tous les autres n’ont pas fait de nous des étrangers au Québec ou dans notre propre pays car leur intégration a été bien réussie. Le Canada décide de ce qui va de l’intérêt national et les pouvoirs touchant directement l’individu sont la responsabilité des provinces. La constitution n’est pas insensée et ne nous nie rien car elle tient compte de notre nation française et du Québec. Par exemple, c’est le Québec qui décide du nombre d’immigrants que nous accueillons annuellement. Les 37 000 nouveaux venus par année au Québec sont un apport important et essentiel à notre économie. Tous ceux qui sont arrivés durant les dernières décennies ne nous ont pas appauvris, n’ont pas pris nos places, bien au contraire. Ils ont renforcé notre société, notre milieu de travail, notre économie et nos vies en s’y intégrant et en y ajoutant la richesse de leurs traditions, de leur langue, de leurs expériences et de leurs capacités.
Aujourd’hui, avec les moyens de communications extraordinaires qui sont à notre portée, nous devenons non seulement de meilleurs citoyens du Québec et du Canada mais du monde puisque les différences entre nous s’amenuisent et nous comprenons de mieux en mieux le mode et la qualité de vie des autres dans leur pays. Et avec le temps ce sera encore mieux. Le Canada est qualifié souventes fois de « meilleur pays au monde » et le décrire comme artificiel est injuste, mesquin et blessant. Le Canada est mon pays, le Québec est ma patrie et j’ai la chance d’y vivre. J’en suis heureux et fier !
Claude Dupras